Bronchiolite du nourrisson : quelle prise en charge ?

Publié le , actualisé le

Par Patricia Guipponi

Temps de lecture estimé 9 minute(s)

Illustration
© Getty Images

Redoutée par les jeunes parents quand arrive l’hiver, la bronchiolite touche chaque année près d’un nourrisson sur trois. Ses symptômes peuvent être impressionnants. Toutefois, cette infection virale est le plus souvent bénigne. La campagne d’immunisation 2023-2024, qui a débuté le 15 septembre, se déroule jusqu’au 31 janvier.

Chaque hiver en France, la bronchiolite touche près d’un jeune enfant sur trois. Bénigne dans la grande majorité des cas, cette pathologie respiratoire peut toutefois conduire à une hospitalisation. « Il faut surveiller les très jeunes nourrissons de moins de deux mois, plus fragiles », alerte le Professeur Christèle Gras-Le Guen, cheffe de service des urgences pédiatriques et pédiatrie générale au CHU de Nantes. La bronchiolite est la première cause d’hospitalisation des enfants de moins d’un an. Chaque année, 2 à 3 % d’entre eux sont hospitalisés pour ce motif.

Qu’est-ce que la bronchiolite ?

La bronchiolite est une maladie respiratoire très fréquente chez l’enfant de moins d’un an. Elle a pour origine le virus respiratoire syncytial (VRS) qui provoque une inflammation des bronchioles (ramifications des bronches) chez les très jeunes enfants. Chez les adultes et les grands enfants, ce virus passe le plus souvent inaperçu ou n’entraîne qu’un simple rhume. De ce fait, il est très contagieux. En effet, beaucoup de personnes le transportent et le transmettent sans le savoir.

Saisonnière, mais pas sans risque

La bronchiolite est une épidémie saisonnière. Elle débute généralement à la mi-octobre, atteint un pic en décembre et se termine à la fin de l’hiver. De mi-novembre à fin décembre, des milliers d’enfants sont hospitalisés en France pour une bronchiolite, dont plusieurs centaines en soins critiques. « C’est une maladie bien prise en charge dans notre pays. Les décès sont très rares», souligne le Professeur Gras-Le Guen.

L’hiver 2022-2023, l’épidémie de bronchiolite a été particulièrement intense, comme l’a rapporté Santé Publique France dans son bilan annuel de surveillance. Elle a commencé dès la première semaine d’octobre et s’est achevée vers le 22 janvier avec un pic du 28 novembre au 4 décembre. On a dénombré près de 95 000 passages aux urgences d’enfants de moins de 2 ans (contre moins de 77 000 en 2021-2022) et près de 34 000 hospitalisations après ces passages.

Comment protéger son bébé de la bronchiolite ?

Pour éviter qu’un enfant attrape la bronchiolite, des gestes simples s’imposent : se laver très régulièrement les mains, nettoyer les tétines, jouets et « doudous », porter un masque quand on est enrhumé… « Je conseille aux jeunes parents dont l’enfant naît en période d’épidémie hivernale, dès la sortie de maternité et pendant les deux ou trois premiers mois de leur bébé, de limiter les visites aux adultes très proches, non malades, et dans la mesure du possible d’éviter les endroits où il y a beaucoup de monde : transports en commun, supermarché, restaurant, grandes fêtes de famille… », insiste la pédiatre.

Depuis le 15 septembre 2023, un nouveau traitement préventif peut être administré par un médecin, un infirmier ou une sage-femme, aux nouveau-nés et aux enfants de moins d’un an. Il se présente sous la forme d’une dose injectable. Une seule injection suffit et la durée de protection est d’au moins cinq mois. Il est recommandé de procéder à l’injection avant le début de l’épidémie et avant la sortie de la maternité pour les nouveau-nés.

Cette innovation thérapeutique s’appelle « nirsevimab » (nom commercial Beyfortus). « C’est un anticorps monoclonal qui bloque le processus de pénétration cellulaire du virus. Les formes les plus graves de la maladie sont ainsi limitées », indique le Professeur Gras-Le Guen. Ce traitement préventif n’est pas un vaccin mais un anticorps. Cela veut dire que le système immunitaire n’a donc pas besoin d’en produire comme en cas de vaccination. « Il protège quasi immédiatement les enfants immunisés ».

Mais attention, l’adhésion des parents à ce traitement a été très supérieure à ce qui était attendu. « Sa distribution en officine a été temporairement suspendue au profit des maternités et services de pédiatrie des établissements de santé. Les nouveau-nés quittant la maternité sont prioritaires pour l’immunisation », confie la pédiatre. Un réapprovisionnement est prévu prochainement. Le traitement sera alors à nouveau disponible en pharmacie sur ordonnance et pris en charge sans avance de frais. La campagne d’immunisation 2023-2024, qui court depuis le 15 septembre, se déroule jusqu’au 31 janvier.

Comment reconnaître une bronchiolite ?

Les symptômes de la bronchiolite sont très typiques. Le nourrisson a d’abord le nez qui coule, parfois le nez un peu bouché. Il se met ensuite à tousser. « Dans certains cas, le jeune enfant développe une gêne respiratoire. Sa respiration devient alors rapide et sifflante. On voit le thorax se creuser entre les côtes », décrit la pédiatre. À ce stade de la maladie, l’enfant peut avoir du mal à s’alimenter. « Il a parfois de la fièvre, jusqu’à 39 °C, mais pas toujours ». Les symptômes s’atténuent ensuite d’eux-mêmes. Ils disparaissent au bout de dix jours en moyenne. Une toux résiduelle peut parfois persister jusqu’à 4 semaines.

Ces symptômes sont le signe d’une bronchiolite quand il s’agit du premier épisode chez un enfant de moins d’un an. « Devant un deuxième épisode rapproché chez le nourrisson de moins de 12 mois, il sera nécessaire d’envisager d’autres diagnostics, de prendre en compte d’autres paramètres tels que l’âge, les antécédents (asthme, allergies), les symptômes associés », rapporte la Haute autorité de Santé dans ses recommandations de bonnes pratiques.

Quelles différences avec la bronchite et le Covid ?

Quant à savoir ce qui différencie une bronchiolite d’une bronchite, la pédiatre répond : « Il n’y a pas de gêne respiratoire en cas de bronchite mais juste une toux ».

Le Covid-19 peut se présenter avec le même tableau clinique. « La prise en charge reste la même. Nous avons vu plusieurs enfants qui présentaient les signes d’une bronchiolite et avaient aussi le SARS-CoV2, sans qu’il soit possible d’évaluer la responsabilité de chaque virus dans les symptômes observés. Ces formes n’étaient pas plus graves que celles habituellement rencontrées avec le virus respiratoire syncytium (VRS) seul ».

Une maladie le plus souvent bénigne

La plupart du temps, la maladie guérit d’elle-même. Mais le temps de guérison (une dizaine de jours en moyenne) peut paraître très long pour les parents. D’autant plus que cette infection, pénible pour l’enfant, perturbe la respiration. « Pour la grande majorité des enfants de plus de deux mois, l’évolution est bénigne, rassure le Professeur Gras-Le Guen, même si les symptômes peuvent persister plus d’une semaine et sont pénibles pour l’enfant et son entourage ».

Certains signes sont toutefois à surveiller, surtout dans les 48 premières heures de symptômes respiratoires, période pendant laquelle l’état de santé du nourrisson est susceptible de s’aggraver. Ainsi, il est conseillé aux parents de consulter un médecin (pédiatre ou médecin traitant, maison médicale de garde, SOS médecin selon les cas) pour confirmer le diagnostic et évaluer la gravité de l’infection.

Si les enfants âgés de moins de 6 mois peuvent être admis directement aux urgences et sont le plus souvent gardés en observation quelques heures, les autres enfants doivent éviter les urgences surchargées à cette période de l’année et qui doivent être réservées aux cas les plus graves.

Il faut également consulter si l’enfant :

  • semble fatigué, moins réactif ou au contraire très agité ;
  • a une respiration qui est devenue plus rapide, qu’il creuse son thorax ;
  • boit moins bien sur plusieurs repas consécutifs malgré les désobstructions du nez.

Lavage de nez et aération des pièces

En dehors des signes de gravité et/ou d’une fragilité initiale (enfant de moins de deux mois, prématurité, maladie chronique, enfant immunodéprimé, tabagisme passif…), la bronchiolite est une maladie dont le suivi se fait « en ville », et plus précisément par le médecin habituel de l’enfant.

Quant à la prise en charge, elle repose surtout sur les parents. Pour aider l’enfant à mieux respirer, ils doivent procéder à des lavages de nez réguliers, à faire plusieurs fois par jour. Ils doivent également veiller à bien aérer et maintenir la température de la pièce à 19 °C, et à ce que personne ne fume dans la même pièce.

Enfin, quand l’enfant éprouve des difficultés à s’alimenter (par exemple, à cause des vomissements liés à la toux), il est recommandé de fractionner les repas, c’est-à-dire de proposer la nourriture plus souvent mais en plus petites quantités.

Bronchiolite chez l’enfant de moins de 6 semaines : direction les urgences

Lorsque l’enfant a moins de 6 semaines, qu’il a le nez qui coule, qu’il tousse et/ou a de la fièvre, il faut aller aux urgences pédiatriques. Avant l’âge de 6 semaines, le nourrisson est en effet plus fragile, il se fatigue plus vite et a moins de réserves pour faire face aux problèmes d’alimentation.

« À l’hôpital, il sera pris en charge pour passer le cap "aigu" de la maladie le plus confortablement possible », décrit la chef de service des urgences pédiatriques et pédiatrie générale au CHU de Nantes. Elle voit passer chaque année plusieurs centaines d’enfants hospitalisés pour une bronchiolite, en grande majorité des très jeunes enfants âgés de moins de 2 mois.

La prise en charge à l’hôpital est symptomatique. « On ne dispose pas de traitement spécifique contre le virus. On prend en charge de manière plus générale les symptômes de la maladie. En cas de gêne respiratoire, on apporte de l’oxygène au nourrisson, voire une assistance respiratoire. S’il a du mal à s’alimenter, on peut être amené à lui apporter directement le lait dans l’estomac à l’aide d’une sonde.

En cas de fièvre et/ou douleur, on lui donne du paracétamol. Et en cas de surinfection bactérienne (ce qui est assez rare), on donne un traitement antibiotique », décrit la pédiatre. La durée moyenne d’hospitalisation pour une bronchiolite est entre deux et cinq jours. « Le temps de passer le plus dur de la maladie », conclut le médecin.

Pour en savoir plus :

 

Ni kiné respiratoire, ni médicaments

Pendant longtemps, bronchiolite rimait avec séances de kinésithérapie respiratoire. « Ce n’est plus recommandé depuis 2019 en France. Nous étions quasiment les seuls au monde à utiliser cette approche », commente le Professeur Gras-Le Guen, chef de service des urgences pédiatriques et pédiatrie générale au CHU de Nantes. La Haute autorité de Santé (HAS) est d’ailleurs claire sur ce point. Pour un premier épisode de bronchiolite chez l’enfant de moins de deux ans, les traitements médicamenteux ou kinésithérapiques ne sont pas recommandés.

Côté médicament, la HAS précise que « les bronchodilatateurs, l’adrénaline, le sérum salé hypertonique n’ont pas d’indication dans cette maladie. L’antibiothérapie doit être réservée aux cas rares de surinfection bactérienne ». Elle pointe par ailleurs « les sirops antitussifs et les fluidifiants bronchiques qui, eux, sont contre-indiqués ».

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Ce site utilise un système anti- spams pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

A découvrir