Cancers masculins : le diagnostic précoce, pour qui, pour quoi ?

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Par Géraldine Langlois

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Il n'existe pas de dépistage organisé des cancers de la prostate et des testicules. Mais une démarche de diagnostic précoce dont les hommes doivent connaître les tenants et aboutissants pour faire les bons choix.

Le cancer de la prostate, le plus fréquent chez l'homme, est aussi la troisième cause de mortalité par cancer chez l'homme. « Nous avons la certitude que plus la maladie est prise en charge précocement, meilleures sont les chances de guérison », souligne le Pr Arnaud Méjean, chef du service d’urologie à l’hôpital européen Georges Pompidou (Paris) et responsable du comité « cancérologie » de l’Association française d'urologie.

Diagnostic précoce

Il n'existe pas de dépistage organisé de ce cancer, sur le modèle de ce qui existe pour le cancer du sein ou du côlon, par exemple. Mais les médecins disposent d'outils pour réaliser un diagnostic précoce, observe le Pr Laurent Salomon, urologue au CHU Henri Mondor (Créteil). Il consiste en un toucher rectal qui peut être réalisé par un médecin généraliste et une prise de sang qui vise à mesurer le taux d'antigène spécifique de la prostate (PSA), un « marqueur assez fiable de l'activité prostatique et donc de cancer », précise le Pr Méjean. Si les résultats montrent une anomalie du fonctionnement de la prostate, le médecin prescrira une biopsie, suivie ou précédée d'une IRM. Les résultats de ces examens permettront de poser le diagnostic.

La simplicité de ces examens ne signifie pas que tous les hommes doivent les subir, soulignent les deux médecins. Au contraire, l'Association française d'urologie recommande que la question du dépistage précoce soit posée lors d'un « entretien transparent entre patient et médecin sur les modalités de ces examens » et les suites d'un éventuel diagnostic, ajoute Arnaud Méjean.

Au cas par cas

Tout d'abord, le diagnostic précoce « ne devrait concerner que les hommes entre 50 et 75 ans », précise le Pr Salomon. En revanche, les examens doivent être systématiquement proposés, à partir de 50 ans, à ceux qui ont au moins deux antécédents de cancer de la prostate autour d'eux (père, frère, oncle) ou qui sont issus de familles afro-antillaises, statistiquement plus exposées à ce type de cancer. Le dosage du taux de PSA réalisé à 60 ans permet aussi, ajoute-t-il, d'écarter toute suspicion de cancer pour la suite.

Lors de l'entretien médical, qui peut être suscité par le médecin comme par le patient, toutes les hypothèses devront être abordées, ajoute le Pr Méjean, notamment le fait que des examens laissant soupçonner un cancer ne seront pas forcément suivis d'un traitement. Dans certains cas de cancers moins agressifs, en effet, une simple surveillance active (avec de nouveaux examens sanguins et d'imagerie réalisés régulièrement) peut être plus adéquate. Cela évite ainsi de traiter des cancers qui n'ont pas besoin de l'être et d'épargner aux hommes des traitements parfois lourds.

Cancer des testicules

Autre pathologie masculine, le cancer des testicules concerne beaucoup moins d'hommes mais le nombre de cas a doublé depuis les années 1980, souligne Laurent Salomon. Il ne fait pas l'objet non plus d'un dépistage organisé. Ce cancer concerne quasi exclusivement les hommes entre 20 et 30 ans et ceux de plus de 60 ans. Selon Arnaud Méjean, « il doit être recherché chez les patients ayant des antécédents de cryptorchidie testiculaire (absence ou mauvais positionnement d'un testicule, NDLR) ». Un facteur de risque clairement identifié, même si des facteurs environnementaux sont peut-être en cause.

Le diagnostic peut être établi très simplement, lors d'un simple examen clinique, la palpation. L'Association française d'urologie recommande donc aux médecins de la proposer aux hommes potentiellement concernés lors de n'importe quelle consultation. « C'est un cancer que l'on traite très bien, ajoute le Pr Salomon. Le traitement permet de guérir 96 % des patients concernés. »

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