Cancer : comment un centre Ressource peut vous aider ?

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Par Nathania Cahen

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Il existe en France sept centres Ressource pour le cancer, des lieux où l’on se préoccupe du malade plutôt que de la maladie. Où les soins de l’âme comptent autant, sinon plus, que les soins du corps.

Le premier centre Ressource cancer a été créé à Aix-en-Provence en 2005. L’initiative en revient à un oncologue médical, Jean-Loup Mouysset (notre photo). Encore étudiant, il voyait dans les traitements une grande violence physique et psychologique, « parce qu’on se retrouve confronté à la fragilité de notre condition humaine et à la possibilité de la mort ». Il mûrit dès lors son projet de tiers lieu où reprendre des forces, où les malades comme leur entourage pourraient trouver du soutien.

Sa rencontre, décisive, avec le psychiatre américain David Spiegel, en 1995, se prolongera par un stage de six mois à l’université de Stanford pour approfondir la psychothérapie de groupe « soutien-expression ». Un groupe de parole thérapeutique basé sur l’expression des émotions, le soutien et la solidarité. Quelques années plus tard, Jean-Loup Mouysset crée l’association Ressource. « Car sa vocation est de permettre à ceux qui viennent de devenir leur propre ressource. Et le principe est de se focaliser sur le malade et non sur sa maladie ».

Pas un établissement médical

Un centre Ressource n’est pas un établissement médical, mais un lieu où l’on trouve une écoute, des groupes de parole, des soins esthétiques, une bibliothèque, des ateliers bien-être (yoga, sophrologie, art-thérapie, tai-chi, aquagym…), entre autres.

Celui d’Aix-en-Provence est un des plus grands avec, depuis 2011, un local de 900 m2 avec piscine, hammam, cuisine, différentes salles pour les ateliers. À raison d’une demi-journée par semaine, ce sont aujourd’hui quelque 150 intervenants bénévoles qui s’y relaient : psychologue, médecin du travail, assistante sociale, hypnothérapeute, ostéopathe, professeur de chant, de danse, esthéticienne… « Nous accordons beaucoup d’importance aux soins de bien-être », souligne le Dr Mouysset.

Pour les malades et les aidants

Qui peut bénéficier du programme Ressource ? Des personnes touchées par le cancer, pendant et souvent après le traitement. Mais aussi les aidants, parfois très éprouvés (pour un malade, c’est en moyenne quatre proches impactés). Ce soutien est accessible à tous, sans condition financière, quel que soit le type de cancer, sans être rattaché à un établissement de santé particulier. Le modèle est solidaire, la participation est libre. « Nous conseillons 40 euros par mois, certains donnent davantage, ceux qui n’ont pas les moyens ne donnent rien », explique le médecin. Le budget de l’association repose à 80 % sur des dons et aides privés ainsi que des entreprises ou associations des régions concernées.

À Aix-en-Provence, il y a entre 800 et 1 000 inscrits chaque année. Chaque nouvel adhérent est reçu lors d’un entretien qui permettra de définir de quoi il a besoin, d’équilibrer les thématiques (nutrition, image de soi, détente-relaxation, activités physiques, activités manuelles) pour établir un programme personnalisé, autour duquel les différents thérapeutes se coordonnent.

Depuis 2015, d’autres centres Ressource ont ouvert leurs portes : Montélimar (30), Saint Avold (57), Montauban (82), Lyon, Reims (51), Marseille (ouvert en 2019 par deux anciennes patientes d’Aix-en-Provence) et Gap (04) à venir en 2020.

Le Programme Personnalisé d’Accompagnement Thérapeutique (PPACT)

Le programme personnalisé d’accompagnement thérapeutique (PPACT) se suit sur une année, avec des séances hebdomadaires les quatre premiers mois, mensuelles ensuite. Une séance dure une demi-journée avec, durant les deux premières, un atelier connaissance et savoir-faire (sur la maladie, la gestion du stress, l’alimentation, la communication pour améliorer la relation médecin-patient et la qualité du soutien social).

Le second temps prenant la forme d’une thérapie de groupe de type soutien/expression.

Les résultats et la portée de tels programmes d’accompagnement sont incontestables. Sur ce point, le Dr Mouysset renvoie volontiers à sa consœur américaine Barbara Andersen qui a étudié la relation entre cancer et état psychologique.

Son équipe a suivi 227 femmes atteintes d’un cancer du sein, séparées en deux groupes. Le premier a reçu un traitement médical et un suivi psychologique habituels alors que l’autre groupe a bénéficié en plus d’un programme d’éducation nutritionnelle, d’exercices physiques et d’une thérapie comportementale et cognitive avec gestion du stress pendant un an. Onze ans après la fin de l’expérience, les femmes ayant suivi ce programme intensif ont vu le risque de récidive diminué de 50 % et le risque de mortalité diminué de 68 %.

En savoir plus

Deux ouvrages de Jean-Loup Mouysset : Efficacité de l’Accompagnement thérapeutiques. Des patients témoignent (2014) et Devenir acteur de sa guérison grâce à l’accompagnement thérapeutique (2014) aux éditions Mosaïque-Santé

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