Cancer du sein : quels sont les traitements ?

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Par Anaïs Daniel

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Que ce soit pour guérir, réduire les risques de récidive ou améliorer la qualité de vie, il existe plusieurs traitements contre le cancer du sein. Chaque patient bénéficie d’un parcours de soins le plus personnalisé possible.

Il n’y a pas un cancer du sein mais plusieurs. Chaque cancer dépend du profil de la patiente ou du patient. Plusieurs critères sont à considérer : l’endroit où le cancer est situé, son étendue, son agressivité (ou grade) et les caractéristiques spécifiques au cancer.

Il est aussi important de distinguer les cancers localisés (in situ ou infiltrant) des métastatiques. Dans le cas du cancer métastatique, les cellules tumorales ont migré pour atteindre d’autres zones du corps.

Trois types de traitements contre les cancers du sein

En plus des critères propres au cancer, les traitements doivent tenir compte du profil de la personne : ses antécédents personnels et/ou familiaux, son âge et son état de santé général.

Le traitement doit être le plus adapté possible à la personne. « On ne traite pas un cancer mais un patient. Prendre seulement en charge la pathologie est un non-sens », affirme le Dr Olivier Trédan, oncologue médical au Centre Léon Bérard à Lyon.

Il existe trois types de traitements : la chirurgie, la radiothérapie et les traitements médicamenteux. Parmi ces derniers, on trouve la chimiothérapie, l’hormonothérapie et les traitements ciblés.

La chirurgie est proposée de manière presque systématique. Cet acte consiste à opérer la personne pour retirer la tumeur. Dans la mesure du possible, les médecins s’efforcent de proposer des chirurgies conservatrices (tumorectomie). Lorsque la conservation mammaire est impossible, on procède à une ablation du sein, aussi appelée mastectomie.

Dans le cas d’une chirurgie non conservatrice, le sujet de la reconstruction mammaire devra être abordé avec l’équipe médicale. La reconstruction est parfois réalisée en même temps que l’intervention chirurgicale.

La radiothérapie est aussi très fréquente et peut être utilisée en complément de la chirurgie. Elle fait appel à des rayonnements pour détruire les cellules cancéreuses.

Pour les traitements médicamenteux, les molécules prescrites, les doses ainsi que la fréquence sont adaptées à chaque personne. Chaque traitement peut provoquer des effets secondaires. La chimiothérapie en présente plusieurs, parmi lesquels la chute des cheveux, des nausées et parfois des vomissements. Elle peut aussi entraîner une baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes qui sont donc à surveiller.

Le cancer du sein métastatique : privilégier le bien-être de la personne

Les cancers du sein avec métastases sont plus fréquemment traités à base de médicaments. Ils se distinguent des cancers localisés car la guérison n’est pas visée.

« Dans le cas d’un cancer du sein métastatique, on essaye de privilégier le confort de vie car les traitements n’ont pas un objectif curatif », explique le Dr Florian Clatot, oncologue médical au Centre Henri Becquerel à Rouen.

De nombreuses personnes atteintes d’un cancer du sein avec métastases peuvent néanmoins vivre avec. Au bien-être des patients s’ajoute alors un deuxième objectif : celui d’allonger la durée de vie. « Aujourd’hui, on peut vivre plus longtemps avec des métastases, ça devient une maladie chronique », indique le Dr Carine Segura-Djezzar, oncologue médicale au Centre François Baclesse à Caen.

Les thérapies possibles dans les cas de cancer du sein triple négatif

Le cancer triple négatif fait partie des cancers du sein qui métastasent rapidement. Il représente 15 à 20 % des cancers du sein et touche surtout les jeunes femmes. Si peu de traitements sont proposés pour lutter contre, un médicament nommé Trodelvy a récemment été mis au point.

Sans être miraculeux, il permet d’augmenter l’espérance de vie des personnes. Il s’agit d’une chimiothérapie, couplée à un anticorps. « Cet anticorps fait office de cheval de Troie. Cela permet à la chimiothérapie de se concentrer dans la cellule cancéreuse. Le médicament présente donc des effets secondaires, mais en un peu moins fort car la concentration est plus importante dans les cellules cancéreuses », explique le Pr Mahasti Saghatchian, oncologue à l’hôpital américain de Paris.

En ciblant directement le cancer, le Trodelvy fait disparaître ses symptômes plus vite.

Quelques femmes ont eu accès à ce traitement via des autorisations temporaires d’utilisation, avant sa mise sur le marché. Malheureusement, le traitement a été brutalement retiré en France : la production du laboratoire américain Gilead est insuffisante pour approvisionner le pays. Des centaines de personnes restent aujourd’hui en attente de traitement.

« C’est dramatique car on est démuni. Il faut saluer l’énergie des Triplettes qui se sont mobilisées et qui ont beaucoup milité. Il y a une très forte solidarité entre patientes, oncologues et associations. On se rend malheureusement compte de la puissance des laboratoires pharmaceutiques aux États-Unis », regrette le Pr Mahasti Saghatchian.

L’immunothérapie laisse espérer un nouveau traitement prometteur

En parallèle, la recherche laisse espérer de futurs traitements encourageants. Pour les femmes atteintes d’un cancer triple négatif, l’immunothérapie présente un espoir assez important. Le traitement consiste à aider le système immunitaire à lutter contre le cancer.

« Il y a une immunothérapie en particulier qui paraît prometteuse. Mais il faut attendre la fin de l’étude pour que le traitement soit disponible », éclaire le Dr Florian Clatot, oncologue médical au Centre Henri Becquerel. « Dès que le laboratoire aura les résultats, on mettra en place un accès précoce pour les patientes », précise le Pr Saghatchian.

Discuter avec son médecin des thérapies alternatives contre un cancer

Confrontées à un cancer, de nombreuses personnes se tournent vers des méthodes alternatives. Utilisées en complément des traitements conventionnels, certaines peuvent être dangereuses et réduire l’efficacité des traitements, voire augmenter leur toxicité. Les compléments alimentaires, par exemple, peuvent altérer les traitements comme la chimiothérapie.

« Il faut prendre des précautions avec les thérapies alternatives comme la phytothérapie. Je dis à mes patients de ne rien prendre sans m’en parler et je vérifie que les interactions sont bien compatibles avec les traitements », prévient le Dr Carine Segura-Djezzar, oncologue médicale au Centre François Baclesse.

Si les médecins mettent en garde les patients, leur discours n'est pas toujours entendu par les personnes qui se détournent totalement des traitements conventionnels.

« Il y a des patients qui refusent la chimiothérapie ou la chirurgie et qui choisissent des traitements qui ne reposent sur rien du tout. Certains pays présentent des pratiques beaucoup plus souples dont l’efficacité n’est pas du tout prouvée et qui sont souvent toxiques », avertit le Pr Mahasti Saghatchian.

Des soins de support pour soutenir les patients

Pour rétablir la confiance dans la médecine conventionnelle tout en laissant la place à des traitements complémentaires, les médecins s’appuient sur les soins de support.

Ceux-ci répondent à plusieurs critères : la prise en charge des séquelles dues au cancer ou aux effets secondaires des traitements, l’amélioration de la qualité de vie et l’allongement de la durée de vie.

D’après le Dr Carine Segura-Djezzar, « les patients sont parfois très angoissés parce qu’ils ne sont pas assez informés. Il faut trouver les moyens de répondre à leurs angoisses. L’information est aussi un soin : cela fait partie des missions du médecin ».

L'équipe de soins qui entoure les patients est à même de leur proposer ces soins de support, afin de traiter l’anxiété, la douleur ou la fatigue. Elle peut aussi faire le relais auprès des associations qui soutiennent les personnes atteintes d’un cancer.

L’accompagnement des patients ne s'arrête pas après la maladie. « On prépare l’après cancer. La maladie peut entraîner des séquelles physiques, biologiques, professionnelles, familiales, cognitives », observe le Dr Olivier Trédan, oncologue médical au Centre Léon Bérard. Pour y remédier, un plan de l’après cancer est remis aux personnes. Il prévoit un programme personnalisé, aussi bien dans le champ médical que social.

* Le collectif Mobilisation Triplettes réunit des femmes touchées par un cancer du sein triple négatif. Ses membres œuvrent à sensibiliser à ce type de cancer et se battent pour l’accès au Trodelvy en France.

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