Maladies et traitements
Un centre pour réapprendre à manger et à bouger
Publié le
Par Cécile Fratellini
Temps de lecture estimé 4 minute(s)
Ils ont entre 8 et 18 ans. Ils sont là depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois en internat. À quelques encablures du village de Marvejols en Lozère, soixante enfants et adolescents sont accueillis au sein de l’établissement de soins de suite et de réadaptation (SSR) d’Antrenas* pour le traitement de l’obésité. Tous ont un projet de soins personnalisé. Avec au menu : activité physique, alimentation équilibrée, scolarisation, éducation thérapeutique…
« La prise en charge est globale dans un environnement serein. Ces jeunes sont en conflit avec leur corps et ils doivent apprendre à l’aimer », explique le Dr Xavier Lacombe, un des médecins généralistes du centre.
37 centres spécialisés
37 centres sont spécialisés dans la prise en charge de l’obésité. À ceux-là s’ajoutent des établissements de soins de suite et de réadaptation comme celui d’Antrenas qui travaillent en partenariat avec les centres régionaux spécialisés obésité afin d’augmenter les propositions de soins.
Pas de poids idéal
Personne ne leur fixe un poids idéal à atteindre. Mais un travail est réalisé sur l’IMC (indice de masse corporelle) et sur la courbe de poids qu’il faut au moins stabiliser. Même si bien évidemment, tous les enfants perdent du poids durant leur séjour. Mais l’objectif n’est pas là. Ici, ils réapprennent à manger équilibré et à des heures fixes, à bouger, à avoir un cadre de vie (sommeil, temps réduit devant les écrans…). Et tout cela sans régime ou interdit alimentaire.
« Il ne faut pas croire qu’ici on ne mange que des légumes bouillis, explique en souriant Mélanie Planchon, la diététicienne. Ils peuvent même avoir une barre chocolatée au goûter ! On travaille sur le grignotage, la fréquence et la rapidité des repas, la satiété, le plaisir de manger… ».
Une scolarité ininterrompue
Parallèlement, les enfants et adolescents pratiquent une activité physique adaptée (APA) : course d’orientation, marche, vélo, escalade, natation… « Nous les aidons à prendre du plaisir à bouger. Sans les mettre en échec. L’objectif est de réaliser une activité physique mais surtout de se réaliser à travers elle », précise Cédric Roman, kinésithérapeute encadrant les APA.
La « remise en jambes » est progressive afin d’éviter les problèmes cardiovasculaires ou les blessures. « Nous participons également à des événements à l’extérieur de l’établissement comme des randonnées ou des tournois de handball. Ils sont ravis de pouvoir enfin faire comme tout le monde », explique Aurélie Baffie, enseignante APA.
Autour de ces deux piliers que sont l’alimentation et l’activité physique, les enfants poursuivent leur scolarité au centre jusqu’au CM2 et dans des établissements de Marvejols pour les collégiens et lycéens. L’équipe éducative et de soins (infirmiers, aides-soignants, enseignants d’activité physique adaptée, assistante sociale, médecins, diététicienne, psychologue…) est à leur écoute.
« L’infirmerie est un lieu où ils peuvent être cocoonés. Les enfants ont besoin de parler et d’attention particulière », précise Cathy Pieretti, infirmière. Car comme le dit Léa, 13 ans, « la séparation avec la famille est difficile. Mais mon séjour m’a appris à mieux gérer mon activité sportive et à respecter les horaires ».
Et après ?
De retour à la maison, les enfants doivent retrouver leur place et mettre à profit tout ce qu’ils ont appris. « L’obésité est une maladie chronique. Si elle n’est pas prise en charge en permanence, elle se réinstalle », prévient le Dr Xavier Lacombe. L’équipe du centre donne donc aux enfants et à leur famille les clés pour transformer l’essai avec des conseils alimentaires, l’inscription à un club de sport… Six mois après, le centre prend des nouvelles auprès de la famille ou du médecin traitant.
*Ce centre s’inscrit dans un pôle sanitaire avec deux autres SSR de pneumologie et rééducation fonctionnelle, au sein de l’association gestionnaire ALLFS (Association lozérienne de lutte contre les fléaux sociaux).
« Des enfants acteurs de leur prise en charge »
Alain Nogaret, directeur du centre d’Antrenas
« Les enfants arrivent au centre soit à l’initiative de leur médecin traitant, soit de leurs parents ou de la leur. Un projet de soins est alors mis en place avec, depuis peu, un nouvel outil : l’éducation thérapeutique. Pour les enfants mais également pour les parents. Ils sont ainsi acteurs de leur prise en charge avec l’aide et le soutien de leur famille. On leur donne des outils et on les amène à se responsabiliser et à se dire que la réussite doit venir d’eux. Ils réapprennent à s’alimenter, à changer leur comportement.
Quant aux parents, on leur apprend à calculer l’IMC par exemple. Ils peuvent participer à des groupes de paroles pour déculpabiliser… À l’avenir, nous allons nous orienter vers plusieurs séjours courts plutôt qu’un séjour long. Cela ira d’une semaine à six semaines, selon les besoins et les projets de soins du patient. Celui-ci pourra ainsi mettre en pratique à la maison ce qu’il a appris et revenir s’il en ressent le besoin pour quelques rappels ».
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