Contour d’oreille, micro-contour, intra-auriculaire… comment choisir son aide auditive ?

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Par Émilie Gilmer

Temps de lecture estimé 7 minute(s)

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© Getty Images (photo principale)

Les patients atteints de troubles auditifs, qui doivent se faire appareiller, ont le choix entre trois grands types d’aides auditives. Quels sont les avantages et les inconvénients de chacune ? Comment choisir le modèle le plus adapté ? Tour d’horizon.

Le micro-contour « à écouteur déporté »

Comment ça marche ?

Il est posé derrière l’oreille et relié à un tube fin et souple. À l’extrémité de celui-ci, se trouve un écouteur logé dans l’oreille. « Le tube en question est un fil électrique très discret, puisque son envergure est inférieure à 0,8 mm, explique Marc Greco, directeur santé chez Écouter Voir et président du Syndicat national de l’Audition Mutualiste (SYNAM). L’avantage, en comparaison de l’intra-auriculaire, est que 90 % de l’électronique (à savoir le microphone et le microprocesseur) est à l’extérieur de l’oreille. Seul l’écouteur est à l’intérieur. » L’aide auditive est donc moins exposée aux sécrétions de l’oreille et plus facile à nettoyer si elle se bouche.

À qui est-il destiné ?

Il est idéal pour une perte auditive légère à moyenne, au début d’une presbyacousie par exemple (la baisse de l’audition liée à l’âge). Mais il s’adapte aussi aux pertes auditives sévères, comprises entre 71 et 90 décibels*. Ce type d’appareil domine aujourd’hui largement le marché puisqu’il représente 75 % des ventes.

Ses points forts ?

  • Il est confortable. « Il évite la sensation d’oreille bouchée que l’on peut connaître avec un intra-auriculaire », indique Marc Greco.
  • Il est discret. « La plupart des gens ne voient pas le tube qui fait la liaison entre l’appareil posé derrière l’oreille et l’écouteur », remarque Philippe Metzger, audioprothésiste à Paris et membre du syndicat des audioprothésistes (SDA). En ce qui concerne la partie logée dans l’oreille, deux options sont possibles : soit un dôme en silicone soit un embout sur-mesure dans le cas d’une surdité sévère.

Ses points faibles ?

  • Il réclame une certaine dextérité. « Le tube très fin qui relie l’appareil à l’écouteur peut être difficile à manier pour quelqu’un qui a des problèmes de manipulation », remarque Philippe Metzger.

Son coût ?

  • La réforme du 100 % santé a créé deux catégories d’aides auditives : les classes 1 et les classes 2. Les classes 1 ont un prix de vente plafonné à 950 € (soit 1 900 € la paire) et sont intégralement prises en charge par l’Assurance maladie obligatoire et les complémentaires santé. À noter que les appareils de classe 1 sont quasiment tous des modèles à piles, non rechargeables, alors que les appareils de classe 2 offrent les deux possibilités.
  • Les classes 2 existent dans trois gammes de prix déterminées par la performance technologique de l’appareil (lire l’encadré). Selon les enseignes, la première se situe entre 1200 et 1300 € (pour l’équipement d’une seule oreille), la deuxième entre 1400 et 1500 € et la troisième entre 1600 et 1800 €. « Il faut ajouter à chaque fois une centaine d’euros pour un modèle rechargeable », note Philippe Metzger. Quant au remboursement, il s’appuie sur des montants préétablis. Pour une paire d’aides auditives coûtant 2 900 €, la prise en charge par l’Assurance maladie s’élève à 480 € et celle de la complémentaire santé à 1 320 €. Le reste à charge est donc de 1 100 €.

L’intra-auriculaire

Comment ça marche ?

Il s’agit d’une seule pièce de petite taille fabriquée sur mesure et logée dans l’oreille. Bien que plébiscitée par les patients, cette aide auditive n’est pas adaptée à tous les profils. « Les personnes atteintes de troubles auditifs souhaitent en priorité l’intra-auriculaire car elles cherchent avant tout la discrétion, remarque Marc Greco. Mais au final, ce modèle représente moins de 10 % des aides auditives vendues. »

À qui est-il destiné ?

L’intra-auriculaire est destiné aux surdités légères (c’est-à-dire une perte auditive comprise entre 21 et 40 décibels) ou moyennes (une perte de 41 à 70 décibels). « Il est davantage adapté aux patients ayant une baisse dans les sons graves, indique Philippe Metzger. En effet, l’intra-auriculaire ayant tendance à boucher l’oreille, les personnes atteintes d’une perte dans les sons aigus (dans le cas d’une presbyacousie classique par exemple) verront cet effet d’occlusion accentué. »

Son point fort ?

  • Il est totalement invisible.

Ses points faibles ?

  • Il est petit, donc difficile à manipuler. Par ailleurs, la grande majorité des intra-auriculaires sont des modèles à piles (non rechargeables) et fonctionnent avec des piles de petite taille. Avoir une bonne vue et une bonne dextérité sont deux critères incontournables.
  • Il est sensible aux sécrétions dans l’oreille. « L’humidité, la chaleur et la présence de cérumen, par exemple, contribuent à boucher régulièrement l’appareil », précise Marc Greco. La présence d’eczéma dans l’oreille est aussi une contre-indication.
  • Il n’est adapté qu’à certaines morphologies. « Il faut avoir un conduit auditif assez large, sans quoi l’appareil « déborde » de l’oreille, ce qui est inesthétique », note Philippe Metzger.

Son coût ?

▪ L’intra-auriculaire est proposé dans des gammes de prix identiques à celles du micro-contour « à écouteur déporté » : sans reste à charge pour les appareils de classe 1 et entre 1200 et 1800 € (pour l’équipement d’une seule oreille) pour les appareils de classe 2.

Le contour d’oreille classique

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©Pascal Marseaud

Comment ça marche ?

Il se place derrière l’oreille et il est relié à un embout fabriqué sur mesure, qui transmet le son dans le conduit auditif.

À qui est-il destiné ?

Il s’adresse à deux types de profils : les patients atteints de surdités sévères (une perte comprise entre 71 et 90 décibels) à profondes (une perte au-delà de 91 décibels) et les personnes qui ont une faible dextérité. « Lorsque le patient est très âgé, on recommande ce modèle dans une version rechargeable, afin d’éviter d’avoir à manipuler des piles », affirme Philippe Metzger, audioprothésiste à Paris et membre du syndicat des audioprothésistes (SDA). Ce modèle représente aujourd’hui près de 15 % des appareils vendus.

Ses points forts ?

  • Il est facile à manipuler.
  • Il offre un bon confort d’écoute.
  • Son étanchéité est maximale puisqu’il n’y a aucun élément électronique dans le conduit auditif.
  • Il est robuste.

Ses points faibles ?

  • Il est volumineux, donc peu discret.
  • Il peut représenter une gêne pour les porteurs de lunettes. « Notre conseil est de s’orienter plutôt vers des lunettes à branches fines », note Philippe Metzger.

Son coût ?

  • Son prix est identique à celui des appareils micro-contour à « écouteur déporté » et des intra-auriculaires, et dépend là encore de son niveau de performance.
  • Quant à savoir comment définir le niveau de performance dont on a besoin ? « Une fois que l’on a arrêté son choix sur tel ou tel type d’aide (micro-contour « à écouteur déporté », intra-auriculaire ou contour d’oreille classique), tout le travail de l’audioprothésiste est de traduire en termes techniques le besoin d’un patient selon son niveau de surdité, ses capacités fonctionnelles et ses habitudes de vie », explique Marc Greco, directeur santé chez Écouter Voir et président du Syndicat national de l’Audition Mutualiste (SYNAM). Pour cela, différentes situations d’écoute lui sont décrites, afin de comprendre quelle gêne il ressent, à quel moment, et de mettre en regard le niveau technologique adéquat. Après une période d’essai en situation réelle, un nouveau rendez-vous permet alors d’ajuster les réglages et de proposer des aides complémentaires le cas échéant.

Un coût lié au niveau de performance

  • La différence de prix est liée à la performance plus ou moins avancée de l’appareil. C’est le cas aussi bien pour l’intra-auriculaire, que pour le micro-contour à « écouteur déporté » ou le contour d’oreille classique. Par exemple, les appareils de classe 1 (sans reste à charge) ont un nombre d’options** plus limité que les appareils de classe 2.
  • Il existe également des différences de performance entre les aides auditives de classe 2, toujours selon la première, la deuxième ou la troisième gamme de prix. « Le traitement du signal est plus ou moins précis selon la puissance des algorithmes », souligne Philippe Metzger. Par exemple, l’appareil le moins cher (entre 1200 et 1300 € pour l’équipement d’une seule oreille) sera efficace dans trois ou quatre types de situations sonores : en milieu calme, en petit groupe, etc. Quand les appareils de deuxième niveau (1 400 à 1 500 €) – et plus encore de troisième niveau (1 600 à 1 800 €) – intégreront d’autres situations plus bruyantes (au restaurant, en voiture) ou seront capables de gérer d’autres types de bruits (les bruits impulsionnels comme une porte qui claque, les milieux réverbérants comme une église, etc.).

*Selon le Bureau international d’audiophonologie (Biap)

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