Comment s’assurer de la qualité du CBD ?

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Par Marie Duflot

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Revers de la médaille du marché du CBD (cannabidiol) qui a fleuri trop vite : une jungle de produits où le meilleur côtoie le pire. Reliquats de psychoactifs trop élevés, CBD dont les doses sont loin de celles annoncées, voire présence de pesticides et de cancérogènes… Pour plus de clarté, un label et un produit « made in France » devraient arriver d’ici fin 2022.

La ruée vers l’or du CBD (ou cannabidiol), version légale du cannabis car sans le THC (ou tétrahydrocannabidiol), responsable des effets psychoactifs, interroge sur la qualité. En Autriche, 49 produits sur 200 affichaient un taux de THC supérieur à la limite légale*. En République tchèque, des tests sur 29 huiles de CBD ont montré qu’un tiers d’entre elles présentaient des écarts par rapport à la quantité de CBD annoncée sur l’étiquette*.

Autre souci et non des moindres : la présence de taux trop élevés de produits cancérogènes, parfois jusqu’à 20 fois supérieurs à la limite réglementaire dans une huile de CBD sur deux*. Sans parler d’un lot de produits « bio » contenant des traces d’un pesticide interdit il y a 20 ans*.

Quel CBD choisir ?

Aussi, comment s’assurer de la qualité du CBD que l’on achète ? Pour le Dr Hélène Donnadieu Rigole, addictologue au CHU de Montpellier, « mieux vaut éviter Internet et s’en tenir aux magasins spécialisés. Suite aux nombreux contrôles de gendarmerie, on peut estimer que les magasins encore ouverts sont dans les clous. J’ai d’ailleurs pris le temps de faire analyser différents produits vendus dans les boutiques qui ont fleuri dans le centre-ville de Montpellier : ils ne contenaient effectivement pas de THC. En revanche, la quantité de CBD n’était pas celle annoncée ».

Ludovic Rachou, président de l’Uivec (l'Union française des industriels pour la valorisation des extraits de chanvre) relativise un peu cet avis. « On peut trouver de très bons intervenants en ligne et des boutiques physiques qui importent des produits de piètre qualité. »

Un label en cours d’élaboration pour le marché français

Pour remédier au problème, les pays s’organisent. En France, le ministère de l’Économie a demandé à l’Uivec de travailler sur un label. Car début 2022, aucun critère de qualité n’existait encore en France, comme dans beaucoup d’autres pays.

« La première étape est de s’entendre sur la méthodologie afin que toute analyse d’échantillon, quel que soit le laboratoire en charge, donne le même résultat », explique Ludovic Rachou, président de l’Uivec. Second axe de travail : l’étiquetage. « Notre projet de label prévoit l’affichage des résultats d’analyse des produits commercialisés, la mention du nom du laboratoire ainsi que la vérification des résultats par un organisme certificateur indépendant. »

Enfin, le futur label devrait préciser la source du CBD (synthétique ou naturelle) ainsi que l’origine géographique du chanvre dont il est extrait, ses conditions de culture (plein champ ou sous serre) et l’analyse de la présence d’éventuels métaux ou polluants.

À quand le CBD « made in France » ?

Nathalie Fichaux, directrice d’Interchanvre (Interprofession de la filière française du chanvre), l’assure : dès fin 2022, le consommateur pourra trouver en boutique du CBD origine France. « Le changement de réglementation intervenu fin 2021 va permettre d’extraire le CBD des "fleurs" récoltées en août 2022, ce qui était jusqu’alors interdit en France. Seules les graines et tiges pouvaient être valorisées, pas les "fleurs", ou plus précisément les inflorescences, d’où est extrait le CBD. » Ce qui expliquait l’absence de CBD d’origine française jusqu’en 2022.

Or, sur le marché du chanvre, la France dispose d’un atout de taille : sa place de leader européen, avec près d’un tiers de la production de l’Union. « Nous disposons déjà de labels pour la graine et le chanvre destiné au secteur du bâtiment, en isolant par exemple. Ils garantissent leur origine française, leur faible taux de THC (la molécule psychotrope), la manière dont ils sont cultivés (absence de pesticides par exemple). Nous sommes donc en train de décliner ce label pour la filière chanvre CBD. » Objectif : se positionner sur un marché haut de gamme valorisant une production française, locale et propre.

* Source : Observatoire européen des drogues et toxicomanies.

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