Comment soigner les vertiges ?

Lire un livre en marchant, monter sur une échelle pour repeindre un mur, se déplacer d'une pièce à l'autre… Autant d'activités considérées comme des évidences que rien ne saurait venir perturber. Mais il peut survenir parfois la sensation soudaine et étrange que le sol se dérobe sous nos pieds, que les murs et plafonds bougent, voire que nous tournons dans la pièce sans même avoir esquissé le moindre mouvement.

Un interrogatoire pour comprendre les symptômes

« Le vertige est un motif de consultation très fréquent, mais le terme même de vertige revêt dans la langue française des réalités très différentes. Un interrogatoire approfondi du patient est nécessaire pour bien en comprendre les symptômes, prévient le Dr Hélène Vitaux, oto-rhino-laryngologiste (ORL) spécialisée dans l'exploration des vertiges et des troubles de l'équilibre à l'hôpital Saint-Joseph, à Paris. Il y a plusieurs types de vertiges. Ceux bien réels que l'on évoque pour décrire, par exemple, une impression de rotation, mais aussi une sensation de tangage, d'instabilité ou d'ébriété ou encore une sensation de malaise, de chute. Ou celui plus imagé du vertige des hauteurs qui fait référence à la phobie du vide et n'impacte pas la vie quotidienne. »

Plus précisément, il faut faire la différence entre le vertige vrai et les malaises parfois qualifiés de vertiges alors qu'il s'agit de tout autre chose. Ainsi, la sensation de tête qui tourne quand on se relève après avoir été accroupi est une baisse de la tension artérielle lors du passage de la position et non un vertige. Certains vertiges réels, en revanche, peuvent s'accompagner d'autres signes comme des nausées, des vomissements, des acouphènes ou encore des troubles de la marche.

Une consultation pour éliminer des causes cardiovasculaires ou neurologiques

Le médecin traitant ou le médecin spécialiste (médecin ORL, neurologue) mène un interrogatoire très précis, afin de déterminer la durée et la fréquence des troubles, les circonstances de leur déclenchement, la présence d'autres symptômes (perte d'audition, acouphènes, maux de tête, sensation d'oreille pleine, etc.) L'interrogatoire et l'auscultation suffisent souvent au spécialiste pour établir le diagnostic et éliminer d'autres causes de vertiges, notamment cardiovasculaires et neurologiques. 

« Des examens complémentaires à type d'imagerie du cerveau et de l'oreille peuvent aussi éliminer certaines causes neurologiques ou des lésions bénignes du nerf vestibulaire (neurinome). D'autres examens plus poussés pour évaluer la fonction de l'oreille interne peuvent également être réalisés par l'ORL pour affiner le diagnostic », précise la spécialiste.

L'oreille interne au cœur de l'équilibre

L'oreille interne est la partie la plus profonde de l'oreille. Elle contribue à la sensation de mouvement et au maintien de l'équilibre grâce à ce que les spécialistes appellent le système vestibulaire. « Constitué de différents organes, le système vestibulaire se trouve au fond de l'oreille interne, explique le Dr Vitaux. Le cerveau sert de chef d'orchestre entre les différents organes de l'équilibre : l'oreille interne, mais aussi la vue et la perception de la position de notre corps dans l'espace. » 

Par conséquent, tout conflit entre les différentes informations reçues par le cerveau entraîne une sensation de vertiges. Les anomalies au niveau de l'oreille interne en sont une cause fréquente

Le vertige de position, fréquent mais sans gravité

« Le vertige de position, appelé aussi VPPB (vertige positionnel paroxystique bénin), constitue la cause la plus fréquente de vertiges. Il monopolise 40 % des consultations des médecins spécialistes des vertiges, indique le Dr Vitaux. Il se caractérise par le déplacement soudain de petits cristaux situés dans l'oreille interne (les otolithes). » Il s'agit d'un vertige intense et bref d'une durée de moins d'une minute qui survient lors de mouvements de la tête, très souvent en se retournant dans un lit, mais aussi en se levant ou en se baissant. Il peut aussi entraîner des nausées et des vomissements. Si la sensation d'instabilité et d'ébriété persistante peut fortement perturber la vie quotidienne, ce vertige reste néanmoins sans gravité.

« Le traitement consiste à effectuer des manœuvres libératoires sur la table d'examen du médecin ORL ou du kinésithérapeute spécialisé dans le traitement des vertiges, explique Thierry Guillot, kinésithérapeute à l'origine de la création d'un pôle Vertige et Equilibre à Montigny-le-Bretonneux (78). Ces manœuvres sont destinées à évacuer les petits cristaux en dehors des canaux afin de retrouver un bon niveau d'équilibre. Le choix de la manœuvre dépend essentiellement du lieu précis où se trouvent les hôtes indésirables. »

« Dans 85 % des cas, une seule manœuvre suffit, précise le Dr Vitaux. Parfois une deuxième peut se révéler nécessaire, mais rarement plus. »

La migraine vestibulaire, des symptômes assez variés

Ce type de migraine est une migraine classique. Mais elle s'accompagne de symptômes vertigineux assez variés. On parle alors de migraine vestibulaire, un motif de consultation assez fréquent. Les crises, avec maux de tête, gêne au bruit ou à la lumière, durent en général deux à trois jours.

Le traitement est celui de la migraine classique. Outre les médicaments prescrits pendant la crise ou en préventif en cas de crises répétées, il est fortement recommandé de respecter des règles hygiéno-diététiques (éviter les nuits blanches, la consommation immodérée de café, le tabac…) pour limiter les facteurs déclenchants.

La névrite vestibulaire, impressionnante mais souvent bénigne

La névrite vestibulaire est une atteinte du nerf vestibulaire localisé dans l'oreille interne par un virus. Elle se traduit par une crise aiguë et soudaine, de violents vertiges rotatoires (sensation de tourner comme une toupie sur soi-même). La crise peut durer plusieurs jours avec nausées, vomissements, instabilité à la marche. La névrite vestibulaire peut paraître impressionnante, mais reste bénigne dans la plupart des cas, les conséquences restant réversibles. Ces vertiges très intenses peuvent néanmoins conduire aux urgences.

Le traitement consiste en l'administration de médicaments pour diminuer les nausées et les vertiges associée à de la rééducation et de la mise en mouvement le plus rapidement possible, même chez les jeunes. Plus précisément, malgré les efforts que cela peut lui demander, le patient ne doit pas rester allongé, mais bouger et marcher afin de récupérer au plus vite un équilibre correct. « Des séances de rééducation vestibulaire, une spécificité de la kinésithérapie destinée à prendre en charge le traitement des vertiges, peuvent être utiles, déclare Thierry Guillot. Il faut en général une dizaine de séances pour rétablir la fonction d'équilibration ».

La maladie de Ménière, une pathologie chronique

La maladie de Ménière est une maladie chronique associée à une fluctuation de la quantité de liquide contenue dans l'oreille interne. L'augmentation de la quantité de liquide entraîne des crises de vertiges qui s'accompagnent d'une perte d'audition, d'une sensation d'oreille bouchée ou d'acouphènes annonçant la crise.

Des médicaments spécifiques, comme les diurétiques, permettent de réduire la pression dans l'oreille interne. Dans certains cas, il est nécessaire d'avoir recours à des injections dans l'oreille, voire mais de plus en plus rarement à de la chirurgie. Les troubles dépressifs et anxieux sont des facteurs aggravants de cette maladie. C'est pourquoi une prise en charge psychologique peut s'avérer nécessaire pour faire face à des événements de vie (deuil, rupture, stress professionnel…) qui risquent d'intensifier la fréquence des crises. La kinésithérapie peut également aider les patients à rétablir la fonction vestibulaire après chaque crise.