Comment soigner un zona ?

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Par Sandrine Letellier

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Le zona touche près de 300 000 personnes chaque année en France. Cette maladie due au virus de la varicelle peut s'avérer très douloureuse. Quels sont les traitements ?

8 personnes sur 10 déclarent connaître le zona mais seule 1 personne sur 2 sait que le zona est lié à la réactivation du virus responsable de la varicelle, le virus de la varicelle-zona (VZV). C'est en tout cas ce que révélait un sondage* en 2016. Ainsi, le zona est une maladie que l'on connaît tous, au moins de nom, mais plutôt de façon floue et parcellaire.

Zona : le douloureux réveil du virus de la varicelle

Le zona se manifeste d'abord par des sensations de brûlures, de picotements, d'engourdissement puis par l'apparition de plaques rouges qui se recouvrent rapidement de petites vésicules sur le trajet du nerf atteint. Parfois, d'autres signes, comme de la fièvre ou des maux de tête, peuvent aussi apparaître.

« Les personnes ayant contracté la varicelle dans leur jeunesse gardent toute leur vie ce virus qui s'installe dans certains ganglions nerveux, indique le Dr Antoine Elyn, médecin généraliste et algologue au CHU de Toulouse et à la Maison de santé pluriprofessionnelle de Nailloux / Saint-Léon (Haute-Garonne). Des années après la varicelle, il peut se réactiver et toucher une région neurologique spécifique. Et comme les nerfs se fraient un chemin jusqu'à la surface de la peau par des terminaisons nerveuses, le virus attaque celle-ci sur un territoire limité. »

Le plus souvent, le zona se situe dans la région du thorax. On parle alors de zona intercostal puisque ce sont les petits nerfs intercostaux de cette zone qui sont infectés. Mais le zona peut aussi se limiter à un bras, une cuisse, un mollet ou encore le visage. « Dans 20 % des cas environ, le zona va toucher le visage, faisant craindre une possible atteinte de l'œil (zona ophtalmique), alerte le Dr Elyn. Certes, le zona ophtalmique est une forme rare mais elle est aussi plus sévère. »

Outre des douleurs oculaires intenses, le zona ophtalmique peut provoquer une baisse de l'acuité visuelle, parfois en raison d'une inflammation du nerf optique (névrite optique), voire une perte de l'œil touché si la cornée est trop sévèrement atteinte (kératite).

Une prise en charge locale et orale de la douleur

« Possible à tout âge, la résurgence du virus de la varicelle-zona survient principalement chez le sujet âgé, en général après la cinquantaine, et/ou chez les personnes exposées à un stress ou à une maladie (dépression, cancer, diabète, etc.), qui sont confrontées à une baisse de leurs défenses immunitaires », précise le Dr Francis Abramovici, secrétaire général du Collège de médecine générale (CMG).

À la phase aiguë du zona, les antalgiques (comme le paracétamol) et des soins locaux (toilette à l'eau tiède et au savon surgras de préférence, application de glace, pansements simples, usage d'antiseptiques…) sont proposés pour atténuer les douleurs et prévenir les risques de surinfection des vésicules.

« En cas de risque élevé de complications, notamment chez les patients âgés de plus de 70 ans, le traitement oral de premier choix repose sur un médicament antiviral, le valaciclovir, qui doit être pris au plus tard trois jours après le début de l'éruption pour bénéficier de toute son efficacité », insiste le Dr Abramovici.

Consulter rapidement son médecin

Les vésicules sèchent rapidement et des croûtes se forment. Elles tomberont au bout d'une dizaine de jours pour ne laisser que quelques cicatrices. La majorité des zonas guérissent sans séquelles en trois à quatre semaines et la survenue ultérieure d'un épisode de zona est rare. « A condition d'agir vite pour éviter le risque de chronicité, d'autant plus élevé que le zona est sévère », précise le Dr Elyn. Or, selon l'Agence Santé publique France, 40 % des Français attendent plus de 72 heures avant de consulter leur médecin traitant. Une situation d'autant plus regrettable que cette attente peut contribuer à augmenter le risque de douleurs post-zostériennes. On parle de douleurs post-zostériennes quand les douleurs persistent au-delà de trois mois.

« Les douleurs neuropathiques sont difficiles à soulager car les médicaments n'ont qu'un effet modeste, note le Dr Elyn. Sur des atteintes localisées avec un territoire bien défini, le traitement local doit être proposé en première intention. On utilise la lidocaïne sous forme d'emplâtres pendant plusieurs semaines. Si cela ne suffit pas, on peut associer un traitement de la famille des antidépresseurs, comme l'amitriptyline, ou de la famille des antiépileptiques, comme la gabapentine. »

Ces douleurs, certes relativement rares mais parfois très invalidantes, concernent tout de même 25 % des seniors de plus de 80 ans dans les suites d'un zona. À cet âge, elles peuvent conduire à une perte d'autonomie.

Se tourner vers les centres anti-douleurs

Quand la douleur persiste plusieurs mois après un zona, il est conseillé d'être orienté vers des structures spécialisées, les centres anti-douleurs. N'hésitez pas à en parler à votre médecin traitant ! Les centres anti-douleurs proposent des prises en charge spécifiques pour traiter les douleurs post-zostériennes. Chaque patient, avec l'aide d'une équipe pluridisciplinaire, pourra envisager ce qui lui convient le mieux. Des stratégies complémentaires peuvent être proposées : l'électrostimulation transcutanée à visée antalgique (TENS), la toxine botulique dans certains cas, les patchs de capsaïcine, l'hypnose, des thérapies d'accompagnement psychologique.

« La douleur chronique a souvent un retentissement très éprouvant sur la qualité de vie des patients, observe le Dr Elyn. Aussi ne faut-il rien exclure dans l'arsenal dont nous disposons pour l'accompagner dans sa globalité. »

Vaccination contre le zona : au cas par cas

Depuis 2016, il existe en France un vaccin à dose unique contre le zona, recommandé aux adultes âgés de 65 à 74 ans. Dans cette tranche d'âge, il est remboursé par l'Assurance maladie. Avec une efficacité de l'ordre de 70 %, la vaccination offre surtout l'avantage de protéger contre la douleur qui peut persister parfois plusieurs mois après le zona. Pour autant, elle reste peu pratiquée en France, contrairement au Royaume Uni.

« La mise en place prochaine des consultations de prévoyance à 25, 45 et 65 ans sera peut-être l'occasion d'alerter nos patients sur les risques de douleurs chroniques liées au zona et de proposer la vaccination à certains d'entre eux », estime le Dr Abramovici. De fait, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un vaccin vivant qui contient une souche virale atténuée du virus varicelle-zona. Pour cette raison, il est contre-indiqué aux personnes les plus âgées et/ou ayant un système immunitaire très affaibli.

Encore à l'étude, un nouveau vaccin à ARN messager contre le zona pourrait néanmoins faire espérer bientôt une vaccination élargie aux patients les plus fragiles aussi.

* Sondage réalisé pour le compte du laboratoire Sanofi Pasteur MSD.

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