Jean-Louis Bensoussan : Les mesures sanitaires sont très claires : nous consultons avec un masque sur le visage, quand on a la chance d’en disposer, mais nous devrions être livrés sous peu. Nous devons désinfecter les locaux régulièrement et nous laver les mains tout aussi fréquemment. Nos cabinets restent ouverts.
Il faut s’organiser, dans la mesure du possible, pour qu’aucun patient ne se croise, que la salle d’attente soit la moins chargée possible quand une personne y entre. Pour ma part, j’ai espacé les plages de consultations : je recevais un patient tous les quarts d’heure, à présent c’est par demi-heure.
Depuis le vendredi 13 mars 2020, on constate que la majorité de nos patients annulent ou reportent leur rendez-vous. Ils peuvent faire le renouvellement de leurs ordonnances directement en pharmacie. La visio-consultation nous permet de rester en contact avec eux.
J.-L. B. : Quand un patient m’appelle, s’il décrit des signes d’une possible infection au Covid-19, je précise son état clinique en posant un certain nombre de questions. En cas d’état peu symptomatique, je mets en place des téléconsultations. Si c’est un peu plus critique, que le patient est par exemple une personne âgée, je vais le voir à son domicile, masqué et ganté. Je lui conseille d’appeler le 15 si son état s’avère sévère.
Notre rôle est important à plus d’un titre. Et le sera encore plus dans les semaines à venir. Notamment auprès des malades confinés à la maison. Nous allons les suivre, mettre en place avec les infirmières des dispositifs de traitements à domicile afin d’aider au mieux nos hôpitaux.
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J.-L. B. : Ce n’est parfois pas évident d’avoir la réponse à toutes les questions posées. Elles peuvent être complexes. Ce n’est pas tellement de la crainte qui est exprimée mais surtout des interrogations pratiques. Par exemple : « Est-ce que je peux faire cela ? », « Est-ce que je peux sortir ? », « Et avec les enfants, comment faire ? ».
De ce fait, nous devons être à l’écoute et à la lecture de tous les messages que l’on reçoit, être vigilants. Mais cela n’a rien d’étonnant. La situation sanitaire est inédite pour tout le monde. Pour les gens comme pour les autorités de santé. Il faut être compréhensifs, ne jeter la pierre à personne. Dans quelques mois, on aura le temps de se poser et d’analyser. Aujourd’hui, il faut travailler tous ensemble et sans querelle inutile.
J.-L. B. : Je préfère utiliser le terme de « rester chez soi », que de « confiné », car on est libre de se déplacer dans certaines circonstances, bien qu’elles soient limitées. Ce sont les malades qui sont confinés. Lorsque l’on est chez soi, il faut s’occuper, aérer son logement deux à trois fois par jour. Ceux qui ont la chance d’avoir un jardin ou un balcon doivent prendre l’air le plus souvent possible. Pour les autres, il faut préserver une petite activité physique comme marcher pour aller acheter son pain.
Il est important d’entretenir son psychisme. D’éviter toutes ces rumeurs qui circulent de médicaments ou de solutions miracles, car ce n’est pas vrai. Limiter la connexion à son ordinateur, aux chaînes d’informations. Et lire, se détendre, faire toutes ces choses que l’on redécouvre comme jouer aux jeux de société.
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Les pharmacies font partie des rares établissements autorisés à rester ouverts. Elles doivent éviter le croisement des patients : apposer des marques au sol pour matérialiser la distance d’un moins un mètre entre chaque personne, équiper les postes de vente pour éloigner le patient du personnel servant. Si l’espace ne permet pas ces aménagements, les patients pénètrent alors à l’intérieur à tour de rôle.
Les pharmaciens sont autorisés à étendre le renouvellement d’une ordonnance expirée pour les traitements des chroniques (diabète, asthme, insuffisance rénale…) et les médicaments délivrés seront remboursés. L’achat du paracétamol, sans ordonnance, est restreint à une boîte par patient, deux en cas de symptômes de douleurs et/ou de fièvre. Les ventes en ligne d’ibuprofène, d’aspirine et de paracétamol sont suspendues.
(Avant l’épidémie) « Je recevais un patient tous les quarts d’heure ». C’est tout ?!… : ( En tant que patiente, je trouve ça bien trop court. Juste le temps d’expédier l’examen (auscultation, tension) et de faire une ordonnance pour le symptôme sans chercher la cause. Écouter VRAIMENT un ou une patient.e, cela prend plus de temps qu’1/4 d’heure. Même, et SURTOUT, si l’on croit connaître son patient… Mais où sont les médecins d’antan ? Et surtout les valeurs qu’ils portaient…