Covid-19 : un tiers des patients guéris ont des séquelles psychologiques et neurologiques

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Par Patricia Guipponi

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La revue scientifique The Lancet Psychiatry a publié une étude menée sur 236 379 personnes, six mois après leur contamination au SARS-CoV-2. Certaines ont développé des troubles allant de l’anxiété à la démence. Des données prises très au sérieux par le docteur Maurice Bensoussan, président de l’Association française de psychiatrie et du Syndicat des psychiatres français.

Le 6 avril 2021, la revue scientifique britannique The Lancet Psychiatry a publié les résultats d’une étude menée par une équipe de chercheurs basés en Grande-Bretagne. Ces derniers ont procédé à l’examen des dossiers de santé électroniques de 236 379 personnes, six mois après leur contamination au Covid-19. Ces patients étaient tous âgés de plus de 10 ans. Certains ont développé des formes de Covid sévères, qui ont nécessité leur hospitalisation, d’autres des formes plus modérées ou légères.

L’étude a mis en évidence qu’un tiers de ces personnes souffrent de séquelles neurologiques et/ou psychologiques. Pour 17 % d’entre elles, il s’agit d’anxiété et pour 14 % de troubles de l’humeur. Mais des pathologies plus graves ont aussi été observées : accidents vasculaires cérébraux (pour 2,1 % des patients), démence (0,7 %) ou hémorragies cérébrales (0,6 %). Ces cas restent rares mais plus nombreux que ceux constatés à la suite d’une grippe ou d’autres infections des voies respiratoires.

Les patients, qui ont développé les formes les plus graves de Covid-19 ou ont souffert d’une encéphalopathie lors de leur maladie, sont soumis à de plus forts risques de séquelles psychologiques et neurologiques. « La revue The Lancet Psychiatry est sérieuse. Ces données n’ont rien de fantaisistes. Elles sont précieuses », estime le docteur Maurice Bensoussan, président de l’Association française de psychiatrie et du Syndicat des psychiatres français.

Des effets sur la santé du cerveau qui restent à confirmer

L’étude du The Lancet Psychiatry est importante pour la recherche car elle porte sur des cohortes plus étendues que celles observées jusqu’alors. Elle produit, de ce fait, des estimations plus précises et représentatives des effets neuropsychologiques du Covid-19 sur les personnes qui ont été contaminées. Les chercheurs qui l’ont effectuée tirent la sonnette d’alarme sur l’urgence d’organiser la prise en charge socio-médicale de ce type de patients et d’améliorer le suivi neurologique de ceux qui courent le plus de risques de séquelles.

Toutefois, ils mentionnent à plusieurs reprises qu’il est pertinent de mener d’autres travaux pour corroborer et expliquer les résultats de leur étude et pour évaluer correctement les incidences du Covid-19 sur la santé du cerveau. Ces recommandations sont partagées par le docteur Maurice Bensoussan qui insiste sur la nécessité de rester vigilant et modeste. « Mieux vaut vérifier consciencieusement ce dont nous disposons avant d’avancer les termes de troisième vague psychiatrique. Il faut laisser de côté les appréciations subjectives, faites au doigt mouillé. »

Pour le praticien, il est important de comparer les données délivrées par The Lancet Psychiatry à d’autres sources issues de publications scientifiques tout aussi solides et aux études effectuées notamment en France. « Nous avons des capacités de renseignements et de recueil des données qui nous permettront de savoir avec précision ce dont souffrent les gens. »

Le Covid-19 a un impact sur le moral et la santé mentale des Français

Depuis plus d’un an, face à la pandémie, son évolution et ses inconnues, les Français sont soumis à rude épreuve. Cet événement hors-norme dure et fragilise les humains et les acquis, comme le rappelle le docteur Maurice Bensoussan. « Nous sommes dans une situation anxiogène qui bouleverse à la fois les plans sanitaire et socio-économique. C’est un cadre général de tensions, de stress, traumatisant et angoissant pour certains, qui ne peut qu’avoir des conséquences sur la santé en général et la santé mentale en particulier ».

Des observations et chiffres tangibles ont permis d’établir que le coronavirus a une incidence certaine sur le moral et la santé mentale des Français dans leur ensemble. « Les sources diffusées par l’Assurance maladie, par exemple, sont assez précises. Elles montrent bien l’impact médico-économique du coronavirus, les difficultés psychiques ressenties par les Français, la forte augmentation des prescriptions de psychotropes comme des arrêts de travail pour troubles psychiques. »

Le président du Syndicat des psychiatres français souligne que l’exceptionnelle situation pandémique actuelle et ses conséquences sur le mental des Français renvoie aux épidémies du siècle dernier, telles que la grippe espagnole ou le VIH. « Et l’on sait que les encéphalites épidémiques ont provoqué de gros dégâts neuropsychologiques, psychiatriques avec des séquelles liées au virus ».

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