Durant le confinement, 40 % de visites en moins chez les médecins

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Par Patricia Guipponi

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Beaucoup de patients ont renoncé aux soins de peur d’une infection au Covid-19 ou d’une surcharge des cabinets. Le docteur Éric Sury, de l’Union régionale des professions de santé de Nouvelle-Aquitaine, dissipe les craintes qui peuvent subsister. Et il rappelle qu’il ne faut pas hésiter à consulter son médecin.

Le confinement a été levé le 11 mai et le constat ne s’est pas fait attendre. Beaucoup de Français ont renoncé aux soins durant cette période. Les établissements de santé ont constaté une baisse de 40 % de leur fréquentation habituelle. Cette chute est similaire pour la médecine de ville. « Chez certains spécialistes, on approche des 90 % de consultations en moins », observe le docteur Éric Sury, coordonnateur du collège de médecine générale de l’Union régionale des professions de santé (URPS) de Nouvelle-Aquitaine.

Ces données nationales, plutôt préoccupantes, le praticien les a également enregistrées à l’échelle de son cabinet. De même que son confrère et voisin, médecin libéral, qui exerce avec lui au centre médical de Chauvigny dans la Vienne.

Chute de fréquentation plus grave sans la téléconsultation

Le renoncement aux soins s’explique par deux raisons principales. D’abord, par la crainte de circuler et d’aller chez son médecin de peur d’être contaminé par le Covid-19. Ensuite, « parce que les gens pensaient que nous étions débordés, justement par le coronavirus. On nous a appelés pour savoir si on ne nous dérangeait pas », souligne le docteur Éric Sury. De ce fait, certaines situations se sont aggravées.

« Une douleur abdominale, si elle n’est pas surveillée dans les 24 heures, peut évoluer en péritonite ; une douleur thoracique, en infarctus », rappelle le médecin. Sans compter l’apparition de pathologies consécutives à la situation anxiogène : insomnies, crises d’angoisse

Toutefois, une chute plus conséquente de la fréquentation des cabinets de médecine de ville a été évitée grâce à la téléconsultation par téléphone ou vidéo. Le maintien du lien avec la patientèle a pu se poursuivre. « L’URPS de Nouvelle-Aquitaine a mis à disposition des généralistes un outil de téléconsultation, créé par et pour les médecins. Ce dispositif a facilité le suivi à distance, permis de lever certaines craintes, de délivrer des ordonnances et des bilans directement au patient ou dans sa pharmacie de référence », poursuit le coordonnateur de l’URPS. L’efficacité du dispositif a été renforcée avec la mise en place immédiate du tiers payant par la Caisse primaire d’assurance maladie.

Une autre façon de pratiquer pour les médecins

La crise sanitaire a modifié la façon de pratiquer de la plupart des médecins. « À présent, nous travaillons avec des masques, des surblouses. Nous devons assimiler un grand nombre de documents administratifs, informatifs, qui peuvent changer du jour au lendemain, et qui demandent d’être encore plus vigilants », reconnaît le généraliste.

Depuis le déconfinement, les cabinets médicaux ont retrouvé l’essentiel de leurs activités en présentiel. « Les téléconsultations sont toujours possibles ». Les mesures sanitaires, de sécurité, de réaménagement des locaux sont maintenues. Cette organisation diffère d’un cabinet à l’autre, selon les surfaces occupées. Les créneaux de visites sont espacés pour éviter une circulation dense et les croisements de patients.

Avec le dépistage, une autre organisation des cabinets médicaux

Des sièges sont condamnés en salle d’attente à cet effet. « Chez nous, nous sommes passés de 12 à 3 places, en enlevant les magazines et les jouets. Certains patients préfèrent attendre dans la voiture que nous les appelions. Nous leur demandons de venir avec un masque, ce qui est le cas pour 80 % d’entre eux », indique Éric Sury. Du gel hydroalcoolique est appliqué sur les mains à l’arrivée et à la sortie.

Une autre organisation est en train de se mettre en place. « Nous rentrons dans une nouvelle phase avec les dépistages. Il va falloir procéder à des modalités comme le repérage des cas contacts, pour casser les chaînes de contamination, dans le respect du secret médical. Cela va demander un travail administratif et de suivi assez lourd ».

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