Etre enceinte après un cancer

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Par Pauline Hervé

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Traitements lourds, risques de récidive… Les difficultés posées par les cancers sont nombreuses. Malgré tout, il est possible de préserver les chances pour une femme d’être enceinte après avoir guéri.

Après un cancer, une femme ne peut plus avoir d’enfants.

Faux. C’est une idée fausse qui a la vie dure. Il existe aujourd’hui des solutions pour préserver la fertilité d’une femme malgré un cancer et ses traitements. Pourtant, les malades, en France, ne reçoivent pas encore assez d’information sur ce sujet, comme le souligne une étude de l’Institut national du Cancer ( InCa) et de l’Agence de biomédecine publiée en 2012. Selon celle-ci, « l’accès à la préservation de la fertilité n’est pas encore effectif pour l’ensemble des patients ayant guéri de leur cancer ».

Florence, qui a eu un diagnostic de double cancer du sein à 37 ans, regrette, elle aussi que ce n’ait pas été la priorité des médecins. « Lorsque vous êtes diagnostiquée, la priorité est de vous soigner, on parle traitement, chirurgie… mais pas maternité. C’est moi qui ai dû revenir avec insistance sur le sujet après. »

Tous les types de cancer posent le même risque d’infertilité.

Faux. « Il faut être précis quand on parle de cancer et des risques d’infertilité, explique le Dr Nasrine Callet, gynécologue et oncologue à l’institut Curie. Il y a des cancers, et tout dépend de son type, de son stade et du traitement envisagé. Dans le cas d’un cancer du col de l’utérus ou des ovaires, si la patiente doit avoir une radiothérapie, et une ablation de l’utérus, c’est évidemment synonyme de stérilité puisque cela touche directement les organes de la reproduction. Ceci étant, selon le stade, on peut cercler le col de l’utérus, conserver les ovaires… »

Dans le cas de leucémies, c’est le traitement et pas le cancer lui-même qui menace la fertilité. Quant au cancer du sein, le plus répandu chez les femmes en âge d’avoir un enfant, c’est aussi le traitement qui pose problème, « mais de nos jours on a de bonnes chances de préserver la fertilité de la femme quand elle aura guéri », souligne le Dr Callet.

Les traitements contre le cancer diminuent la fertilité.

Vrai. Trois grands types de traitements sont utilisés pour combattre les cancers : chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie. En cas de chirurgie pour traiter le cancer, les organes de la reproduction peuvent être touchés et leur fonctionnement altéré.

La chimiothérapie peut être toxique pour les ovaires, et selon l’âge de la femme sous traitement, risque de stopper définitivement leur fonctionnement. En outre, ce traitement dérègle le cycle menstruel, qui se rétablit parfois avec le temps après la fin de la chimiothérapie, mais parfois pas. La radiothérapie, elle, peut provoquer une ménopause précoce si elle est pratiquée sur l’abdomen.

Enfin, dans tous les cas, radiothérapie et chimiothérapie sont formellement contre-indiquées en cas de grossesse en raison des risques de malformation pour le fœtus.

Il existe des solutions médicales pour préserver ses chances d’être enceinte après un cancer.

Vrai. Quand une femme, surtout si elle a moins de 40 ans, apprend un diagnostic de cancer quel qu’il soit, ses médecins doivent lui proposer une solution de préservation de la fertilité. « Beaucoup de patientes sont traumatisées par l’annonce de la maladie et se disent que la question de la maternité est secondaire. Mais quand elles s’en sortent, un peu plus tard, elles voient les choses différemment, c’est pourquoi il est très important d’en parler », souligne le Dr Nasrine Callet.

Différentes techniques médicales permettent de préserver leurs chances d’être enceinte un jour : la préservation des ovocytes par congélation, la congélation d’embryons après fécondation in vitro (uniquement si la femme est en couple et que son conjoint est d’accord) et la « ménopause artificielle » : un traitement qui met les ovaires au repos le temps du traitement par chimiothérapie ou radiothérapie. Dans tous les cas, les médecins conseillent d’attendre quelques années (minimum 3 ans selon les cas) après une rémission pour se lancer dans un projet de grossesse, et d’en parler à son spécialiste auparavant.

Une grossesse pose des risques de récidive de cancer du sein.

Faux. « Dans le cas du cancer du sein, on disait beaucoup autrefois que la malade ne pourrait plus avoir d’enfant, en raison des risques de récidive. Ce n’est plus vrai du tout, car c’est la nature du cancer et son stade et les traitements appropriés ou non qui déterminent le risque de récidive », prévient le Dr Nasrine Callet.

Une étude présentée en 2017 par la société américaine d’oncologie clinique (ASCO) démontre que les femmes qui ont été enceintes après un cancer du sein n’ont pas connu davantage de récidive ou de décès. C’est le cas également pour les cancers du sein de type « hormonodépendants », ceux dans lesquels les cellules cancéreuses sont sensibles à certaines hormones sexuelles féminines secrétées par les ovaires. (Ils représentent 60 à 70 % des cancers du sein).

Avoir eu un cancer pose des risques au bébé pendant la grossesse.

Faux. Si la mère a été traitée contre un cancer dans le passé, la grossesse peut se dérouler normalement, il n’y a pas de risque particulier pour le fœtus. À 39 ans, après avoir subi chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie pour un double cancer du sein, Florence a interrompu son hormonothérapie après sa rémission avec l’accord de son médecin, le temps de sa grossesse. « Tout s’est bien passé et la naissance fut une véritable revanche sur le passé. Mon envie de maternité était tellement présente, je ne regrette pas d’avoir insisté », se réjouit celle qui a prénommé sa fille… Victoire.

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