Insuffisance cardiaque : les signes à connaître pour la traiter à temps

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Par Pauline Hervé

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L'insuffisance cardiaque touche 1,5 million de Français, sans compter les 400 000 à 700 000 autres qui en souffriraient sans le savoir. Il est important de la détecter et de la prendre en charge au plus tôt pour limiter le handicap de cette maladie chronique et assurer une bonne qualité de vie.

Qu'est-ce que l'insuffisance cardiaque ?

C'est une pathologie qui désigne l'incapacité du muscle cardiaque à assurer normalement sa fonction. Le cœur « fatigue » et ne pompe plus suffisamment le sang vers les autres organes.
Elle apparaît d'abord lors des efforts physiques, puis dans les situations de repos. Le cœur s'adapte à sa faiblesse musculaire en accélérant ses battements, puis en augmentant de volume. Sans traitement, les signes s’aggravent parfois rapidement. Si elle n'est pas diagnostiquée à temps, ou pas bien traitée, l'insuffisance cardiaque, en phase aiguë, peut provoquer un œdème pulmonaire et le décès. « Néanmoins, avec une prise en charge adaptée, on peut vivre normalement avec cette affection chronique », souligne le Dr Frédéric Mouquet, cardiologue spécialiste en insuffisance cardiaque et prise en charge des cardiomyopathies à l'hôpital privé Le Bois, à Lille.

Qui touche-t-elle ?

Plus d'1,5 million de Français sont atteints d'insuffisance cardiaque, selon l'Assurance maladie, qui estime par ailleurs qu'entre 400 000 et 700 000 personnes en souffrent sans le savoir. Elle touche particulièrement les plus de 60 ans car les facteurs de risque augmentent avec l'âge.
« Chez les plus de 70 ans, elle atteint une personne sur dix, puis une sur quatre après 85 ans », ajoute le Dr Mouquet. C'est aussi la première cause d'hospitalisation après 65 ans, et 700 000 personnes en meurent chaque année en France, selon la Société française de cardiologie.
Avec le vieillissement de la population, la fréquence de l'insuffisance cardiaque va augmenter de 25 % tous les quatre ans dans les années à venir, précise l'Assurance maladie, qui a lancé une campagne de sensibilisation sur les signes à connaître.

Quelles sont les causes de l'insuffisance cardiaque ?

Dans la population générale, la première cause d'insuffisance cardiaque est l'infarctus du myocarde et ses suites. Cependant, « on peut distinguer différents facteurs de risques d'insuffisance cardiaque selon les tranches d'âge », détaille Frédéric Mouquet.
-      Chez les plus de 70 ans : les troubles du rythme cardiaque comme l'arythmie, ainsi que des pathologies chroniques comme le diabète et l'hypertension artérielle, « quand elles ne sont pas bien contrôlées par un traitement », précise le cardiologue.
-      Entre 45 et 70 ans : l'infarctus du myocarde.
-      Chez les moins de 45 ans : des cardiomyopathies (maladies du muscle cardiaque) dues à l’hérédité ou, de façon beaucoup plus marginale, à des facteurs toxiques comme la consommation excessive d'alcool ou de drogue.

Quels sont les symptômes ?

Les cardiologues utilisent, pour communiquer simplement sur les signes de l'insuffisance cardiaque, un moyen mnémotechnique : l'acronyme EPOF.
• E comme Essoufflement.
Celui-ci est provoqué par la pression du sang qui augmente dans le cœur et dans les poumons.
P comme prise de poids. Dans le cas d'une insuffisance cardiaque, celle-ci est très rapide, de l'ordre de deux à trois kilos en moins d'une semaine. Elle est causée par de la rétention d'eau, elle-même conséquence d'un mauvais fonctionnement des reins moins bien irrigués en sang.
O comme Œdème, résultat visible de la rétention d'eau, au niveau des jambes, des mollets ou du ventre.
F comme Fatigue importante.
Si vous présentez un ou plusieurs de ces signes, n'hésitez pas consulter votre médecin traitant. « L'errance diagnostique des personnes insuffisantes cardiaques est due au fait que l'on met trop souvent ces symptômes sur le compte de l'âge ou de pathologies annexes, explique le Dr Mouquet. Le plus difficile pour les généralistes ou les patients, est simplement de penser à une possible insuffisance cardiaque ».
Ensuite, le diagnostic est rapide et facile à poser. Une simple prise de sang permet de détecter des marqueurs biologiques présents en cas d'insuffisance cardiaque (des molécules appelées BNP ou ProBNP). Le patient est alors dirigé vers un cardiologue, qui demande si besoin d'autres examens : radio du thorax, électrocardiogramme, échodoppler... pour vérifier les anomalies et la taille du cœur, et prescrire le traitement adéquat.

Quels traitements contre l'insuffisance cardiaque ?

L'insuffisance cardiaque est une affection chronique. Autrement dit, on n'en guérit pas. Elle peut néanmoins être bien contrôlée grâce au traitement, qui repose sur deux piliers.
Une hygiène de vie adaptée, avec un régime pauvre en sel (pour éviter la rétention d'eau et l'hypertension) et pauvre en graisses (pour éviter les problèmes cardiovasculaires), ainsi que de l'activité physique. Dans certains cas, il peut être prescrit de la réadaptation cardiaque, réalisée dans une structure médicale pour apprendre à réentraîner son cœur à l'effort.
Un traitement médicamenteux incluant notamment des diurétiques et des bétabloquants.
Dans certains cas, on peut implanter un défibrillateur cardiaque automatique pour pallier les problèmes d'arythmie.

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