Qu’est-ce que la DMLA et peut-on la soigner ?

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Par Peggy Cardin-Changizi

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La DMLA est une maladie insidieuse, qui apparaît souvent sans signes d’alerte perceptibles par les patients. D'abord considérée comme liée au vieillissement rétinien, des facteurs de risques environnementaux (comme le tabac) puis génétiques ont été associés à la survenue de cette pathologie évolutive. Comment la dépister et comment la traiter ?

Avez-vous déjà entendu parler de la DMLA, la dégénérescence maculaire liée à l'âge ? Sous cet acronyme, se cache une maladie évolutive qui peut avoir de lourdes conséquences sur le plan visuel allant jusqu’à la perte de la vision centrale. En France, elle constitue la première cause de malvoyance après 50 ans et touche environ 1 million de personnes, dont 30 % de plus de 80 ans.
« En raison du vieillissement de la population et de l’augmentation de la durée de vie, la DMLA est un enjeu majeur de santé publique », souligne le professeur Nicolas Leveziel, chef du service d’ophtalmologie du CHU de Poitiers.

La DMLA : une pathologie de la macula

La maladie s’attaque principalement à la macula, c’est-à-dire la zone centrale de la rétine située à l’arrière de l’œil. Composée de différentes cellules et de photorécepteurs, la macula assure une vision fine et précise (comme la lecture de petits caractères ou la reconnaissance des visages) et la perception des couleurs. « C’est pour cela, qu’en cas de DMLA, ni la vision périphérique ni le champ visuel ne sont touchés, ce qui permet aux patients malades de pouvoir encore se déplacer ».

Une phase précoce : la MLA

La DMLA débute par une phase précoce, sans dégénérescence, appelée la « maculopathie liée à l’âge » (MLA). « Elle se caractérise par l’accumulation de petits dépôts (appelés « drusen ») au niveau de la macula. On peut les observer avec un simple fond d’œil, lors d’une consultation de routine, en cabinet. La MLA est le plus souvent asymptomatique, mais des déformations des lignes droites (des métamorphopsies) peuvent venir gêner le patient ».
Si une MLA peut rester stable pendant des années, elle peut aussi évoluer en formes dégénératives, donc en DMLA : elle peut être, à répartition équivalente, atrophique (sèche) ou exsudative (humide). « Ces deux formes conduisent à une dégradation irréversible de la macula et à une perte de la vision centrale ».

Des injections dans l’œil pour la forme exsudative

Deux formes caractérisent la maladie. « La DMLA exsudative est classiquement la plus sévère mais bénéficie d’un meilleur pronostic puisque des traitements existent », répond le Pr Leveziel. « Il s’agit d’injections dans l’œil qui vont réduire la progression de la maladie et des troubles associés ». La fréquence des injections varie en fonction de l’activité clinique de la maladie. Elles se déroulent en conditions stériles, en établissement de soin ou en cabinet.
« En complément, on peut prescrire des compléments alimentaires riches en antioxydants et en minéraux, qui peuvent aussi ralentir la progression de cette forme de DMLA ». Ces produits ne sont pas remboursés. La DMLA exsudative évolue rapidement si elle n’est pas prise en charge, avec une perte rapide de la vision centrale.

DMLA atrophique : des recherches pour trouver un traitement

La DMLA atrophique évolue en revanche, plus lentement. Il s’écoule en général quelques années avant que le patient ne perde sa vision centrale. « Pendant cette période, il conserve une vision relativement satisfaisante malgré une gêne pour la vision précise ». Il n’existe pas actuellement de traitement pour la forme atrophique. « Des recherches sont menées pour trouver un médicament qui pourrait ralentir la dégradation de la vision », ajoute le Dr Jean-François Girmens, ophtalmologiste, praticien hospitalier à l’hôpital national des 15-20 à Paris.

Le tabac comme facteur de risque

Si la DMLA est principalement liée à l’âge (la maladie apparaît le plus souvent après 60 ans), elle résulte également d’autres facteurs, comme le tabac. « Il augmente de 2 à 4 fois le risque de survenue de la maladie », reconnaît le professeur Leveziel. L’origine génétique est aussi démontrée. « Le risque de développer une DMLA est plus important si un parent ou un membre de la fratrie en est atteint. D’où l’intérêt d’un dépistage en cas d’antécédents familiaux ». A noter que l’on peut être porteur des facteurs de risque génétiques de la maladie sans la développer.
Une alimentation trop riche en lipides saturés pourrait aussi être néfaste. « On préconise aux patients une alimentation riche en acides gras polyinsaturés, notamment en oméga 3 (poissons gras de type saumon, thon, maquereau), ainsi qu’en fruits et légumes, mais aussi une activité physique régulière ».

Une prise en charge psychologique

« Quel que soit l’âge, à partir du moment où le patient commence à constater des changements au niveau de sa vision, la DMLA devient un handicap, certes invisible, qui va bouleverser ses gestes au quotidien, comme la conduite », complète le Dr Girmens. Pour accompagner les patients, on peut leur proposer des systèmes optiques grossissants ou de la rééducation qui va mobiliser des zones de la rétine non touchées. Cela peut se faire en téléconsultation.
Mais lorsqu’ils sont considérés comme malvoyant (c’est-à-dire lorsque leur acuité visuelle est inférieure à 3/10e pour le meilleur œil), ils sont orientés vers un centre de basse vision. « Ce lieu de soins réunit une équipe pluri-professionnelle (ophtalmologiste, orthoptiste, opticien, psychologue, assistante sociale…) qui va analyser leurs besoins, tant médicaux que psychologiques, conclut le professeur Leveziel. « Le but étant de maintenir leur autonomie et leurs habitudes de vie ». Des associations de patients, comme l’association DMLA, peuvent également les accompagner.

Par Peggy Cardin-Changizi

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