Qu’est-ce que la gale et comment la soigner ?

Publié le , actualisé le

Par Paola Da Silva

Temps de lecture estimé 6 minute(s)

Illustration
© Getty Images

Sommaire

La gale, ou scabiose, est une maladie contagieuse qu’on a cru pendant longtemps éradiquée. Causée par un parasite, et sans réelle gravité, la gale souffre d’une mauvaise image liée au passé.

Le docteur Marc Perrussel est dermatologue à Auray (56) et attaché à l’hôpital Pontchaillou du CHU de Rennes. Il est vice-président du syndicat national des dermatologues-vénéréologues. Il détaille les différents aspects de la gale, encore appelée scabiose. Cette maladie contagieuse cause des démangeaisons importantes, notamment la nuit. Parfois difficile à diagnostiquer, elle se soigne néanmoins bien. Mais elle reste victime d’idées reçues.

La gale : une maladie oubliée mais qui revient

Qu’est-ce que la gale ?

Marc Perrussel : La gale est une parasitose. Pour simplifier, on peut la définir comme une infection parasitaire, c’est à dire une infection due à un parasite qui entre dans la peau et le cuir chevelu et s’y reproduit. C’est une maladie contagieuse, dont la contamination provient toujours de contacts entre humains, jamais de contacts avec des animaux.

On croit souvent que cette maladie n’existe plus. Or, ce n’est pas le cas. Pourquoi la gale revient-elle ces dernières années ?

Marc Perrussel

M.P. : La gale a toujours existé en France de façon plus ou moins importante. L’ampleur actuelle vient peut-être du fait qu’on l’avait un peu oubliée ces dernières décennies et qu’on n’y pense pas forcément en cas de démangeaisons. Elle provoque un certain choc psychologique chez les personnes qui en sont atteintes. C’est lié au terme « galeux », qui renvoie à des images du passé autour de la saleté. Des images aujourd’hui fausses.

Une multitude de facteurs a également augmenté le nombre de contaminations : les voyages fréquents à l’étranger dans des pays où la gale est loin d’être éradiquée, les conditions de vie des SDF par exemple ou encore la promiscuité de certains lieux de vie. Si la gale se propage dans un EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) par exemple, tous les résidents peuvent être contaminés.

Qu’est-ce qu’une parasitose ?

La parasitose englobe toutes les maladies induites par un parasite. Les parasites étant des organismes dont la survie et le développement dépendent de l’hôte qui les héberge. Les parasitoses les plus connues sont la gale, la toxoplasmose, le paludisme ou encore la pédiculose du cuir chevelu, qui est due aux poux de tête. Le nom scientifique du parasite de la gale est Sarcoptes Hominis.

Combien de personnes sont touchées par la gale ?

M.P. : Il n’existe pas de données nationales et territoriales exhaustives. Ce que nous savons néanmoins, à partir des données nationales de 2005 à 2009, c’est que le nombre annuel moyen de cas de gale est estimé à environ 350 cas pour 100 000 habitants.

Ces chiffres se basent sur les ventes des molécules prescrites en cas de gale. Une hausse considérable des cas de gale serait visible après 2009, toujours constatée d’après ces ventes. Néanmoins, il pourrait s’agir d’une estimation biaisée, puisque l’on comptabilise les produits nouvellement remboursés à partir de cette date.

Ce n'est pas une maladie liée à l'hygiène

Comment l’attrape-t-on ? Est-ce une maladie très contagieuse ?

M.P. : La gale est contagieuse mais pas très contagieuse. Elle se diffuse par contact prolongé peau à peau : parler à quelqu’un en face à face par exemple n’est pas suffisant pour être contaminé. Mais, s’asseoir longtemps dans une banquette peut suffire, tout dépend du nombre de parasites présents. On peut également attraper la gale lors d’un rapport sexuel ou simplement en dormant à côté de quelqu’un.

Les gens sont souvent catastrophés quand on leur annonce le diagnostic à cause de notions du passé qui resurgissent. Or, ce n’est qu’un parasite, comme les poux. Et il est primordial de rappeler que la gale n’est pas une maladie liée à la saleté. On peut être propre et attraper la gale !

Démangeaisons, cloques… sont les premiers signes de la gale

Quels sont les symptômes de la gale ? Comment la reconnaître ?

M.P. : Les démangeaisons sont toujours les premiers symptômes. On parle de prurit vespéral : les personnes se grattent la nuit car c’est à ce moment que le parasite pond et creuse des tunnels sous la peau. Ces démangeaisons sont souvent insupportables et empêchent les personnes de dormir. Ce sont souvent ces démangeaisons de nuit qui conduisent les patients à consulter.

Ensuite, apparaissent en général des petits tunnels et des cloques, souvent entre les sillons des doigts, qui sont des signes spécifiques à la gale. Enfin, des nodules peuvent apparaître sous la peau au niveau des bourses pour les hommes et des mamelons pour les femmes, mais ce sont des signes tardifs.

Certains signes cutanés non spécifiques peuvent être présents comme des stries de grattage, des croûtes ou des écorchures. La peau peut également s’épaissir à force de se gratter et un eczéma peut apparaître.

Enfin, le fait que le dos soit l’endroit du corps le moins touché doit faire penser à la gale. En effet, beaucoup de gens dorment sur le dos la nuit. Or, le Sarcopte se déplace la nuit. Il pond donc moins à cet endroit où s’exerce une forte pression avec le matelas.

Quelles différences avec l’eczéma, l’urticaire ou les punaises de lit ?

Comment être sûr que c’est la gale ?

M.P. : Pour être tout à fait sûr d’être en présence de la gale, il faut qu’un médecin généraliste ou un dermatologue l’identifie grâce à un dermatoscope. Cet instrument d'examen cutané comprenant un système grossissant et une source de lumière permet au praticien d'affiner son observation. Les images sont typiques de la gale. Il est également possible de gratter une plaie et de regarder au microscope si le parasite est présent.

Comment faire la différence avec de l’eczéma ou de l’urticaire ? Avec des piqûres de punaises de lit ?

M.P. : Il peut être difficile de la distinguer de l'eczéma car la gale peut provoquer des signes d’eczéma ! La principale différence vient du fait que les gens se grattent la nuit. Les piqûres de punaises de lit sont, quant à elles, anesthésiantes. Elles posent problème dans la journée, donnent des lésions caractéristiques et ne gênent pas la nuit.

Enfin, l’urticaire est très facile à différencier de la gale car elle n’a pas du tout le même aspect. Ce sont des plaques rouges gonflées situées à la surface de la peau, qui ressemblent à des piqures d’orties ou de moustiques.

La gale se soigne bien

Combien de temps dure-t-elle ?

M.P. : La maladie dure le temps qu’on arrive à bien la diagnostiquer, car on la confond souvent avec de l’eczéma. Ensuite, il faut compter 8 jours de traitement et 28 jours en tout, le temps que la peau se renouvèle complètement.

Quel est le traitement de la gale ?

M.P. : On soigne les personnes atteintes avec un médicament par voie orale contenant une molécule nommée Ivermectine. Il y a deux prises : une le premier jour et une à J+8. On peut également prescrire des antihistaminiques (habituellement utilisés en cas d’allergies) et/ou des corticoïdes en cas de démangeaisons.

Il faut aussi préciser que l’entourage proche de la personne contaminée doit être soigné ou la classe d’un enfant s’il va à l’école. Enfin, il faut prendre des mesures de décontamination des vêtements et des draps, en les enfermant dans un sac pendant au moins huit jours le temps de tuer le parasite.

Il est important de rassurer les personnes et ne pas se traumatiser si on attrape la gale. Ce n’est pas une maladie grave et son traitement est simple.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Ce site utilise un système anti- spams pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

A découvrir