Un fibrome utérin est une tumeur dite bénigne (donc non cancéreuse) qui apparaît dans le muscle de l’utérus. On parle aussi de fibromyome ou de myome de l’utérus. Il peut se développer sur la paroi de l’utérus, grossir vers l’extérieur ou vers l’intérieur. Sa taille varie de moins d’un millimètre à toute la taille de l’utérus et il peut peser plusieurs centaines de grammes. Une femme peut avoir plusieurs fibromes à la fois ou successivement.
Les raisons exactes de l’apparition d’un fibrome sont encore inconnues. Néanmoins, on sait qu’ils sont hormono-dépendants : leur développement est influencé par les hormones sexuelles, particulièrement les œstrogènes, les hormones féminines », explique le Pr. Jean-Luc Brun, gynécologue au CHU de Bordeaux et vice-président de la Société française de gynécopathologie.
On estime qu’une femme sur trois en moyenne est touchée par un fibrome. « Il concerne surtout les femmes entre 30 et 50 ans », souligne le Pr Brun. Certaines femmes sont plus à risque de développer un fibrome utérin. Pour des raisons génétiques, chez les femmes d’origine afro-antillaise, une personne sur deux est touchée, et à un âge plus jeune que dans le reste de la population, parfois dès l’adolescence. « Chez les femmes d’origine européenne, le fibrome est plus fréquemment symptomatique après 40 ans », précise le gynécologue.
D’autres facteurs, comme le fait de ne pas bloquer le cycle par une pilule ou de ne pas avoir eu d’enfant, jouent également un rôle dans la possible apparition d’un fibrome. « Ces deux situations sont associées à une hyper-oestrogénie relative. Mais ces deux causes sont mineures en comparaison avec la génétique », ajoute-t-il.
Le fibrome utérin est la première cause d’hystérectomie (ablation de l’utérus) en France : « plus de 65 000 cas par an selon la Haute autorité de santé », rapporte Angèle Mbarga, présidente de l’association Fibrome Info France, qui se bat pour que le fibrome utérin « soit reconnu comme un sujet de santé publique ».
Un fibrome peut ne causer aucun symptôme et passer inaperçu. C’est d’ailleurs le cas « pour 80 % d’entre eux », précise le Pr. Brun. Beaucoup de fibromes ne sont découverts que lorsqu’une femme a des problèmes de fertilité, lors des examens exploratoires. Néanmoins quand les symptômes sont présents, ils peuvent nuire à la qualité de vie des femmes, voire être très handicapants.
Les plus fréquents sont :
En présence d’un ou plusieurs de ces symptômes, il est recommandé de consulter un médecin. Outre les symptômes, le diagnostic du fibrome se fera avec des examens complémentaires comme une échographie. La présidente de Fibrome Info France regrette que les symptômes du fibrome soient encore trop souvent considérés comme anodins par les médecins. « En moyenne, chez les femmes que nous suivons, l’errance médicale avant le diagnostic est de deux ans », témoigne Angèle Mbarga, qui a elle-même vécu cette situation.
S’ils ne sont pas traités, ces symptômes peuvent engendrer des complications :
Il n’existe aucun traitement pour faire disparaître définitivement les fibromes. On a recours à des médicaments pour réduire les symptômes les plus gênants. Si la femme ne ressent aucun symptôme qui nuit à sa qualité de vie, on ne traite pas le fibrome.
La recherche se concentre davantage sur les traitements des fibromes que sur ses causes. « On ne dispose plus aujourd’hui de médicament pour réduire leur taille, explique le Pr Brun. Beaucoup ont été retirés du marché en raison de leurs effets secondaires lourds ». Un nouveau médicament devrait être mis sur le marché dans les deux années à venir. Il s’agit d’un antagoniste de la GnRH (une hormone sécrétée par le cerveau qui contrôle la production des œstrogènes). « Les études montrent que ce traitement, administré par voie orale, bloque le développement du fibrome, et peut aussi réduire son volume », souligne le gynécologue.
Le Pr Brun évoque aussi des avancées pour intervenir sur les fibromes sans chirurgie, comme les myolyses. « Il s’agit d’une destruction du fibrome par des ultrasons diffus ou par radiofréquence ». Ces techniques peuvent faire fondre les fibromes peu invasifs. La myolyse par ultrasons de haute intensité est notamment proposée au CHU de Bordeaux. Mais cet acte n’est pas pris en charge par l’Assurance maladie, la Haute autorité de santé ne l’ayant toujours pas validé.