Le Rire Médecin redonne aux enfants l’envie de s’amuser

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Par Paola Da Silva

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
© Jean-Dominique Billaud

Depuis plus de 26 ans, les clowns du Rire Médecin égayent le quotidien des enfants hospitalisés. Moral, douleur ou anxiété… L’effet est bénéfique sur de nombreux plans. Reportage au CHU de Nantes.

6 étages, des centaines de mètres de couloirs… La pédiatrie du CHU de Nantes est l’un des pôles hospitaliers dédiés aux enfants les plus importants de l’ouest de la France. Située à proximité immédiate des services pour adultes, elle regroupe une dizaine de spécialités et accueille des enfants de 0 à 18 ans atteints de tous types de pathologies.

4 jours sur 5, depuis plus de 20 ans, deux clowns du Rire Médecin arpentent les longs couloirs de la pédiatrie. Leur arrivée s’entend de loin. Leur tenue leur permet d’être vite identifiés. « Nous sommes pourtant habitués à les voir dans le service, raconte Hélène, infirmière en pédiatrie générale. Mais il nous arrive encore d’être surpris par ce bruit. Ils mettent vraiment de l’ambiance ».

Ce jeudi matin, ce sont Marie et Sophie, comédiennes professionnelles et salariées de l’association qui ont enfilé la tenue de clown. Elles doivent se produire toute la matinée en pédiatrie générale, puis monteront vers 14 h dans le service d’oncologie pédiatrique.

Une journée planifiée et rythmée

« Nous passons entre 6 et 7 heures par jour à l’hôpital, explique Marie Rechner, clown au sein du Rire Médecin. 9 clowns alternent au CHU de Nantes, toujours en duo. « Nous arrivons le matin vers 9 h 30 pour les transmissions avec le personnel soignant. Ils nous font un point synthétique sur les pathologies, l’état de santé, de fatigue, et l’humeur de chaque enfant. Ils nous préviennent s’il y a un contexte social particulier à connaître. Nous sommes bien évidemment tenus au secret médical. » Cette étape, essentielle à leur travail, leur permet d’adapter leur intervention à chaque enfant et à chaque situation.

Vient ensuite la phase de transformation. Marie et Sophie prennent environ 15 minutes pour se changer, se maquiller, et donner vie à leurs personnages respectifs, Lola et Sidonie Bidon.

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Uniquement de l’improvisation

Chaque journée est différente. Il faut s’adapter au nombre d’enfants présents, à ceux qui dorment, prennent des cours ou s’occupent dans la salle de jeux. C’est dans cette dernière pièce que Lola et Sidonie Bidon commencent leur spectacle. En chantant.

« Nous ne faisons que de l’improvisation. Parfois nous chantons ou jouons de la musique, c’est en fonction de ce qui nous vient », explique Sophie, alias Sidonie Bidon. Catherine, l’éducatrice du service, est mise à contribution pour ce spectacle improvisé. Les enfants, interrompus, sont surpris, mais se laissent vite prendre au jeu.

Hugo et son père découvrent pour la première fois les clowns. « Elles ont su improviser rapidement en fonction de la réaction des enfants, raconte Vincent, papa d’Hugo. « Ça m’a fait rire, et ça a fait rire Hugo. Elles apportent vraiment quelque chose ».

Les clowns ont appris des astuces au fil du temps pour créer des liens plus vite. « Mais il y a parfois des flops, raconte Sophie en souriant. On l’accepte sans problème, ça fait partie du métier. »

Passer voir chaque enfant

Vient ensuite le passage dans chaque chambre. Il faut encore s’adapter lorsque les enfants sont alités ou en fauteuil. Katel, 12 ans, et sa maman Laura, se font clairement « avoir » par l’arrivée de Sidonie et Lola. « Katel les entendait à côté, elle avait peur que ce soit pour les bébés, raconte Laura. Elles ont déboulé d’un coup, comme un cheveu sur la soupe, avec une prestation un peu délirante. Elle a participé, je l’ai vu sourire. C’est exactement ce qu’il lui fallait. Ça l’a forcée à sortir de la bulle que peut être sa chambre. »

Parfois néanmoins, certains enfants refusent de voir les clowns, notamment chez les adolescents. « Ils ont le droit, explique Marie Rechner. « Ça peut leur faire du bien. C’est un des rares moments à l’hôpital où ils ont le droit de dire non. Il nous arrive même de chercher à nous faire mettre dehors, pour les faire réagir. »

Du sur-mesure

Marie et Sophie exercent en tant que clown à l’hôpital depuis plus de 10 ans. Leur formation de comédienne ainsi qu’un solide suivi par l’association leur permet de prendre du recul lorsque les situations sont vraiment difficiles. Car les soignants leur demandent parfois d’être là lors d’un soin, ou d’un acte compliqué. Une ponction lombaire par exemple.

« Nous venons pour occuper les enfants, détourner leur attention de l’acte. Nous restons beaucoup plus longtemps dans ces cas-là. Il nous arrive alors souvent de chanter. C’est du sur-mesure ».

Les deux comédiennes s’accordent toutefois pour dire que le positif l’emporte largement sur le négatif dans leur fonction : « c’est extrêmement gratifiant de réussir à créer du lien avec les enfants et les parents. Les soignants se confient également à nous. Savoir que nous sommes aussi attendus est une récompense. »

Le Rire Médecin en chiffres

L’association le Rire Médecin, reconnue d’intérêt général, œuvre depuis 26 ans dans 15 hôpitaux et 46 services pédiatriques en France.

Une centaine de clowns en tout proposent plus de 80 000 spectacles chaque année aux enfants et à leurs familles. Pour en savoir plus : Le Rire Médecin, où agissent les clowns ?

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