Lutte contre l’infertilité : quoi de neuf ?

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Par Pauline Hervé

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Un couple français sur six consulte au moins une fois dans sa vie pour des difficultés à concevoir un enfant. L’assistance médicale à la procréation est désormais une technique bien maîtrisée. Les progrès se tournent maintenant vers la prévention et l’information.

Un couple sur dix suit au moins un traitement pour remédier à des problèmes d’infertilité, selon l’agence de la biomédecine française. Ce chiffre augmente chaque année, un phénomène « logique », pour les spécialistes comme le Pr Nathalie Massin, endocrinologue et responsable du centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) au Centre hospitalier intercommunal de Créteil.

« L’âge des femmes à la première grossesse (28,5 ans) n’a cessé de reculer », explique le professeur, qui reçoit en consultation des femmes de 34 ans en moyenne. « Pas forcément parce qu’elles ont attendu pour leur carrière, parfois c’est le conjoint qui prend son temps. Il y a aussi celles qui ont attendu de trouver ″le bon″. On envisage un enfant plus tard. Or cela joue sur la fertilité, tout comme la baisse mondiale de qualité du sperme qui a été démontrée par plusieurs études », souligne-t-elle.

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Qu’est-ce que l’infertilité ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé, un couple connaît des problèmes d’infertilité s’il ne parvient pas à une grossesse après un an de rapports réguliers, avant l’âge de 36 ans chez la femme. Le collège des gynécologues obstétriciens de France recommande, passé cet âge, de ne pas attendre et de consulter au bout de six mois.

Des techniques désormais rodées

Les techniques médicales et l’innovation scientifique continuent d’avancer pour aider les couples face à ces obstacles. Les centres d’assistance médicale à la procréation (AMP) français proposent des techniques médicales pointues, dorénavant très rodées : la stimulation ovarienne (traitement hormonal pour aider à une ovulation de qualité), l’insémination artificielle (injection du sperme directement dans l’utérus), la fécondation in vitro (mise en contact, en laboratoire, des spermatozoïdes et de l’ovocyte prélevés au préalable, puis transfert de l’embryon obtenu dans l’utérus).

Selon l’agence de la biomédecine, plus de 147 000 tentatives d’AMP ont ainsi été effectuées en 2016 et presque 3 % des enfants nés en France chaque année ont été conçus ainsi.

Grossesse après un cancer

Les innovations médicales permettent, en outre, aux personnes malades et suivant un lourd traitement de garder l’espoir de pouvoir avoir un enfant après leur guérison. Les techniques de congélation des spermatozoïdes, des ovocytes, du tissu ovarien ou même des embryons permettent désormais de proposer à toute personne atteinte d’un cancer une préservation de sa fertilité, comme le fait le Dr Nasrine Callet, gynécologue oncologue à l’Institut Curie.

« Beaucoup de patientes sont traumatisées par l’annonce de la maladie et se disent que la question de la maternité est secondaire. Mais quand elles s’en sortent, un peu plus tard, elles voient les choses différemment. »

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Don d’ovocytes : le manque français

En France, le don de gamètes (spermatozoïdes pour les hommes, ovocytes ou ovules pour les femmes) progresse, mais trop lentement par rapport aux besoins des couples infertiles. En 2016, 746 femmes et 363 hommes ont fait un don, selon l’agence de biomédecine alors que plus de 3 000 couples sont en attente. Et nombreux sont ceux qui se tournent vers des pays étrangers face aux délais très longs en France. En cause : une méconnaissance de ce don et les règles strictes qui l’entourent. Il faut être en bonne santé, avoir entre 18 et 37 ans pour les femmes ou 18 à 45 ans pour les hommes.

Fertilité check-up

L’innovation se joue aussi dans le champ de la prévention et de l’information, comme au Centre hospitalier intercommunal de Créteil, où travaille le Pr Nathalie Massin. Il propose depuis octobre 2018 une consultation unique en France, baptisée « Fertilité check-up ». « C’est un examen simple et rapide (échographie) qui n’existait pas jusqu’à présent et qui fait un point complet sur la réserve ovarienne, la qualité de l’utérus et la perméabilité des trompes. Il fallait auparavant effectuer au moins trois examens différents pour cela ».

Le progrès technique se met au service d’un constat. « Le bilan de fertilité est trop souvent un bilan d’infertilité, déplore le Pr Massin. On ne consulte qu’une fois qu’on a un partenaire stable, un projet d’enfant et… que cela ne fonctionne pas. »

Le « Fertilité check-up », au coût de 350 euros pas encore pris en charge par l’Assurance maladie, permet si besoin de modifier ses projets (ne pas trop attendre si l’on apprend que sa réserve ovarienne est basse) ou de se rassurer. L’information sur la fertilité reste, pour le Pr Massin, un enjeu énorme auprès des jeunes couples. « Ils ont souvent l’impression que la médecine a tous les pouvoirs. Ce qui n’est pas le cas car, je le répète, passé 40 ans chez une femme, même avec une FIV (Fécondation in Vitro), les chances de conception sont plus faibles ».

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Découvrir cette nouvelle technique qui permet de faire le point sur sa fertilité.

L’endométriose : une cause d’infertilité peu connue

Longtemps ignorée et encore peu diagnostiquée, l’endométriose touche près d’une femme sur dix. Cette maladie concerne l’endomètre (le tissu qui tapisse l’utérus). Elle se manifeste notamment par de violentes douleurs lors des règles, elles-mêmes particulièrement abondantes. Elle est une cause d’infertilité pour 30 à 40 % des femmes qui en souffrent, selon Endofrance, l’association française de lutte contre l’endométriose. Souvent diagnostiquée à l’occasion d’un bilan d’infertilité, cette maladie n’a aucun traitement définitif. Mais la repérer plus tôt peut éviter une perte de temps à une femme qui projette une grossesse.

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