Maladie de Lyme : Laura Arnal témoigne de son combat et de sa guérison

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Par Patricia Guipponi

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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© ©Olivier Calas

Piquée par une tique infectée, Laura Arnal a vécu des années d’errance médicale avant que la maladie de Lyme soit diagnostiquée. Soignée aux Etats-Unis, elle a écrit un livre sur son histoire, tient un blog sur la pathologie et est devenue une patiente-experte très active.

Laura Arnal revient de loin. Cette ingénieure de métier de 47 ans a traversé des années de souffrances et d’errance médicale avant que ne soit traitée sérieusement la maladie de Lyme , ou borréliose de Lyme, qui la rongeait. Quand les premiers signes de la pathologie transmise par la piqûre de tique infectée se font ressentir, elle a 35 ans. Elle est installée depuis peu en Allemagne avec son mari et leurs trois enfants. « Pour fêter ce changement de vie, nous avons effectué un voyage aux Etats-Unis en camping-car », raconte-t-elle.

Le périple entre New-York et Boston ravit la petite famille. Mais à son retour, Laura a de la fièvre et mal à la gorge. Elle pense alors qu’il s’agit de la fatigue liée au voyage, à la reprise du quotidien et aux enfants à gérer. « D’autant plus qu’en 18 heures, je n’avais plus rien. » Or, elle fait par la suite des sinusites à répétition, éprouve des douleurs aiguës aux dents, aux articulations, au bas du dos, une fatigue lancinante. « Et certains jours, j’y voyais mal. »

Plusieurs médecins consultés avant le diagnostic

Laura Arnal trouve des excuses pour contourner son état de santé déclinant, ne prend pas au sérieux ces signes persistants. Jusqu’à ce que tout s’accélère : tachycardies, genoux douloureux, démangeaisons sous-cutanées, pertes de mémoire… Elle effectue des examens médicaux qui démontrent qu’il n’y a aucun problème. « Devant tant d’incompréhension, je souffrais en silence », poursuit Laura. « On me disait que c’était dans ma tête. »

Trois ans après les premiers symptômes ressentis, elle ne peut plus marcher et est hospitalisée. Des piqûres épidurales de cortisone lui sont administrées. Elle subit une intervention de cryothérapie pour ses tachycardies. Son mal empire sans que les médecins qui la suivent comprennent pourquoi. « J’ai vu 69 praticiens en tout et en vain. »

Un médecin interniste* l’examine minutieusement et l’écoute attentivement. « Il m’a dit que j’avais la maladie de Lyme associée à d’autres pathologies infectieuses dont une babésiose**. » Ce diagnostic lui semble enfin logique. « Il correspondait à ce que l’ingénieur que je suis avait pu lire et trouver en cherchant de mon côté. Cela ne m’a guère étonnée. Lorsque nous campions aux États-Unis, certains endroits étaient infestés de tiques. »

Se référer au tableau symptomatologique de la maladie de Lyme

Les tests de dépistage de la maladie de Lyme sont toutefois négatifs. « Les prises de sang ne montraient pas d’anticorps. Mon corps était si épuisé qu’il ne combattait plus. » Pourtant, elle présente une quarantaine de symptômes liés à la borréliose et à des maladies vectorielles à tiques. D’où, selon elle, la nécessité pour les médecins de se référer aussi au tableau symptomatologique de la maladie de Lyme pour ne pas passer à côté d’un diagnostic.

Après la consultation infructueuse de trois spécialistes en Allemagne, un en Belgique et des traitements inefficaces, Laura Arnal décide de partir se soigner aux États-Unis. « C’était mon dernier espoir. On a cassé pour cela notre tirelire. » Tous les deux mois, elle se rend alors chez un médecin de ville réputé. En 2016, elle débute un traitement à base d’antibiotiques conjugué avec de la médecine intégrative (phytothérapie, gym adaptée, drainages lymphatiques, bonne hygiène alimentaire…). Quatre années sont nécessaires pour sortir du gouffre sans qu’aucun symptôme ne revienne.

Laura déplore que la méconnaissance de la maladie de Lyme en Europe l’ait conduite à s’expatrier en Amérique du Nord pour une meilleure prise en charge. « On m’a pourtant prescrit des médicaments disponibles en France. Les médecins ne sont pas suffisamment formés aux maladies que peuvent transmettre les animaux. » Elle a écrit un livre*** témoignant de son vécu. « Je souhaite donner de l’espoir aux malades, à ceux qui sont dans une impasse médicale, dire que l’on peut s’en sortir. »

Patiente experte en maladie de Lyme pour prévenir et éduquer

L’investissement de Laura Arnal dans la lutte contre les maladies infectieuses ne s’arrête pas là. Elle a créé un blog dans lequel elle évoque les questions que l’on peut se poser sur les maladies vectorielles à tiques, donne la parole à ceux qui veulent témoigner. La partie prévention y a une grande place. « On peut se faire piquer lors de balade en forêt, et même dans son jardin… C’est important d’adopter des gestes et des habitudes, de vérifier sa peau après une sortie dans la nature. Entre autres. »

L’ingénieure s’est formée à l’éducation thérapeutique à la Sorbonne. Patiente experte, elle a développé des activités de coaching en santé. Elle accompagne les patients en apportant écoute, compréhension et pistes pour une meilleure gestion de la maladie de Lyme.

Aujourd’hui, Laura va beaucoup mieux. Elle a retrouvé une vie normale tout en continuant à pratiquer une activité sportive régulière et en restant vigilante. « Je suis en bonne santé bien que j’aie toujours la maladie de Lyme car certains symptômes peuvent revenir. Ce peut être par exemple en cas de choc émotionnel. J’ai un lion en moi mais il est dompté ».

*Le médecin interniste s’intéresse à l’état de santé du patient dans sa globalité. La vision générale du patient fait de lui le spécialiste des diagnostics complexes, des prises en charges délicates et des maladies rares.

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