Quels sont les traitements médicamenteux contre le cancer ?

Publié le , actualisé le

Par Damienne Gallion

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Chimiothérapie, thérapies ciblées, hormonothérapie, immunothérapie : ces traitements font partie de l’arsenal de médicaments contre le cancer, aux côtés de la chirurgie et de la radiothérapie. Quels sont leurs modes d’action, leurs différences et comment sont-ils utilisés ? Pour mieux les comprendre, voici quelques grands repères.

Chaque année en France, plus de 400 000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués. Ce chiffre croît régulièrement en raison de l’évolution démographique de notre pays (la population de l’Hexagone augmente et vieillit) et de nos modes de vie. Dans le même temps, la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie, qui constituent aujourd’hui encoreles grandes catégories de traitement des cancers, continuent de progresser.

Au-delà de la seule chimiothérapie, ce sont l’ensemble des traitements médicamenteux qui connaissent depuis une vingtaine d’années des innovations sans précédent, grâce au séquençage du génome humain2 et à la connaissance sans cesse plus poussée de chaque type de cancer.

La chimiothérapie reste un traitement de référence

Dans les traitements médicamenteux contre le cancer, la chimiothérapie reste dominante (avec 363 160 personnes traitées en 2021, selon les chiffres les plus récents de l’Institut national du cancer). Elle consiste dans l’administration de médicaments agissant sur les cellules qui se divisent rapidement, ce qui est le cas des cellules cancéreuses.

La chimiothérapie intervient dans la majorité des cancers. Elle peut être prescrite en tant que traitement adjuvant dans le cas d’une tumeur localisée, pour compléter la destruction de celle-ci (après une chirurgie par exemple) et prévenir les rechutes. Mais elle peut faire figure de traitement principal en cas de métastases, son but étant alors de limiter l’extension de ces dernières (voire de les faire régresser) et de prolonger la durée de vie du patient.

Si l’efficacité de la chimiothérapie continue de progresser avec la sortie régulière de nouvelles molécules, ses effets toxiques demeurent importants. À la différence de la chirurgie et de la radiothérapie qui sont des traitements localisés, les produits utilisés en chimiothérapie - dont certains sont encore des dérivés du gaz moutarde3 - agissent sur l’ensemble de l’organisme et notamment sur les cellules saines qui se multiplient rapidement. D’où les nombreux effets secondaires du traitement sur les cheveux, la peau, la moelle osseuse, les muqueuses intestinales, et la nécessité de limiter le traitement dans le temps. La durée d’une chimiothérapie est en général de 4 à 6 cures espacées de 3 à 4 semaines.

L’essor de la médecine de précision : immunothérapies et thérapies ciblées

« En raison de son efficacité, la chimiothérapie va rester largement prescrite dans les années à venir, notamment pour les patients présentant d’importants risques de récidive, estime Iris Pauporté, directrice de la Recherche, Innovation et Information scientifique à la Ligue contre le cancer. Mais on observe deux évolutions importantes : une tendance à la désescalade4 thérapeutique en chimiothérapie, quand la situation du patient le permet, et la montée en puissance de la médecine personnalisée, avec les thérapies ciblées, et de l’immunothérapie ». En quoi consistent ces dernières, également appelées traitements de précision ?

L’immunothérapie consiste à stimuler le système immunitaire pour qu’il élimine les cellules cancéreuses. En plein essor depuis une quinzaine d’années, ce traitement a ouvert une nouvelle ère dans le combat contre la maladie.

Apparues au début des années 2000, les thérapies ciblées visent, elles, les anomalies moléculaires décelées dans la tumeur. Cette recherche est désormais effectuée de manière quasi systématique pour chaque patient et rendue possible grâce aux avancées en matière génomique. « Ces traitements n’agissent que sur les cellules cancéreuses. Par conséquent, ils ont en général moins d’effets secondaires que la chimiothérapie, explique Iris Pauporté. Ils peuvent être administrés à plus long terme. »

Toujours des effets secondaires

Olivier Tredan, spécialiste des cancers du sein et oncologue médical au centre Léon Bérard à Lyon, témoigne de cette évolution à travers cet exemple. « Le traitement actuel d’un cancer du sein chez une femme de 70 ans n’a plus rien à voir avec celui pratiqué il y a 30 ou 40 ans. À l’époque, on aurait sûrement pratiqué une grosse" chirurgie et une chimiothérapie conventionnelle, très toxique. Aujourd’hui, on va davantage prendre en compte l’âge de la patiente, sa physiologie, son histoire, mais aussi les particularités génétiques de son cancer et cibler ainsi le traitement sur la biologie propre de sa maladie. Il sera peut-être suffisant de lui prescrire une thérapie ciblée. Cette médecine de précision, adaptée à chaque patient et à chaque cancer, va se développer. »

Il s’agit toutefois de rester prudent. « D’une part, on n’a pas encore trouvé des particularités moléculaires à tous les cancers, et dans ces cas-là, la chimiothérapie reste de mise, précise Olivier Trédan. D’autre part, quel que soit le traitement biologique appliqué, il aura toujours des effets secondaires. »

  1. La chirurgie des cancers est apparue dans les années 1850, la radiothérapie au début du XXe siècle, et la chimiothérapie dans les années 1950.
  2. Le génome est l’ensemble du matériel génétique, c'est-à-dire des molécules d'ADN, d'une cellule. Le génome humain a été déchiffré pour la première fois en l’an 2000. Dans le cas spécifique du cancer, la génomique est l'étude des caractéristiques génétiques d’une tumeur.
  3. Le gaz moutarde est une arme chimique utilisée lors de la Première et de la Seconde guerre mondiale. Ses effets observés sur des survivants lors de la Seconde Guerre mondiale ont conduit aux prémices de la chimiothérapie.
  4. Réduction du traitement.

Et l’hormonothérapie ?

Certains cancers sont dits « hormonodépendants ». Cela signifie que les hormones jouent un rôle dans la prolifération des cellules cancéreuses. C’est le cas d’une majorité des cancers de la prostate et des cancers du sein. Dans ces cas de cancers, l’utilisation de l’hormonothérapie est conditionnée à la présence d’un taux significatif de récepteurs hormonaux dans la tumeur, afin de garantir son efficacité.

Le traitement consiste alors à bloquer les hormones qui stimulent la maladie (les œstrogènes dans le cancer du sein et la testostérone dans le cancer de la prostate). Il s’agit donc d’un traitement antihormones, contrairement à ce que son nom peut laisser supposer.

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