Différente du mal de tête classique, la migraine se définit par des maux de tête intenses et pulsatiles* d’un seul côté (mais pas toujours), accompagnés d’une intolérance à la lumière (photophobie) et au bruit, et de troubles digestifs (nausées, vomissements).
« Ces symptômes se manifestent par des crises, d’apparition progressive, d’intensité et de durée variables (de 4 à 72 heures). Dans 20 % des cas, la douleur est précédée d’une aura visuelle (points lumineux, taches blanches…), sensitive (fourmillements) ou aphasique (la personne ne trouve plus ses mots) », souligne le Pr Michel Lantéri-Minet, neurologue au CHU de Nice. Parfois aussi, la crise est précédée et suivie d’une sensation de grande fatigue, d’un manque ou d’un excès d’appétit, d’une émotivité importante, de difficultés de concentration…
Les personnes migraineuses sont très sensibles aux changements (d’activité, de sommeil…) et une situation ou une substance anodine pour une autre personne déclenchera chez elles une crise de migraine.
Outre le « terrain familial », retrouvé 7 fois sur 10, de nombreuses circonstances peuvent favoriser le déclenchement d’une crise : des facteurs environnementaux (chaleur, bruit, odeur forte, écrans, alcool, certains aliments, manque de sommeil, consommation d’opiacés…) et/ou psychiques (stress, anxiété, forte émotion), mais aussi hormonaux (puberté, contraception, autour de la ménopause). Certaines femmes ont même des migraines uniquement trois jours avant et après leurs règles. On parle dans ce cas de migraine cataméniale.
« La crise prend naissance dans la partie centrale du cerveau, explique le Dr Carole Séréni, neurologue*. La douleur migraineuse vient à la fois d’une dilatation des petites artères du visage et des méninges et d’une inflammation autour des nerfs due à la libération d’une substance chimique (baptisée CGRP) qui vient les irriter. »
On peut essayer d’appliquer du froid sur le front, se masser les tempes avec quelques gouttes d’huile essentielle de lavande aspic ou de menthe poivrée (sauf au 1er trimestre de grossesse et chez le jeune enfant), boire une tisane à base de plantes comme la grande camomille, ou encore sortir s’oxygéner. Tous les petits moyens sont bons, mais aucun ne fonctionnera pour tout le monde et tout le temps.
Les médecins conseillent de prendre dès que possible un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), tel que l’Ibuprofène (en vente libre) ou le Naproxène (sur prescription médicale). « Ils sont efficaces chez plus de 50 % des migraineux. Mais ils ne sont pas toujours bien tolérés (maux d’estomac, troubles intestinaux) et sont contre-indiqués en cas de grossesse.
« Lorsque les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne soulagent pas, inutile d’insister, prévient le Pr Lantéri-Minet, car plus on en prend, plus on risque d’aggraver et d’entretenir ses maux de tête, jusqu’à aboutir à une céphalée par abus médicamenteux. » Alors, pas plus de 1 200 mg d’ibuprofène par jour !
Quant au recours aux urgences, il doit rester exceptionnel, en cas de crise vraiment intense et inhabituelle.
« Si les crises se renouvellent, consultez votre médecin généraliste, recommande le Pr Lantéri-Minet. Après un examen clinique et un interrogatoire, il vous prescrira le traitement le plus adapté. »
S’il découvre que votre migraine n’en est pas une, mais qu’il s’agit d’une céphalée secondaire qui fait suite à une infection dentaire ou ORL, ou encore à de l’hypertension, il traitera bien sûr cette cause avant tout. Sinon, il pourra vous prescrire un triptan, une famille de médicaments antimigraineux spécifiques et particulièrement efficaces s’ils sont pris tôt. Ils sont en revanche contre-indiqués en cas d’antécédents cardiaques ou d’hypertension sévère et ils doivent être utilisés avec prudence chez les plus de 65 ans.
Pour ces personnes, l’espoir repose sur les Gépans, des médicaments qui inhibent l’irritation des nerfs. « Ils ont déjà une autorisation de mise sur le marché européenne, mais personne ne sait encore quand ils arriveront en France », note le Dr Séréni.
Chez 20 % à 30 % des migraineux, le traitement des crises ne suffit pas ou il est mal toléré. Le médecin orientera alors son patient vers un neurologue et/ou un centre antidouleur qui lui proposeront un traitement de fond.
À l’heure actuelle, en France, les médecins ne disposent que de bêtabloquants ou autres hypertenseurs, d’antidépresseurs, d’antiépileptiques et d’antisérotinergiques plus ou moins associés pour réduire la fréquence, l’intensité et la durée des crises. Ces prises quotidiennes sont contraignantes et ces médicaments comportent des contre-indications et des effets secondaires (fatigue, irritabilité, baisse de la pression artérielle, prise de poids…).
Pour les migraines sévères ou chroniques, il existe depuis quelques mois trois médicaments injectables très efficaces, appelés anticorps monoclonaux anti-CGRP, en référence à la substance libérée pendant la crise de migraine. La Haute autorité de santé (HAS) les recommande aux personnes qui souffrent de migraine au moins 8 jours par mois et chez qui au moins deux traitements n’ont pas été efficaces ou tolérés. Toutefois, en France, ils ne sont pas remboursés par l’Assurance maladie et coûtent plusieurs centaines d’euros par mois.
Pour prévenir les crises, on peut associer aux médicaments, l’acupuncture ou la neuromodulation à domicile (électrodes placées sur le front ou les tempes pour stimuler un nerf) et, en cas d’angoisse ou de stress dus à la migraine, les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ou la méditation en pleine conscience. Ces différentes disciplines permettent « d’améliorer encore la prise en charge de la maladie et notamment la qualité de vie des migraineux », assure le Pr Lantéri-Minet.
* C’est-à-dire une sensation de battements.
**Auteure de Les mots de la migraine, publié aux éditions du Cerf.
Il existe plus de 200 types de maux de tête différents. Parmi les plus fréquents, on distingue notamment les céphalées de tension, les céphalées circonstancielles, celles de sommeil ou encore les algies vasculaires de la face.
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