Olfactologie : la thérapie qui utilise la mémoire du nez

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Par Sarah Curie (ANPM-FRANCE MUTUALITÉ)

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© Shutterstock/Ciem

Souvent mal considéré, l’odorat est pourtant un sens essentiel lié aux émotions et à la mémoire. L’olfactologie, ou la thérapie utilisant l’odorat comme outil de soin, a de nombreuses vertus et permet notamment d’apaiser ou de donner de l’énergie.

Depuis l’Antiquité, l’odorat est considéré comme un sens moins noble que les autres, alors qu’il est le premier développé par le bébé. Celui-ci possède déjà un odorat mature à la naissance. Dès qu’une odeur est détectée, différentes zones de notre cerveau sont activées. Ainsi, quand nous respirons des molécules volatiles par le nez ou quand nous mangeons, des neurones olfactifs situés en haut de la cavité nasale s’activent. Ils produisent un courant électrique qui est transmis au bulbe olfactif, une petite zone située sur le plancher de la boîte crânienne qui transmet elle-même l’information au système conscient, le lieu d’identification des odeurs et au système limbique, le centre émotionnel du cerveau.

Nous avons une mémoire ancienne des odeurs, comme celle de la colle qui nous replonge immédiatement en enfance. C’est la raison pour laquelle l’olfactologie est utilisée afin de stimuler la mémoire de personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ou ayant eu un traumatisme crânien.

En leur faisant sentir des odeurs familières, celle du chocolat par exemple, des pans de leur mémoire peuvent se réveiller car elles associent ces odeurs à des situations, des personnes ou à des sons. Les odeurs stimulent également le langage des personnes qui ont du mal à mettre des mots sur leurs pensées, comme celles qui ont fait un AVC.

Une libération d’hormones grâce aux odeurs

Mais les odeurs ne font pas que nous rafraîchir la mémoire. En activant le système limbique, elles permettent la transmission d’informations au système nerveux. Elles provoquent la libération d’hormones comme l’adrénaline, la dopamine ou la sérotonine qui apaisent ou, au contraire, réénergisent.

C’est la raison pour laquelle certaines huiles essentielles ont des effets positifs. L’huile essentielle de lavande vraie a ainsi largement fait ses preuves pour faciliter l’endormissement. Mais attention, veillez à choisir des huiles essentielles dotées de parfums qui vous plaisent, sans quoi ce sont les hormones du stress qui seront libérées !

Les odeurs sont également indiquées pour ouvrir l’appétit ou apaiser les personnes âgées dans les Ehpad. Une étude a ainsi montré que la diffusion, au moment des repas, d’effluves de crêpe et de pain chaud les incitait à se rendre à la cantine et que les senteurs d’agrumes les calmaient à un moment de la journée où elles avaient tendance à s’agiter.

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L'olfactologie permet de stimuler des pans de la mémoire, grâce à des odeurs associées à des situations familières. Crédit photo : Shutterstock.

La mémoire d’odeurs de vanille ou d’herbe coupée

Certaines odeurs ont plus de vertus que d’autres, car elles sont perçues comme agréables à tous les âges de la vie. Ainsi, la vanille est considérée comme réconfortante car elle est associée au lait maternel et donc à la douceur enveloppante. Diffusée dans les services de néonatalogie, elle réduit les temps de séjour des bébés ou leurs problèmes respiratoires.

Des odeurs vertes, comme celle d’herbe coupée, ont aussi des effets apaisants sur les personnes souffrant de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Enfin, celles du citron ou de l’orange douce n’ont pas leur pareil pour apaiser la colère et l’irritabilité et favoriser la bonne humeur !

Certaines odeurs considérées comme des récompenses

Selon une étude publiée dans la revue scientifique Current Biology en février 2021, des odeurs agréables pourraient être considérées par le cerveau comme des récompenses, au même titre que la nourriture. Ce phénomène serait lié à une liaison nerveuse entre la zone du bulbe olfactif en charge de la gestion des odeurs agréables et le tubercule olfactif, une région du cerveau qui active le circuit de la récompense.

Le circuit de la récompense permet la libération de la dopamine, un neurotransmetteur qui donne la sensation de plaisir.

Par Sarah Curie (ANPM-FRANCE MUTUALITÉ)

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