Entre 2010 et 2015, la France métropolitaine a perdu 800 pharmacies dont 181 pour la seule année 2015*. Et le phénomène s’accentue d’année en année. L’Île-de-France est de loin la région qui enregistre le plus de fermetures : 10 à Paris l’année passée, 8 dans le Val-de-Marne et 6 en Seine-Saint-Denis. Même si proportionnellement certains départements ruraux comme la Corrèze, l’Orne et la Haute-Marne sont les plus touchés.
* Selon les derniers chiffres du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP).
Comment expliquer cette situation ? Les pharmaciens sont de plus en plus âgés (moyenne d’âge 50,2 ans chez les titulaires) et les départs à la retraite s’accélèrent.
Or, leur remplacement est loin d’être assuré car la jeune génération semble bouder la filière officine. Si le nombre global de pharmaciens inscrits à l’Ordre connaît une légère croissance d’une année sur l’autre, seuls 30 % des étudiants en pharmacie choisissent l’officine (contre 60 à 70 % auparavant), au profit d’autres branches (industrie pharmaceutique, établissements de santé).
Un désamour pour la profession qui s’explique notamment par un manque de visibilité économique (baisse des marges sur les médicaments remboursés, incertitudes sur les modes de rémunération pour les nouvelles missions de suivi et d’accompagnement confiées aux officines).
Désormais, une pharmacie ferme tous les deux jours, contre une tous les trois jours en 2014. Cette accélération du rythme des fermetures, associée à la baisse du nombre de médecins généralistes, fait peser une menace sur l’accès aux soins dans les années à venir.
Le nombre d’habitants par pharmacie augmente un peu plus chaque année : près de 3 000 en 2015, contre environ 2 700 en 2005. L’Ordre des pharmaciens se veut toutefois rassurant : à l’heure actuelle, il n’existe pas de « désert pharmaceutique » et la répartition des pharmacies sur le territoire demeure harmonieuse.