Quel lien entre la maladie de Kawasaki et l’épidémie de Covid-19 ?

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Par Nathania Cahen

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La maladie de Kawasaki est très rare et ne touche pratiquement que les enfants. Or un nombre anormal de cas particuliers de cette pathologie pédiatrique a été observé, au moment de l’épidémie de Covid-19. Faut-il y voir un lien ? Le point sur ce que l’on sait de cette forme inédite baptisée « Kawasaki-like ».

La maladie de Kawasaki « habituelle » est rare, mal connue et se présente comme une réaction à un contact avec un agent infectieux ou un virus saisonnier. Elle touche des enfants de moins de 5 ans et son taux de mortalité est très faible, de l’ordre de 0,1 à 0,2 %. « Dans notre unité, en réanimation, nous observons deux à trois cas par an. Ils évoluent favorablement dans la grande majorité des cas », rapporte le professeur Fabrice Michel, chef du service d’anesthésie-réanimation du CHU La Timone enfants, à Marseille.

Les signes de cette maladie infectieuse peuvent être une forte fièvre, une atteinte des muqueuses, une conjonctivite, un gonflement des mains ou des pieds, une éruption cutanée… souvent accompagnés de ganglions ou de douleurs digestives. « Il existe des traitements très efficaces – à base d’immunoglobulines* et d’aspirine à forte dose - qui en viennent à bout en quelques jours, explique encore le spécialiste. Avec hospitalisation la plupart du temps car des complications ne sont pas exclues ».

La maladie peut en effet toucher les vaisseaux sanguins, notamment les coronaires qui irriguent le cœur. S’ils se dilatent, se bouchent ou encore se rompent, cela peut provoquer une maladie cardiaque grave. Mais les complications de cet ordre restent exceptionnelles.

Un nombre de cas anormal à partir de mars

Début avril 2020, les médecins britanniques relèvent un nombre anormalement élevé de jeunes patients admis pour une forme de maladie de Kawasaki particulière. La France, à son tour, fait le même constat : le bilan est de 130 cas identifiés, dont une trentaine à Paris. Et cinq à l’hôpital de la Timone, en moins de deux mois. Aujourd’hui, la courbe retombe.

« Mais nous remarquons tous que ce n’est pas exactement la même chose que la maladie de Kawasaki, même si les signes inflammatoires sont assez semblables, note le Pr Michel. Par exemple, les enfants sont plus âgés, autour de 8 ans. Les troubles cardiaques sont un peu différents, certaines formes ressemblent à d’autres maladies comme l’appendicite ou la péritonite ».

Le service de veille sanitaire national, qui pointe les cas et les décès pour certaines maladies, dont celle-ci depuis que ces cas sont apparus, permet de faire le lien avec le Covid-19.

Une simultanéité indéniable

Ce qui intrigue les services concernés, c’est une certaine simultanéité : le pic de Kawasaki-like est survenu trois semaines après le pic de Covid-19. « Autant de cas, ce n’est pas du hasard, c’est anormal. Difficile de ne pas établir un lien, remarque encore le professeur. Ces enfants ont probablement eu le Covid-19 trois semaines plus tôt ». Même s’il persiste un doute, il faut rester prudent. Le lien de cause à effet nécessite d’être confirmé. De son côté, l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche en France) considère que la veille épidémiologique et les recherches sur le sujet doivent se poursuivre pour comprendre comment ces cas s’intègrent dans le contexte épidémique actuel.

A Marseille, un enfant de 9 ans est récemment décédé de la maladie de Kawasaki-like : « une forme rare très particulière avec une atteinte cardiaque, déplore le Pr Michel. A ce jour, c’est le seul cas mortel en France ».

* Les immunoglobulines sont des anticorps (protéines)

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