Qu’est-ce que la médecine intégrative ?

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Par Solal Duchêne

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

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© ESM

La médecine intégrative est défendue par de nombreux professionnels de santé. Cette approche centrée sur l’individu réunit la médecine conventionnelle et les pratiques complémentaires, comme l’acupuncture ou l’hypnose. Quelle est cette nouvelle manière d’aborder la santé ? Est-elle sûre ? Eléments de réponse.

Le terme de « médecine intégrative » est apparu dans les années 90 aux Etats-Unis. Il désigne une médecine prenant en compte l’individu dans sa globalité, sans se focaliser sur la maladie. Pour cela, elle associe la médecine conventionnelle et des médecines complémentaires. On retrouve parmi ces pratiques la médiation en plein conscience, l’acupuncture ou encore l’ostéopathie. Celles-ci n’ont pas pour objet de soigner la pathologie, mais d’améliorer le bien-être du patient. Des soins complémentaires particulièrement appréciés dans le cas des maladies chroniques et du cancer.

Signe de l’essor de ces pratiques, le CHU de Bordeaux vient d’ouvrir, au sein de son pôle neurosciences, un institut de médecine intégrative et complémentaire (IMIC). On y pratique la méditation de pleine conscience et l’hypnose. A Paris, l’institut Rafael propose depuis 2018 des parcours de soins individualisés à des patients atteints de cancer. Plus de 2900 personnes y ont été reçues à ce jour.

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L'hypnose thérapeutique est reconnue par le Collège universitaire de Médecine intégrative et complémentaire Crédit photo : CHU de Bordeaux

Médecine intégrative, santé globale : de quoi parle-t-on ?

La médecine intégrative repose sur l’association de la médecine conventionnelle et des pratiques dites « complémentaires » ou « douces ». Elle considère que le patient est un acteur à part entière de sa guérison. « Or, la médecine conventionnelle s'intéresse plus aux maladies et aux actes techniques qu’aux malades eux-mêmes* », regrette le cancérologue Alain Toledano, fondateur de l’Institut Rafaël.

« Il s’agit d’un ensemble de moyens agissant sur la prévention et le soin des maladies », explique François Tison, professeur de neurologie et responsable de l’institut de médecine intégrative et complémentaire du CHU de Bordeaux. Ces thérapies, souvent non-médicamenteuses, viennent compléter un protocole de soin classique. Elles contribuent à l’amélioration de l’état de santé du patient « dans sa globalité » selon le professeur.

« La médecine intégrative prend en compte toutes les dimensions de la santé, poursuit Alain Toledano. Elle articule la santé physique, psychologique, sociale, ou encore sexuelle, dans ce qu’on appelle la “santé globale” ». Ces pratiques couvrent donc un très large champ. Elles vont de l’alimentation à l’activité physique, en passant par la gestion du stress ou l’expression artistique. L’écoute du patient y tient une place très importante.

Quels sont les bienfaits de la médecine intégrative ?

« Elle est particulièrement indiquée dans la prise en charge de la douleur », déclare le professeur Tison. De ce fait, la médecine intégrative est de plus en plus recommandée dans l’accompagnement des maladies chroniques et du cancer. Aux traitements médicamenteux, parfois lourds, viennent s’ajouter ces « soins de supports » destinés à atténuer les effets secondaires d’une chimiothérapie, par exemple.

Ces pratiques additionnelles sont loin d’être uniquement « de confort » : la douleur, les nausées, la fatigue et l’anxiété sont parfois si importants qu’ils peuvent conduire le malade à interrompre son traitement. « Nous obtenons aussi une diminution des troubles du sommeil chez certains patients, une diminution des douleurs ou du sentiment d’isolement », ajoute Julie Baranes, directrice de la communication de l’Institut Rafaël.

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La médiation en pleine conscience est aussi pratiquée par le personnel soignant au CHU de Bordeaux. Crédit photo : CHU de Bordeaux

Est-elle validée par la science ?

Plusieurs études scientifiques sont venues valider les bienfaits du yoga, de l'hypnothérapie, de la méditation ou encore de la danse pour soulager les maux liés au traitement du cancer. « Nous avons également un haut niveau de preuve de l’efficacité de ces pratiques dans les maladies neurodégénératives comme Parkinson », assure François Tison, du CHU de Bordeaux.

Pour autant, toutes les thérapies complémentaires n'ont pas encore prouvé leur efficacité, et certaines d'entre elles inspirent de la défiance. L'Institut Rafaël s'est donc doté d'un centre de recherche : « Tous nos soins sont évalués afin de démontrer leurs bénéfices** » indique Julie Baranes.

Pour François Tison, trois critères sont essentiels pour valider une pratique de soin. « D’abord, elle doit être prodiguée par un professionnel de santé. Ensuite, il doit y avoir des preuves scientifiques de son efficacité. Enfin, les pathologies traitées doivent rester dans le strict domaine de compétence du soignant. »

 

*Propos recueillis lors du salon MedInTechs, à Vincennes, le 8 mars 2022.

 

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