Qu’est-ce que le syndrome des jambes sans repos ?

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Par Solal Duchêne

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Il empoisonne le sommeil de nombreuses personnes, chez qui il déclenche un besoin impérieux de bouger les jambes durant les phases d’endormissement. Qu’est-ce que le syndrome des jambes sans repos ? Et comment en soulager les symptômes ?

Impatiences, décharges électriques dans les jambes, picotements, sensation de chaleur… Les désagréments décrits par les personnes atteintes du syndrome des jambes sans repos sont peu enviables. Cette maladie neurologique, appelée aussi maladie de Willis-Ekbom, touche près de 9% de la population en France. Environ 2% souffrent d’une forme sévère, c’est-à-dire quotidienne.

Quels sont les symptômes du syndrome des jambes sans repos ?

Le diagnostic du syndrome des jambes sans repos se fait après interrogatoire par un médecin. Il se manifeste par un besoin quasi irrépressible de bouger les jambes, le soir ou durant la nuit. Une impression de fourmillement gagne peu à peu les membres inférieurs, et n’est soulagée que par le mouvement. « Cette sensation est commune à tous les patients, note le docteur Sofiène Chenini, médecin chercheur au service des troubles du sommeil du CHU de Montpellier. Elle apparaît la plupart du temps au moment de s’endormir. » On parle alors d’« impatiences » dans les jambes.

Toutefois, les manifestions sont très diverses, car ressenties de manières subjectives par les patients. Certains évoquent des sensations de brûlures, d’autres des fourmillements ou bien ont l’impression d’avoir la jambe prise dans un étau. « En revanche les qualificatifs émotionnels sont toujours les mêmes, assure le chercheur. L’inconfort est décrit comme extrêmement pénible ».

Le syndrome des jambes sans repos est encore mal connu. Mais plusieurs causes pourraient expliquer son apparition. « Un lien avec le manque de fer au niveau cérébral a été établi depuis plusieurs années. On sait aussi qu’une dérégulation de la dopamine* peut entraîner ces troubles.  Enfin, une origine génétique expliquerait 20% à 30% des symptômes », expose le docteur Chenini.

Comment vivre avec ?

Au moment de la survenue des symptômes, souvent en début de nuit, bouger les jambes permet un soulagement provisoire. Mais la sensation d’impatience revient après quelques secondes et il faut de nouveau étirer la jambe. « Ce syndrome est amélioré par le mouvement et aggravé par l’immobilité, souligne Elisabeth Ruppert, neurologue au centre des troubles du sommeil du CHU de Strasbourg. Mais il existe autant de formes du syndrome des jambes sans repos qu’il y a de patients ». Certains marchent, d’autres pratiquent des étirements, cherchent le frais ou prennent une douche.

Des facteurs alimentaires peuvent jouer sur l’aggravation ou l’amélioration des symptômes. « Le café, le thé et l’alcool sont déconseillés aux personnes souffrant d’impatiences, tout comme le tabac », indique le docteur Chenini. Les médecins recommandent aussi d’adopter une bonne hygiène de sommeil. Se coucher à des heures régulières, ne pas utiliser d’écran le soir, ne pas trop chauffer sa chambre et dormir dans le silence et l’obscurité.

Quels sont les risques pour la santé ?

Les symptômes apparaissent principalement au moment du coucher ou pendant la nuit. Le syndrome des jambes sans repos perturbe donc la qualité du sommeil. Pour les formes légères, les conséquences sur la santé sont bénignes. « Mais si les symptômes sont importants, ils ont un fort retentissement sur la qualité de vie », note le docteur Ruppert. Ils peuvent conduire à une somnolence en journée et à une baisse de la vigilance. Dans certains cas extrêmes, les douleurs et la privation de sommeil peuvent même conduire à des pensées suicidaires.

« Dans ces formes les plus sévères, certaines études observent une augmentation des décès, peut-être liés à des problèmes cardiovasculaires, ajoute le docteur Ruppert. Elle pourrait être en lien avec un temps de sommeil très court, source de l'épuisement ressenti en journée. »

Existe-t-il un traitement ?

« On ne traite que les formes significatives, qui ont un impact sur la qualité de vie, précise Elisabeth Ruppert. Il existe dans un premier temps des traitements ponctuels à base de paracétamol codéiné ou de tramadol, éventuellement associés à des compléments en fer s’il y a une carence. »

Les cas les plus graves peuvent nécessiter un traitement de fond, à base de psychotropes. « On a alors recours à des médicaments à base de dopamine habituellement utilisés dans la maladie de Parkinson ou à des traitements développés pour l’épilepsie et les douleurs neurologiques », détaille le docteur Elisabeth Ruppert. « Mais nous ne soignons que les symptômes », nuance Sofiène Chenini. A ce jour, il n’existe pas de traitement permettant de guérir du syndrome des jambes sans repos. « Raison de plus pour poursuivre la recherche », conclut le médecin-chercheur.

*La dopamine est un neurotransmetteur jouant de multiples rôles, notamment celui de transmettre les informations entre les neurones.

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