Maladies et traitements
Reconstruire la peau grâce à la dermographie médicale
Publié le
Par Violaine Chatal (ANPM-FRANCE MUTUALITÉ)
Temps de lecture estimé 4 minute(s)
La dermographie repose sur l’injection dans le derme d’encres médicales. « Elle est pratiquée depuis les années 1960 et a été généralisée en France par le chirurgien plastique Jean-Paul Tiziano », précise Myriam Grzonkowski, dermographiste et formatrice. Elle permet de redonner à la peau son aspect naturel et de restaurer des structures anatomiques grâce à une colorisation. Si cette intervention a un objectif esthétique, elle participe aussi à la reconstruction psychologique des personnes qui ont des complexes liés à une particularité physique ou à des séquelles de traitements oncologiques. Il s’agit d’un véritable acte médical réalisé avec des encres spécifiques qu’il faut différencier du tatouage et du maquillage permanent.
Des encres bien tolérées par la peau
Les encres médicales injectées dans le derme sont composées de pigments minéraux. Faisant l’objet d’études d’innocuité strictes, elles sont bien tolérées par la peau. « Ces produits sont des dispositifs médicaux normés CE2b avec les mêmes contrôles très stricts par exemple que les prothèses. Comme ils ne contiennent, contrairement aux encres de tatouage, ni colle, ni fixateur, ils sont effaçables et perdurent moins longtemps. C’est pour cette raison que j’ai élaboré des techniques que j’enseigne afin de les faire durer plus longtemps », précise Myriam Grzonkowski. « Les risques allergiques, liés principalement aux encres, sont faibles car les pigments minéraux ne contiennent pas d’additifs et le risque infectieux lié à l’aiguille est minime si de bonnes conditions d’hygiène sont respectées », ajoute-t-elle.
De nombreuses indications après un cancer
La dermographie permet de :
- de corriger ou même de créer une aréole mammaire, après une mastectomie
- colorer une zone dépigmentée en présence d’un vitiligo
- restructurer le contour des lèvres d’une personne qui a un bec de lièvre
- atténuer des cicatrices ou des brûlures
- améliorer l’apparence d’une cicatrice liée à une césarienne
- retracer des sourcils après une chimiothérapie.
Comme toutes les techniques, elle présente des contre-indications. Elle ne doit ainsi pas être pratiquée en cas de cicatrice inflammatoire non stabilisée, de maladies infectieuses, de maladies dermatologiques évolutives ou auto-immunes, de pathologies sévères et est déconseillée aux personnes immunodéprimées. « Il ne faut pas non plus être sous traitement et être sous surveillance médicale. C’est un cheminement mais il faut que la dermographie soit effectuée en respectant des précautions afin de ne pas mettre en danger les patients », conclut Myriam Grzonkowski.
Une prise en charge sous certaines conditions
« La reconstruction de l’aréole mammaire est un acte médicalement reconnu par l’Assurance maladie, précise le docteur Jocelyne Monroy, spécialisée dans la médecine esthétique. Elle est remboursée à hauteur de 125,40€ lorsque l’intervention fait suite à un cancer ou une réduction mammaire ». Un reste à charge est cependant fréquent pour le patient, d’après le docteur Monroy. « Les tarifications n’ont pas évolués depuis 14 ans et ne couvrent pas l’ensemble des frais du praticien. » Il est donc courant que celui-ci pratique un dépassement.
Dans tous les cas, il est nécessaire de faire une demande d’entente préalable auprès de l’Assurance maladie. « Il m’arrive de demander une prise en charge pour d’autres types de reconstruction de la lèvre ou du sourcil, lorsqu’ils ont été abîmés par un cancer, rapporte la praticienne. La réponse est parfois favorable. » Une demande de financement peut aussi être effectuée auprès de certaines mutuelles.
À qui s’adresser ?
« Un acte de dermographie est une effraction cutanée et requiert de véritables compétences médicales, précise Myriam Grzonkowski. La dermographie doit être pratiquée par des dermographistes formés. Or, avec la mode du tatouage, certains tatoueurs ont investi le marché. Rappelons qu’un tatouage artistique est indélébile contrairement à la démographie. Cela peut poser des problèmes quand c’est une aréole mammaire qui a été recréée, car le corps d’une femme change avec le temps. »
« Un médecin est formé pour gérer des complications, ce qui n’est pas le cas des tatoueurs, complète Jocelyne Monroy. Pour être bien orienté, je recommande de prendre conseil auprès de son chirurgien, ou de son médecin traitant ».
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