Depuis le mois de juin, l’hôpital Foch à Suresnes (92) accueille des patients particuliers. Ces derniers, guéris d’une forme légère ou modérée de Covid-19, voient certains symptômes caractéristiques du virus réapparaître. Ils sont pris en charge dans le cadre du programme Rehab-Covid* dispensé par l’équipe pluridisciplinaire du service de réadaptation fonctionnelle dirigé par le docteur Nicolas Barizien. « La majorité de ces patients ont contracté une infection au Covid-19 relativement standard. Ils ont été télésuivis chez eux. Certains ont été hospitalisés sans que cela ne soit grave. Mais, une fois la période de convalescence terminée, la reprise de la vie normale est empêchée par une résurgence du virus sans la fièvre », explique le médecin.
Cette réapparition des symptômes du Covid-19 peut se manifester par une pression au niveau de la cage thoracique, des douleurs qui font penser à un infarctus ou à une embolie pulmonaire, des maux de tête, des vertiges aux changements de positions, une grosse fatigue… « Ces personnes sont angoissées à l’idée que l’infection ne soit revenue et consultent leur médecin ou se rendent aux urgences. Toutefois, la batterie d’examens qu’on leur fait passer, démontre qu’il n’y a plus de virus ni d’autres maladies », précise le chef de service.
Leur état de santé est en effet « jugé normal car on ne trouve aucune séquelle de leur infection ». Ces patients ne sont plus contaminants. « Et les tests sérologiques montrent qu’ils ont développé des anticorps ». Les personnes prises en charge par l’unité Rehab-Covid ont moins de 60 ans. « Elles ne présentent aucun facteur de comorbidité lié au Covid-19, comme par exemple le surpoids. Elles n’ont pas d’antécédents particuliers. Elles travaillent, sont actives », rajoute le docteur Barizien.
Le chef de service de réadaptation fonctionnelle de l’hôpital Foch et son équipe vont travailler sur les caractéristiques de cette résurgence afin d’établir un suivi adapté à chaque patient. Pour cela, un bilan complet articulé sur plusieurs critères d’observation est engagé. Ainsi, le patient va être notamment évalué sur sa forme musculaire, son souffle, le stress post-traumatique consécutif à l’infection. Une série d’entretiens sera menée par différents spécialistes dont un kinésithérapeute, un diététicien ou encore un psychothérapeute. Un protocole de soins rééducatifs sera prescrit par la suite.
Selon les cas de figures, cela peut aller de simples séances de kinésithérapie en cabinet à la prise en charge par un service de rééducation en hôpital. « Le déconditionnement physique entretient les douleurs », analyse le docteur Nicolas Barizien. « On sait aussi que si l’on perd brutalement du poids, surtout dans un contexte de maladie infectieuse, on perd du muscle. Or, le muscle c’est la santé. Le fait de se remettre à une activité physique progressive améliore la qualité de vie ». Au bout de deux mois, les patients sont réévalués.
Rien n’explique à l’heure actuelle le pourquoi de la résurgence des symptômes de Covid-19 chez certains patients. « C’est encore une des inconnues, des zones d’ombre de ce virus sur lesquelles la recherche met toute son énergie », observe le coordonnateur du programme Rehab-Covid.
De surcroît, il est difficile d’estimer le nombre de personnes concernées. « Ce qui compte, c’est qu’elles soient prises au sérieux et encadrées. Qu’elles aient conscience que cela n’est pas « dans leur tête » et qu’il y a des solutions à proposer pour qu’elles aillent mieux ».
À cette fin et dans l’optique d’une meilleure prise en charge des patients, le docteur Nicolas Barizien a mis en ligne, sur le site de l’hôpital Foch de Suresnes, un maximum d’informations pour aider les praticiens à établir un diagnostic et diriger chaque personne vers un service adapté.
*Pour Réhabilitation Covid. L’unité de réadaptation fonctionnelle, où ce programme destiné aux patients atteints de symptômes de Covid-19 résurgents est mené, a été créée il y a cinq ans pour la prise en charge des patients en oncologie. Elle maintient sa mission première tout en s’adaptant aux besoins spécifiques liés au coronavirus.