Santé mentale : comment se soigner ?

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Par Charlotte de l'Escale

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Traumatisme, dépression, schizophrénie… Les affections psychiques sont nombreuses. Heureusement, il existe des traitements et des thérapies pour soigner ces troubles et maladies. Des anxiolytiques à l’hypnose ou à la méditation pleine conscience, tour d’horizon des outils qui s’offrent à vous.

Il existe de nombreux soins pour lutter contre les maladies et troubles psychiques. Cela va des traitements médicamenteux à des techniques psychothérapeutiques comme l’hypnose ou la méditation. Souvent, médicaments et psychothérapies sont combinés.

Les traitements médicamenteux sont prescrits par les psychiatres. Ils agissent sur les neuromédiateurs (les molécules qui permettent de transmettre des informations d’un neurone à un autre : sérotonine, dopamine…), soit en augmentant, soit en diminuant leur concentration dans le cerveau. On peut les diviser en quatre grandes familles :

  • Les anxiolytiques et les somnifères appartiennent souvent à la même classe de médicaments. Ils détendent le patient et permettent de lutter contre l’anxiété. Leur effet se fait sentir assez rapidement après leur absorption, alors que pour les traitements suivants, cela prend souvent plusieurs semaines.
  • Les antidépresseurs sont utilisés pour lutter contre la dépression, « mais aussi pour certains troubles anxieux chroniques, comme les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) », précise Julie Geneste-Saelens, psychiatre au CHU de Clermont-Ferrand et co-autrice du livre Urg’Psychiatrie*.
  • Les régulateurs de l’humeur, ou thymorégulateurs, stabilisent le moral. Ils ont une action préventive, c'est-à-dire qu’ils aident des personnes faisant des dépressions récidivantes à ne pas rechuter, ou des personnes ayant des troubles bipolaires à ne pas faire de crise.
  • Les antipsychotiques, enfin, sont utilisés dans le cas de maladies psychotiques comme la schizophrénie. Ils remplacent les neuroleptiques de première génération, « que l’on utilise peu aujourd’hui car ils ont beaucoup d’effets secondaires », explique le Dr Geneste-Saelens.

La psychiatre ajoute : « Il y a des médicaments qui font partie de plusieurs catégories : des antipsychotiques qui sont aussi des régulateurs de l’humeur, des antidépresseurs qui ont une action anxiolytique… »

Jauger le rapport bénéfices/risques

Ces médicaments, comme tout traitement, peuvent générer des effets secondaires. Les troubles de la vigilance sont les principaux : « Le patient peut être un peu ralenti d’un point de vue physique et cognitif ; il faut adapter la dose pour que cela n’arrive pas », déclare Julie Geneste-Saelens. Les antidépresseurs peuvent donner des nausées, surtout en début de traitement. Ils peuvent aussi générer de l’irritabilité, car ils ont un effet tonifiant. Pour les régulateurs de l’humeur et les antipsychotiques, l’effet secondaire le plus fréquent est la prise de poids. « C’est un effet secondaire désagréable, parce que cela retentit sur l’image de soi. Ce qui fait que l’on recommande souvent d’associer à leur prise une augmentation de l’activité sportive. »

Le docteur Geneste-Saelens explique que l’objectif, pour le prescripteur, est de jauger le rapport bénéfices/risques. « Les maladies psychiques, surtout quand elles sont chroniques, présentent un risque important pour la personne et parfois aussi pour son entourage. Et elles sont un handicap social majeur. » Elles modifient en effet la personnalité, le rapport aux autres et à la réalité. Elles peuvent être sources de troubles du comportement, ce qui peut générer une grande souffrance chez les proches. Les répercussions sociales peuvent être importantes : divorce, perte de l’emploi, endettement…

Thérapie de couple, travail sur les traumatismes

Les techniques psychothérapeutiques, quant à elles, peuvent être pratiquées par des psychiatres ou des psychologues psychothérapeutes. Elles sont nombreuses, et certaines se mènent parfois en groupe. Elles « peuvent, dans des troubles légers, remplacer un traitement médicamenteux. Quand le trouble est moyen ou sévère, les deux peuvent être très complémentaires », explique Julie Geneste-Saelens.

Il y a les approches systémiques, qui s’adressent au couple ou à la famille. « On analyse la dynamique du groupe, on détermine ce qui dysfonctionne dans le système et on travaille à une amélioration des interactions », explique Stéphany Orain-Pelissolo, psychologue et psychothérapeute à Paris, auteure de Etreindre votre douleur, éteindre votre souffrance**.

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) « consistent à travailler avec le patient sur les pensées ou les comportements qui ne sont pas adaptés et qui génèrent de la souffrance », déclare la psychologue. « Par exemple, les gens qui ont des phobies vont être dans l’évitement des situations qui les angoissent. Et cet évitement favorise le maintien de la phobie. » Le thérapeute les expose progressivement à la situation. Il peut accompagner le patient dans un endroit qu’il craint et lui apprendre des techniques, sur place, pour qu’il prenne conscience de l’absence de danger. Il peut aussi travailler directement sur l’anxiété du patient, et lui apprendre des techniques de relaxation ou de méditation.

Une autre méthode psychothérapeutique est l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing, ou désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires). Elle permet de soigner des traumatismes. « Quand on vit un événement traumatique, on peut se couper de ses émotions, de son ressenti, pour survivre à cette expérience. C’est quelque chose qui est nécessaire mais qui peut, par la suite, maintenir le traumatisme », explique Stéphany Orain-Pelissolo. Suivre les doigts du thérapeute du regard pendant que l’on se souvient de l’événement permet de rester dans l’instant présent et de ne pas revivre les émotions à l’état pur. La thérapie permet que l’événement traumatique se stocke dans la mémoire à long terme, ce qui va lui ôter son intensité et son rôle parasite.

Hypnose, méditation ou psychanalyse

L’hypnose, elle, « consiste en une modification de l’état de conscience de la personne pour converser avec elle. Dans cette conversation, le thérapeute fait des suggestions qui doivent influer sur le comportement, les émotions et la manière de penser », déclare Stéphany Orain-Pelissolo.

La thérapie basée sur la méditation pleine conscience est utilisée en prévention de rechutes de dépression, par exemple. Elle permet d’apprendre à la personne à « désengager son attention de ce qui est douloureux pour elle », définit la psychologue. « Quand quelque chose nous fait mal, que ce soit une douleur physique ou morale, notre attention va être happée par ce qui est douloureux. Grâce à des exercices, le patient apprend à porter son attention sur différentes parties de son corps, ou sur sa respiration.

Le docteur Geneste-Saelens insiste sur le fait que les psychothérapies peuvent, au même titre que les médicaments, avoir des effets secondaires. Elles peuvent réveiller des blessures profondes chez le patient. C’est pourquoi, quand on souhaite les utiliser dans le champ des pathologies psychiatriques, il faut impérativement s’adresser à un soignant de santé mentale formé à ces techniques. « Il faut quelqu’un qui maîtrise à la fois la technique psychothérapeutique et le champ clinique, qui connaisse parfaitement la théorie et la clinique de la maladie psychiatrique que le patient présente. Qu’il puisse repérer s’il y a quelque chose d’anormal qui se passe… »

En dehors des traitements médicamenteux et des psychothérapies, il y a la psychanalyse. Elle s’appuie sur un travail de parole, au long court, qui a pour but d’amener le patient à mieux se connaître et à comprendre les mécanismes qui le régissent.

*Urg’ psychiatrie. Toutes les situations d’urgence psychiatrique en poche, Jérôme Liotier, Julie Geneste-Saelens, Céline Pouilly, Georges Brousse, éd. Arnette, 2017.

Par Charlotte de l'Escale

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