Se soigner autrement grâce aux médecines alternatives et complémentaires ?

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Par Angélique Pineau

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© Youssef Larayedh et vidéos : Angélique Pineau

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Les médecines alternatives et complémentaires sont plébiscitées par les patients. Et le corps médical s’en empare pour soigner différemment. Deux médecins, une neurologue qui utilise l’hypnose et un homéopathe, témoignent de leur pratique.

Ostéopathie, acupuncture, homéopathie, hypnose… Il existe de nombreuses médecines alternatives et complémentaires en France et dans le monde. En comptant les médecines traditionnelles, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en recense environ 400 en tout. Et près d’un Français sur deux y a déjà eu recours.

Ces disciplines, que l’on appelle aussi parfois « médecines douces » ne sont pas réellement des alternatives à la médecine conventionnelle mais s’avèrent plutôt complémentaires. Même si, aujourd’hui, toutes n’ont pas fait leurs preuves (au sens scientifique du terme). D’ailleurs, seules quelques-unes d’entre elles sont remboursées par la Sécurité sociale (comme l’homéopathie). Et peu disposent de formations reconnues (comme l’ostéopathie).

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Hypnose : comment éviter les charlatans ?

Neurochirurgien praticien hospitalier au CHU du Kremlin Bicêtre (Val-de-Marne), le Dr Silvia Morar pratique l’hypnose depuis environ 15 ans. « Au départ, c’est un ami chirurgien qui m’en a parlé et j’ai pu constater que cela fonctionnait. Après une formation, j’ai introduit cette technique à l’hôpital. L’hypnose est en effet une médecine alternative et complémentaire. Mais elle est aussi considérée depuis 1955 comme un acte médical par la British association of medicine. Une reconnaissance qui a, depuis, été étendue à l’Europe entière. »

Le Dr Silvia Morar utilise régulièrement l’hypnose, à la fois dans le cadre de la chirurgie et pour soigner les douleurs neuropathiques notamment pour des patients atteints de maladies rares. « L’hypnose peut avoir un impact positif sur les douleurs aigües comme sur les douleurs chroniques. Et elle contribue à diminuer les traitements. Les bénéfices sont donc énormes. Pour autant, ce n’est pas une réponse à tout. Elle vient en plus des autres techniques à notre disposition pour soigner. »

Pour ce neurochirurgien, l’hypnose doit être pratiquée sérieusement et donc réalisée par des médecins qui se sont formés – en plus de leur cursus initial – à cette technique. « Faire appel à un médecin est le meilleur moyen de se prémunir d’éventuels charlatans. » Et plus généralement, « les médecines alternatives et complémentaires doivent être validées par des données scientifiques, contrôlées et encadrées par l’État. »

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Interview du Dr Bruno Dubos, psychiatre à Rennes formé à l’hypnose.

L’homéopathie : complémentaire à la médecine générale ?

Médecin généraliste, le Dr Jean-Luc Mabilon a pratiqué l’homéopathie pendant plus de 40 ans. Aujourd’hui à la retraite, il définit l’homéopathie comme « une médecine écologique, économique et enrichissante pour le patient qui peu à peu met en relation l’influence sur son équilibre de son environnement climatique, émotionnel et écologique ».

Pour Jean-Luc Mabilon, « un dialogue est possible et même nécessaire entre médecine traditionnelle et homéopathie. Les deux sont complémentaires. » D’ailleurs, quand il exerçait, il utilisait à 80 % l’homéopathie et à 20 % la médecine conventionnelle. « Et je pense avoir fait économiser beaucoup d’argent à l’Assurance maladie et aux complémentaires santé. » Mais comment déterminer à laquelle des deux pratiques avoir recours ? « C’est au praticien de le décider en fonction de l’urgence, de la gravité et de la complexité de chaque cas. Et ce, après avoir fait un diagnostic et déterminer le temps dont il dispose pour soigner sans risque son patient. » Selon lui, l’homéopathie a pour objectif d’individualiser le traitement. « Chaque patient est un patient particulier. »

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Notre article pour mieux comprendre comment fonctionne l’homéopathie et saisir le débat actuel sur son remboursement.

Comme le Dr Silvia Morar au sujet de l’hypnose, lui aussi confirme que l’homéopathie devrait être réservée aux professionnels de santé. « Elle doit être bornée aux prescripteurs légaux : médecins, dentistes, sages-femmes, pharmaciens et vétérinaires. C’est-à-dire aux personnes que le Conseil de l’Ordre considère comme ayant la formation nécessaire pour pouvoir prescrire des médicaments. » Le Dr Jean-Luc Mabilon est également conscient des limites de l’homéopathie. « En aucun cas, elle ne peut guérir tout ce qui est de l’ordre du lésionnel. C’est l’allopathie* qui est indiquée pour le traiter. »

* L’allopathie est le terme souvent utilisé par les homéopathes pour désigner la médecine conventionnelle qui se base sur l'administration de médicaments contenant des substances actives pour soigner, contrairement à l’homéopathie.

 

Les Agoras mutualistes : des lieux pour débattre

Ces propos sur les médecines alternatives et complémentaires sont issus de l’Agora mutualiste « Se soigner autrement… dans quels cas est-ce possible ? », qui s’est tenue le 13 novembre 2018 à Paris. Les Agoras mutualistes sont des rencontres-débats gratuites et ouvertes à tous. Elles donnent la possibilité d’échanger avec des spécialistes sur un thème en lien avec la santé ou la protection sociale.

Organisés par Harmonie Mutuelle et Essentiel Santé Magazine, ces événements citoyens et participatifs sont portés par les élus de la mutuelle.

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