Sport et cancer : stop aux idées reçues

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Par Pauline Hervé

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© ljubaphoto / Getty

On se représente rarement un malade du cancer sous traitement ou un patient en rémission en train de faire du sport. Pourtant, les effets thérapeutiques de l’activité physique sont dorénavant reconnus scientifiquement.

L’activité physique est déconseillée quand on a un cancer. FAUX

« C’est une idée reçue qui a la vie dure », constate Jean-Marc Descotes, cofondateur de la CAMI sport & cancer. « Pourtant, il existe aujourd’hui une vraie littérature scientifique qui montre que non seulement ce n’est pas déconseillé mais recommandé. L’activité physique est bonne pour le patient, et bien au-delà de simplement « garder le moral » comme on l’entend encore ». Elle a un véritable effet thérapeutique démontré, pendant et après les traitements classiques (chimiothérapie, radiothérapie). Elle permet de lutter contre les effets indésirables, notamment la fonte musculaire, la fatigue chronique ou les douleurs musculaires et ostéo-articulaires.

Le sport pendant un traitement, c’est trop fatigant. FAUX

« Mes proches me disaient : « Repose-toi, garde ton énergie pour combattre la maladie », se souvient Vincent Guerrier. Il a été soigné pour un lymphome à 24 ans et a créé avec Léa Dall’Aglio le site www.maladesdesport.fr. Ils pensaient que le sport allait consommer mes forces. » C’est l’effet inverse qui se produit. L'activité physique aide à mieux supporter la fatigue chronique générée par les traitements lourds. « On constate en moyenne une diminution de la fatigue de 36 % : 20 % pendant le traitement et 40 % après », souligne Jean-Marc Descotes. Contre cette fatigue chronique, qui ne cède pas au repos, l’activité physique est le seul traitement efficace à ce jour.

L’activité physique est une forme de traitement. VRAI

Elle ne se substitue évidemment pas « aux traitements classiques » (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie). Mais l’activité physique est maintenant reconnue comme une thérapie complémentaire. Le sport aide à mieux supporter les traitements, car un taux minimum de masse musculaire permet d’amoindrir l’effet « toxique » de la chimiothérapie. Il aide à rester autonome et à entretenir sa capacité cardiorespiratoire. Et tout ceci permet d’éviter de probables complications. « On pourrait intégrer l’activité physique comme un traitement dans le parcours du patient, insiste Jean-Marc Descotes. Ainsi il pourrait y avoir, une fois le diagnostic de cancer posé, une consultation pour faire un bilan des capacités physiques. Ensuite, on prescrirait l’activité à pratiquer auprès de professionnels du sport-santé ». Proposer de tels parcours coordonnés est la mission de cette association reconnue d’intérêt général.

On peut pratiquer tous les sports, à tous niveaux. FAUX

La pratique physique doit être adaptée à chaque patient. Selon ses objectifs, sa pratique sportive avant le diagnostic, ses capacités physiques, son traitement et ses éventuels effets secondaires… Le mieux est de faire un bilan complet auprès d’un médecin formé à ces problématiques avant de se tourner vers des organismes ou professionnels spécialisés dans le sport-santé (associations, éducateurs sportifs, kinésithérapeutes). Vincent Guerrier se souvient : « L’une de mes premières questions à l’oncologue a été « Puis-je continuer à faire du sport ? ». Sa réponse : « Oui mais écoutez votre corps ». J’ai pratiqué tout seul, je n’avais aucune information sur le sport-santé. Depuis, je me suis documenté et j’ai décidé de créer un site d’information sur cette pratique encore trop peu connue. Quant à mon oncologue, j’ai appris qu’il avait, depuis, fait engager une éducatrice sportive dans le service d’hématologie ».

Après un cancer, je ne pourrai plus faire de sport. FAUX

Plusieurs études le démontrent : selon le type de cancer, la pratique de l’activité sportive diminue de 30 à 50 % le risque de récidive, selon le niveau d’intensité de l’activité physique. Le choix de son activité doit être fait en l’absence de contre-indication médicale et en tenant compte de sa forme physique après le traitement. S’il y a eu une intervention chirurgicale, par exemple, certains mouvements peuvent être difficiles, voire déconseillés. Mais il est toujours possible, avec un encadrement, de trouver l’activité qui va permettre de se faire plaisir tout en renforçant son capital santé.

Pour aller plus loin :

  • Malades de sport : site d’information dédié au sport-santé.
  • CAMI Sport & Cancer : la CAMI est une association qui développe des programmes de thérapie sportive pour les personnes (hommes, femmes, enfants) touchées par un cancer. Et ce, dès le début du diagnostic et à tout moment du parcours de soins.
  • Livre « Sport et cancer » (tomes I et II) de Jean-Marc Descotes et Thierry Bouillet, aux éditions Chiron.

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