Télémédecine : au service de l’accès aux soins

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Par Cécile Fratellini

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© FangXiaNuo / iStockphoto

Se soigner à distance, voilà ce que propose la télémédecine. Ses avantages ? Un gain de temps et un accès facilité à des spécialistes.

Consulter un dermatologue par écrans interposés, ce n’est pas commun. Mais cet acte se démocratise petit à petit grâce à la télémédecine. Dans les Côtes d’Armor, les résidents de plusieurs EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) en bénéficient déjà depuis un an. « La téléconsultation dure environ 15 minutes. C’est très confortable pour le patient qui n’a pas à se déplacer. Le spécialiste, lui, est à l’hôpital de Dinan ou de Saint-Brieuc par exemple. Et même s’il communique via un écran, il y a bien un échange humain », rassure le Dr Pierre Espinoza, coordinateur du programme Telehpad, lancé par la Mutualité Française Côtes d’Armor.

 

Accès à l’expertise médicale

Si la télémédecine ne déshumanise pas, elle permet également de faciliter l’accès aux soins. En Bretagne, certains EHPAD concernés par ce projet sont à 40 km du premier hôpital. « C’est un outil très utile pour les populations isolées. La télémédecine est une réponse au problème de démographie médicale. Sans elle, certains n’accéderont plus à des spécialistes », ajoute le Dr Pierre Espinoza. Le programme Telehpad se développe justement en s’équipant de tablettes mobiles afin de couvrir encore plus d’établissements.

La télémédecine facilite donc l’accès à l’expertise médicale. « Des consultations en télépsychiatrie ont été mises en place entre Vannes et la population de Belle-Ile par exemple. C’est l’accès aux soins pour tous, partout. Autre avantage dans ce cas précis, le patient peut avoir une parole plus libérée face à une caméra. Situation particulière qui donne au psychiatre des informations complémentaires dans le rapport aux autres de son patient et qui enrichit son diagnostic », indique Pierre Traineau, directeur du CATEL (Club des acteurs de la télésanté).

 

Environ 400 projets

De nombreux autres exemples de télémédecine sont développés en France : téléconsultations en psychiatrie et dermatologie pour les détenus, meilleure prise en charge des AVC (accidents vasculaires cérébraux) grâce à Télé-AVC où le patient bénéficie, quand il arrive aux urgences, d’une téléconsultation avec un neurologue… « Environ 400 projets existent aujourd’hui contre 250 en 2011, selon Pierre Simon, pionnier de la télédialyse en France et ancien président de la société française de télémédecine. La progression est nette ».

Depuis 2014, neuf territoires pilotes (Alsace, Basse-Normandie, Bourgogne, Centre, Haute-Normandie, Languedoc-Roussillon, Martinique, Pays-de-Loire et Picardie) désignés par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, mènent une expérimentation intitulée « ETAPES ». Ce programme va permettre de déterminer le modèle tarifaire adéquat et analyser l’impact de la télémédecine sur le système de soins. Si au départ, il ne concernait que les plaies chroniques et/ou complexes, il a été élargi, en avril dernier, à tous les patients en « affection de longue durée » ainsi qu’aux résidents de structures médico-sociales. Les autres régions développent bien évidemment aussi des projets de télémédecine définis par les agences régionales de santé, qui les financent sur leur FIR (Fonds d’intervention régional).

 

Une autre façon de se soigner ?

La télémédecine tend donc à se généraliser dans les années à venir et à évoluer. « Elle va contribuer au développement d’une médecine encore plus personnalisée. On fera de la prévention plutôt que du traitement curatif. La manière de se soigner va changer. Le patient pourra assurer sa propre surveillance et on gagnera en efficacité, précise Pierre Simon. Mais pour qu’il n’y ait pas de dérive et de perte d’humanité, il devra juger de la qualité de l’organisation de la télémédecine et contribuer ainsi à la qualité des soins ».

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