Thrombose veineuse : distinguer les formes légères des phlébites à risque

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Par Patricia Guipponi

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On parle de thrombose veineuse quand un caillot de sang se forme dans une veine et bloque la circulation sanguine en partie ou totalement. Les formes les plus graves peuvent conduire à une embolie pulmonaire, responsable de 10 000 à 20 000 décès par an en France.

La thrombose veineuse se caractérise par la formation d’un caillot de sang dans une veine, généralement au niveau des membres inférieurs. Cet amas de sang coagulé entrave alors partiellement ou totalement la circulation sanguine.

Il existe deux sortes de thromboses veineuses. Les moins graves, appelées paraphlébites, touchent les veines dites superficielles, proches de la surface de la peau et non associées à une artère. Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), plus de 250 000 cas de paraphlébites surviennent chaque année sur le territoire français.

« On les distingue des thromboses plus graves ou profondes, dites phlébites. Ces dernières affectent les veines profondes, situées au sein des muscles, qui jouent un rôle capital dans la propulsion du sang vers le cœur », indique le docteur Thomas Caudrelier, médecin vasculaire, membre de la société française de médecine vasculaire (SFMV) et de la société française de phlébologie. Selon l’Inserm, entre 50 000 et 100 000 cas de phlébites sont enregistrés chaque année.

Toute immobilisation forcée favorise la phlébite

L’insuffisance veineuse est un terrain de choix pour la formation des caillots. Le réseau veineux n’est pas assez performant. Il rencontre des difficultés pour renvoyer le sang des membres inférieurs au cœur. Les varices, veines gonflées et douloureuses, sont le symptôme le plus fréquent de cette affection qui touche 18 millions de Français.

Chaque pas effectué au quotidien, participe au bon fonctionnement de la circulation sanguine. « A l’inverse, l’immobilisation forcée, liée à un plâtre, une chirurgie abdominale ou encore orthopédique, peut contribuer à constituer une phlébite », souligne le médecin vasculaire.

Et celui-ci de poursuivre : « Il en est de même lorsqu’une bactérie nous cloue au lit, comme en cas de pneumonie ». Toute inflammation augmente les risques de thrombose veineuse profonde. Le duo pilule-tabac comme le surpoids peuvent aussi précipiter cette éventualité.

L’âge et les longs trajets en avions comme facteurs de risque

Les personnes de plus de 60 ans sont plus susceptibles de développer une thrombose veineuse. « L’âge est un facteur de risque. L’apparition de maladies comme le cancer aussi. C’est très rare chez l’enfant, excepté s’il est atteint d’une pathologie grave », observe l’angiologue.

La phlébite peut également trouver sa cause dans l’hérédité. « Les maladies de thrombophilie s’observent souvent chez les parents et/ou les grands parents du patient. Les prises de sang permettent de déceler les anomalies ».

Voyager plus de 4 heures d’affilées en avion peut entraîner l’apparition d’une phlébite. La position assise induit la compression prolongée des cuisses. La dépressurisation de la cabine, qui entraîne à la fois une diminution de l’oxygène et une importante déshydratation, est aussi pénalisante. « C’est pour cela qu’il est fortement recommandé aux adultes de porter des bas de compression veineuse. »

L’embolie pulmonaire en cas de caillot dans les artères

La paraphlébite se traduit par une inflammation le long du trajet de la veine superficielle. « On a l’impression de palper une cordelette sur la peau », précise le docteur Thomas Caudrelier. Quant aux signes de la phlébite, ils sont assez classiques. « Des douleurs plus ou moins importantes sont ressenties dans le mollet et parfois dans la cuisse ». Des rougeurs peuvent apparaître dans le bas de la jambe, des œdèmes se former jusqu’à la cuisse.

Il arrive que la thrombose profonde s’aggrave lorsque le caillot de sang se détache accidentellement et va se nicher au niveau des artères pulmonaires. « C’est ce que l’on appelle une embolie pulmonaire », ajoute l’angiologue. Le poumon atteint subit des dommages. La partie lésée ne peut plus fournir d’oxygène à l’organisme.

Les symptômes de l’embolie pulmonaire varient selon les personnes. Cela peut se manifester par des difficultés à respirer ou par une toux ou des crachats de sang. Une douleur thoracique, plus forte à l’inspiration, peut en être également le signe. Selon l’Inserm, 40 000 cas se déclarent tous les ans en France et 10 000 à 20 000 décès sont à déplorer.

Des traitements par piqûres et médicaments anticoagulants

Le traitement de la paraphlébite diffère en fonction de sa localisation. On soigne les plus légères avec de la crème antiinflammatoire, de la glace, du paracétamol ou encore avec le port d’une compression veineuse (chaussette, collant, etc.). « Les paraphlébites sont plus importantes quand elles touchent par exemple la cuisse. Elles peuvent nécessiter l’injection de piqûres anticoagulantes », commente le médecin. On administre également des piqûres anticoagulantes ou des médicaments anticoagulants en cas de phlébite.

Il n’existe aucun traitement de prévention type contre la thrombose veineuse si ce n’est la recommandation de s’adonner à une activité physique, de changer de position régulièrement lorsque l’on reste longtemps assis. Eviter de fumer est aussi recommandé. De surcroît, le surpoids est un facteur de risque.

Quand le Covid-19 augmente le risque de thromboses

Le Covid-19 peut augmenter le risque de thrombose veineuse surtout lorsque l’infection est de forme grave. « Le SARS-CoV-2 est un virus prothrombotique », relève le docteur Thomas Caudrelier, médecin vasculaire. La probabilité de développer une phlébite n’est pas quantifiée pour les patients dont l’infection ne nécessite pas une hospitalisation. Elle se situe autour de 14 % pour les patients hospitalisés. Elle est de 45 % lorsque le patient est admis en réanimation.

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce risque :

Il peut être lié au ralentissement de la circulation sanguine du fait de l’alitement et d’une éventuelle obésité.

Il pourrait aussi avoir pour origine une inflammation liée à la réponse immunitaire lors de l’infection et à la lésion de la paroi des vaisseaux (augmentée par la présence de cathéters). Le risque de thrombose est également encouru en cas de coagulation accrue en raison de l’inflammation causée par l’infection.

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