Tout savoir sur la prothèse de hanche

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Par Nathania Cahen

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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C’est « l’opération du retraité » : environ un million de Français portent une prothèse de la hanche. Chaque année, 180 000 interventions chirurgicales sont programmées. Des chiffres qui s’accroissent avec le vieillissement de la population, l’augmentation de la pratique du sport et la progression de l’obésité.

« La cause du mal est la même pour tous : arthrose de la hanche. Autrement dit, une usure irréversible du cartilage de cette articulation qui unit la jambe au bassin », explique le Pr Julien Girard, chef du service orthopédie et chirurgie du sport du CHRU de Lille. En cause, « l’usage répété et le surpoids ».
C’est fréquemment autour de 70 ans que la douleur survient, débouchant en général sur la pose d’une prothèse. Autant chez les hommes que chez les femmes, fragilisés par l’ostéoporose. « Par jeunes, on entend les moins de 55 ans », précise le Dr Frédéric Sailhan, chirurgien orthopédiste, à l’hôpital Cochin, à Paris. « Mais de plus en plus de très jeunes sont concernés, indique le Pr Girard. Ceux dont le surpoids surcharge les articulations. D’autres qui pratiquent une activité sportive intense, notamment course et tennis qui portent sur les membres inférieurs ». Cette dernière catégorie de sportifs, longtemps marginale, représente désormais 15% des interventions.

Vous souffrez à la hanche ? Douleurs à l’aine, raideurs…

A quel moment convient-il de consulter ? « Quand une douleur se fait ressentir du côté de l’aine, quand une raideur survient et qu’il devient compliqué d’enfiler chaussettes et chaussures, de remonter son pantalon, de grimper dans sa voiture. Quand une légère claudication s’installe », énumère le Professeur Girard. Ces symptômes sont communs à tous, jeunes patients compris.
Dans un premier temps, des antidouleurs, séances de kiné, ou encore des infiltrations de corticoïdes (anti-inflammatoires) sont prescrits pour restaurer la machine musculaire et gagner un peu de temps.

« Mais comme on ne sait ni greffer, ni régénérer le cartilage, et comme l’évolution est inéluctable, la prothèse et donc l’opération finissent souvent par s’imposer », observe le chirurgien lillois.
Comment choisir son hôpital ou sa clinique ? « Il y a les classements internet dont les patients sont friands. Mais les médecins généralistes connaissent bien les praticiens à qui adresser leurs patients », propose le professeur. Dans son service, la liste d’attente dépasse les 12 mois car très peu de praticiens pratiquent le resurfaçage de hanche…

Heureusement, « il n’y a jamais d’urgence pour de la chirurgie d’arthrose, précise-t-il. En revanche, et c’est fort rare, si la douleur est extrêmement élevée et qu’en effet la chirurgie est la seule solution à envisager rapidement, on essaye alors autant que possible de trouver un créneau pour programmer l’opération au plus tôt ».

Prothèse de la hanche : Une opération classique

L’opération consiste à remplacer l’articulation fatiguée par une prothèse qui remplira le même office. La tête du col du fémur est coupée, remplacée par son équivalent en céramique ou en polyéthylène, maintenue par une tige dans le fémur et une cupule (partie arrondie et creuse pour accueillir la tête artificielle) dans le bassin. Les techniques sont moins invasives désormais et préservent muscles et tendons.

Chez les plus jeunes, l’opération se veut moins agressive et diffère un peu : la tête du fémur est juste rabotée puis coiffée d’une coquille (c’est ce que l’on appelle le resurfaçage de hanche). En la matière, le CHRU de Lille est centre référent national Et il existe des possibilités dans toute la France :

Opérer les deux hanches n’est pas systématique. « Cela concerne 30 à 40% des patients et, le cas échéant, il faut compter environ 6 mois entre les deux interventions », explique le Dr Sailhan.

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Radiographie d'une prothèse totale de hanche classique à tige fémorale (à droite) et resurfaçage (à gauche), effectués sur le même patient / DR

Radiographie d'une prothèse totale de hanche classique à tige fémorale (à droite) et resurfaçage (à gauche), effectués sur le même patient

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Il ne faut pas banaliser cette chirurgie

L’intervention se fait sous anesthésie générale. L’hospitalisation moyenne est de 48 heures. Mais pour des personnes en pleine forme, l’opération peut exceptionnellement être programmée en ambulatoire, à savoir se dérouler le matin pour un retour à domicile en fin de journée. « Cela se pratique sous certaines conditions : être volontaire, pas trop âgé et bien entouré, conditionne encore le chirurgien parisien. La plupart des opérés préfèrent le court séjour hospitalier, rassurant et doté du confort nécessaire », note le clinicien.

Si les complications sont rares, « elles existent, de l’ordre de 1 à 2% ; il ne faut donc pas banaliser cette opération », rappelle le Dr Sailhan. Des anticoagulants sont administrés pour proscrire tout risque de phlébite. Mais demeurent les risques d’hématome (une poche de sang sous la peau qui souvent se résorbe spontanément), de luxation (quand la prothèse se déboîte), et d’infection nosocomiale (contractée durant l’hospitalisation). « Dans ce dernier cas, il faut alors réopérer pour nettoyer la prothèse », indique le Pr Girard.

Un mois après l’opération, on peut déjà nager ou pédaler

La rééducation démarre à l’hôpital, avec l’apprentissage de consignes pour s’habiller ou emprunter les escaliers. Au bout d’un mois, la plupart des patients ont lâché les béquilles et peuvent s’adonner à des sports portés, comme la natation ou le vélo. Pour les sports plus exigeants, à impact, il faut compter 3 mois pour escompter reprendre sa pratique, débarrassé désormais de toute gêne ou souffrance.

La prise en charge par la Sécurité sociale est de 100% en hôpital public. Dans le privé, les tarifs peuvent aussi être conventionnées. Il y aura alors une prise en charge par la Sécurité sociale mais une somme restera à la charge de la personne opérée ; le mieux restant de se rapprocher de sa mutuelle pour connaître les éventuelles prises en charge d’honoraires supplémentaires.
Les prothèses sont de plus en plus résistantes mais s’usent encore. Leur durée de vie étant d’environ 25 ans, au-delà il faut repasser par le bloc opératoire pour en poser une nouvelle.

 

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