Tumeurs cérébrales : comment les traiter ?

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Par Peggy Cardin-Changizi

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Bénignes ou malignes, les tumeurs cérébrales affectent toutes les tranches d’âges. Les principaux symptômes révélateurs de la maladie sont les crises d’épilepsie, les maux de tête et des troubles neurologiques. Les traitements, qui peuvent inclure la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie, dépendent surtout du type de tumeurs qui touche le cerveau, de sa localisation et de l’état fonctionnel du patient.

Selon l'Institut national de recherche contre le cancer (Inca), les tumeurs cérébrales représentent 1% des cancers en France et concernent près de 5000 nouveaux cas chaque année. « Les tumeurs cérébrales sont une prolifération anormale de cellules dans le cerveau. Elles peuvent s’avérer bénignes (non cancéreuses) ou malignes (cancéreuses). Dans ce deuxième cas, les cellules sont d’une agressivité variable, mais parfois très marquée, et peuvent se propager à d'autres parties du corps », explique le Professeur Nicolas Reyns, chef du service de neurochirurgie oncologique de l'hôpital universitaire de Lille. Les tumeurs cérébrales peuvent se développer à partir de différentes parties du cerveau, notamment les cellules du tissu cérébral, les membranes qui entourent le cerveau (méninges), mais aussi d'autres structures cérébrales.

Les tumeurs primitives qui se développent dans le cerveau

On distingue deux principales formes de tumeurs cérébrales. « Tout d’abord, les tumeurs dites primitives qui naissent dans le cerveau », poursuit le Pr Reyns. Près de la moitié sont bénignes. « C’est le cas des adénomes qui se développent sur certaines glandes comme l’hypophyse ou encore des méningiomes, des tumeurs intracrâniennes extra cérébrales qui touchent les membranes entourant le cerveau ». Bien qu’elles soient bégnines, ces tumeurs, selon leur taille et la zone du cerveau qu’elles compriment, peuvent entraîner des répercussions cliniques importantes (troubles visuels, céphalées, hypersécrétion hypophysaire…). Elles peuvent donc être traitées par la chirurgie.

Les glioblastomes, les formes les plus sévères

« Mais les tumeurs les plus complexes sont les gliomes, qui s’attaquent au tissu cérébral lui-même », précise le Professeur Olivier Chinot, chef du service de neuro-oncologie du Pôle de Neurosciences Cliniques à l’université Aix Marseille Université (AP-HM). Ces tumeurs malignes représentent 75% des tumeurs cérébrales primitives.
« On distingue les glioblastomes, formes les plus sévères et les plus difficiles à traiter qui touchent surtout les patients âgés de 60-70 ans, des gliomes IDH mutés (caractérisés par la présence d’un gène, IDH, muté), moins agressifs, qui touchent plutôt les 20-40 ans, où les traitements peuvent avoir une efficacité très prolongée ». Malgré un traitement par radiothérapie (rayonnements pour tuer les cellules cancéreuses) et chimiothérapie (médicaments pour tuer les cellules cancéreuses) qui consiste à réduire la tumeur et maintenir l’autonomie, les chances de guérison des glioblastomes sont faibles.

Des tumeurs secondaires issues d’un autre cancer

Deuxième forme de lésions : les tumeurs cérébrales secondaires. « Elles se propagent dans le cerveau à partir d’un autre cancer développé initialement hors du cerveau (cancer du sein, du poumon, du rein ou de la peau, le plus souvent) », reprend le Pr Chinot.
Ces tumeurs malignes, plus fréquentes que les tumeurs primitives, sont également appelées métastases cérébrales. « Dans la plupart des cas, on essaiera de proposer au patient un traitement qui pourra agir sur le cancer primitif et sur les métastases du cerveau ». L’efficacité de ces traitements est assez variable d’un cancer à un autre.

Des symptômes très handicapants

Les symptômes caractéristiques d’une tumeur cérébrale vont s’exprimer de manière différente selon les patients et selon l’emplacement des lésions dans le cerveau. « L’un des principaux symptômes reste la crise d’épilepsie, souligne le Pr Chinot. Plus de 60 % des malades en souffrent ». La tumeur peut également augmenter la pression intracrânienne ce qui va provoquer des maux de tête persistants, des nausées et vomissements.
« Le patient peut aussi présenter des troubles neurologiques variés comme des troubles de la vision, du langage, de l’humeur, des déficits moteurs et des pertes d’équilibre », complète le Pr Nicolas Reyns. Des symptômes parfois handicapants qui peuvent entraver l’autonomie du patient ».

Une IRM comme premier outil de diagnostic

Le médecin traitant, consulté souvent en première intention pour les maux de tête ou les crises d’épilepsie, va demander une IRM cérébrale et orienter son patient vers un neurochirurgien ou un neuro-oncologue. « Les images des examens vont montrer la lésion, sa localisation, ses caractéristiques et donner une très forte suspicion, assure le Pr Reyns.
Mais le diagnostic de certitude se fera avec l’analyse de l’aspect de la tumeur au microscope (morphologie) et d’altérations génétiques (ADN, ARN…) dans un laboratoire d’anatomo-pathologie, spécialisé dans l’étude des tissus et/ou cellules des patients atteints d'un cancer ». Cette analyse indiquera l’évolution possible de la tumeur et orientera vers le traitement le plus adapté.

Une biopsie en cas de tumeur inopérable

Lorsque la tumeur est opérable, on va la retirer sous anesthésie la plupart du temps générale, et l’analyser. « Certaines tumeurs primitives peuvent être opérées sous anesthésie locale en condition éveillée afin de préserver certaines fonctions, notamment le langage », précise le Pr Reyns. L’opération peut être complétée par de la radiothérapie et/ou de la chimiothérapie.
« En revanche, lorsqu’elle est inopérable (à cause de sa localisation ou de l’état général du patient par exemple), on va pratiquer un simple prélèvement (biopsie) pour identifier et analyser la tumeur », détaille le Pr Chinot. Réalisée sous anesthésie locale, la biopsie se fait grâce à une incision du cuir chevelu et un petit trou fait avec une mèche. "C’est totalement indolore et ne nécessite qu’une courte hospitalisation ».

Des personnes plus à risque

Les tumeurs cérébrales peuvent toucher des personnes de tous âges (même si elles sont plus fréquentes chez les plus de 50 ans), et de tous sexes (avec une petite prédominance masculine), mais certains profils peuvent être plus à risque. « Certaines conditions médicales peuvent en effet augmenter le risque de développer une tumeur cérébrale, reconnait le Pr Reyns. Par exemple, des antécédents familiaux de tumeurs cérébrales, des antécédents de radiothérapie du cerveau ou des facteurs génétiques comme le syndrome de Lynch 1 ».

Des risques élevés de récidive

Certaines tumeurs cérébrales, comme les glioblastomes (tumeurs primitives malignes), sont plus agressives que d'autres et peuvent être plus difficiles à traiter, ce qui peut affecter les chances de survie. De même les risques de récidive peuvent varier selon le type de tumeur, le stade de la maladie, le traitement reçu, ainsi que l'âge et l'état de santé général du patient.
« Plusieurs traitements sont actuellement à l’étude pour réduire le taux de récidive, notamment des glioblastomes, conclut le Pr Chinot. C’est le cas de l’immunothérapie, qui s’appuie sur les défenses naturelles du patient pour lutter contre les cellules cancéreuses ou certains vaccins en cours d’évaluation ».

* Le syndrome de Lynch est une maladie génétique héréditaire qui prédispose les individus à développer certains types de cancer, en particulier le cancer colorectal.

Parler positivement de la maladie

Pour la première fois - en France et dans le monde - dans un livre baptisé « Plus cérébrale que nous, tumeur ! » et sorti en mars 2023, dix patients atteints de tumeurs cérébrales incurables (gliomes) témoignent de leur combat quotidien contre la maladie, avec un maître mot : positiver.
De cette initiative est née une association éponyme ayant pour objectif de mener des actions de sensibilisation et de communication autour des tumeurs cérébrales. « Nous proposons différentes actions - groupes de parole, animations ou ateliers - pour les patients, mais aussi les proches et aidants grâce à des intervenants bénévoles (psychologues, professeur de yoga…) », explique Émilie Jochymek-Schaer, membre fondatrice de l’association, qui dernière s’investit également dans la recherche par des dons ou des récoltes de fond en faveur de programmes de recherche.

Par Peggy Cardin-Changizi

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