Les vaccins en débat

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Par Cécile Fratellini

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© Choreograph / iStockphoto

Les Français sont de plus en plus méfiants : « Pas la peine de se faire vacciner contre une maladie qui n’existe plus », « les vaccins ont des effets indésirables importants ». Résultat : le taux de couverture vaccinale contre la grippe a chuté de 13 points depuis 2008.

« Je peux pas j’ai vaccin. », le slogan est drôle et original. C’est celui d’une campagne d’information lancée par les pharmaciens d’Aquitaine, à l’automne dernier, pour redonner confiance aux patients. Au niveau national, la ministre de la Santé Marisol Touraine a engagé un plan d’action, en début d’année, pour relancer la vaccination. Au menu : une meilleure information des patients et des professionnels de santé avec notamment un site internet dédié à la vaccination, une concertation citoyenne, une meilleure coordination de la politique vaccinale… Le tout pour arriver à des conclusions sur l’évolution de la politique vaccinale en décembre prochain. En attendant, petite piqûre de rappel sur le rôle des vaccins !

À quoi servent-ils ?

Un vaccin est un moyen de prévention contre une maladie que l’on n’a jamais eu comme par exemple le tétanos, la rougeole, la méningite. Il permet de se protéger soi-même mais également son entourage. Il présente donc un intérêt pour la santé publique. Certaines maladies ont été entièrement éradiquées, comme la variole en 1976. D’autres pourraient l’être dans les prochaines années. Si et seulement si la couverture vaccinale est bonne. Mais pour cela, il faut redonner confiance. Aujourd’hui, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette défiance : la peur des effets secondaires ou bien encore la pénurie de certains vaccins.

Une pénurie qui dure depuis plus d’un an

Plusieurs vaccins destinés aux nourrissons sont introuvables en pharmacie depuis plus d’un an. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), « le retour à la normale pour certains d’entre eux* est prévu courant 2016 en officine et pas avant la fin de l’année pour d’autres**, sous réserve de confirmation des approvisionnements ». Aujourd’hui, le calendrier vaccinal recommande donc un vaccin qui protège contre six maladies (dont l’hépatite B) qui, lui, ne rencontre aucune difficulté d’approvisionnement.

Mais de nombreuses familles ne souhaitent pas faire vacciner leur enfant contre toutes ces maladies, et notamment l’hépatite B. La raison ? Plusieurs cas de sclérose en plaques ont été signalés à la suite de ce vaccin. Pourtant, l’existence d’un lien de cause à effet entre ce vaccin et cette maladie n’est pas confirmée par les études. « L’explication la plus plausible est qu’il s’agit d’une coïncidence due au grand nombre de doses de vaccin anti-hépatite B administrées, la plupart à des individus de la tranche d’âge dans laquelle la sclérose en plaques survient initialement », explique l’Organisation mondiale de la santé. à noter que, après dix-sept ans d’instruction, la justice a rendu, le 9 mars dernier, un non-lieu dans l’enquête sur le vaccin contre l’hépatite B, mis en cause dans l’apparition de certaines maladies neurologiques***.

* Vaccins pentavalents qui protègent contre le tétanos, la diphtérie, la poliomyélite, la coqueluche et l’haemophilus influenza.
** Vaccins tétravalents qui protègent contre le tétanos, la diphtérie, la poliomyélite et la coqueluche.
*** Source : AFP.

L’aluminium remis en question

Rappelons cependant que le vaccin est un médicament et qu’il peut avoir des effets indésirables. La plupart du temps, il s’agit juste d’une montée de fièvre et d’une douleur à l’endroit de l’injection. Les effets secondaires graves existent, mais sont rares.

Depuis quelques années, l’aluminium (adjuvant présent dans de nombreux vaccins pour renforcer leur efficacité) est remis en cause. Il pourrait avoir des effets néfastes sur la santé en s’accumulant chez certaines personnes dans le système immunitaire et le cerveau et causer des douleurs musculaires et une fatigue importante associée à une pathologie rare : la myofasciite à macrophages.

Le professeur Romain Gherardi, chercheur à l’Inserm, mène des études sur le sujet. « Comme tout médicament, le vaccin est susceptible de causer des complications. Conclusion : il faut remettre tout à plat et poursuivre les recherches. Je ne suis pas contre les vaccins, mais il faudrait trouver des adjuvants moins bio-persistants et arriver, pourquoi pas, à une vaccination personnalisée », explique le neurologue.

C’est un sujet qui fait débat. « Dans les autres pays, personne ne remet en cause l’aluminium utilisé depuis les années 1920 », précise le professeur Daniel Floret, ancien président du comité technique des vaccinations (CTV).

Pour en savoir plus

  • Le calendrier vaccinal est publié chaque année. Nouveautés en 2016 : un vaccin contre le zona pour les 65-74 ans et désormais une seule dose pour le vaccin contre la fièvre jaune. Retrouvez ce calendrier et des informations sur la vaccination sur le site Vaccination Info Service.
  • Retrouvez toutes les étapes de la concertation citoyenne sur la vaccination. A l’automne, un site de contributions en ligne permettra à chacun de s’exprimer sur le sujet.

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