Le diabète de type 2 : comment le prévenir et le traiter ?

Publié le , actualisé le

Par Pauline Hervé

Temps de lecture estimé 8 minute(s)

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Près de 3 millions de Français sont aujourd'hui traités pour le diabète de type 2, une maladie favorisée par l'âge, le surpoids et la sédentarité.

Qu'est-ce que le diabète de type 2 ?

Le diabète est une maladie chronique caractérisée par un taux de sucre (glycémie) en excès dans le sang. La glycémie est régulée par l’insuline, produite par le pancréas. La glycémie est régulée par l’insuline, produite par le pancréas. Lorsque cette insuline est inefficace, des hyperglycémies surviennent à répétition, on parle alors de diabète. Le diabète dit « de type 2 » est dû à une mauvaise utilisation de l’insuline par les cellules de l’organisme (contrairement au diabète de type 1 caractérisé par l'absence totale de production d'insuline par le pancréas des malades).

Une pandémie nationale et mondiale

En France, le diabète de type 2 touche 4,5 % de la population, soit environ 3 millions de personnes, selon le Centre européen d'études sur le diabète (CEED). Santé Publique France estime qu’1,7 % des adultes ont un diabète non diagnostiqué, selon son étude Esteban.
Le nombre de malades diabétiques augmente en France de 6 % par an. Au niveau mondial, l'Organisation mondiale de la santé parle d'une pandémie de diabète, avec un nombre de malades qui a quadruplé entre 1980 et 2014.
Derrière cette augmentation, deux principaux facteurs de risques : l’âge et le surpoids. Il se distingue en cela du diabète de type 1, qui se développe le plus souvent chez les personnes jeunes, sans lien avec le poids. « En France, on recommande de surveiller son diabète à partir de 45 ans et si l'on a, en plus, un facteur de risque comme le surpoids, de l'hypertension ou du cholestérol, précise le Pr Michel Pinget, diabétologue et président du Centre européen d'étude du diabète. Néanmoins, on observe que le risque augmente souvent dès 40 ans ».

Le surpoids et la faible activité physique comme facteurs de risque

Le risque de survenue d’un diabète de type 2 existe si le patient présente une prédisposition génétique ; c’est-à-dire, si un parent proche (père, mère, frère ou sœur) est ou a été atteint d’un diabète de type 2. Mais le facteur familial (ou génétique) ne suffit pas. Il doit être associé à d’autres causes liées au mode de vie avec, au premier rang, le surpoids ou l'obésité, ainsi que la faible activité physique (moins de 30 minutes chaque jour). Le tabac est aussi un facteur de risque associé.
Des maladies comme l'hypertension artérielle ou le cholestérol, et des antécédents de diabète gestationnel pendant la grossesse augmentent également le risque de diabète de type 2.

Besoin d'uriner, soif et perte de poids comme principaux symptômes

Le diabète de type 2 se développe très progressivement, sur dix à vingt ans. C'est pourquoi il est recommandé de le dépister à partir de 45 ans, et tous les deux ans ensuite si le taux de diabète est bon. « Ce n'est pas parce que le taux de glycémie est bon à 45 ans qu'il le sera toujours à 50 ans, insiste Michel Pinget. C'est le médecin généraliste qui prescrit une prise de sang qui se fait à jeun en laboratoire ».
Les premiers symptômes sont liés à l'hyperglycémie, qui peut avoir pour conséquences : une augmentation du besoin d'uriner, de la soif, une perte de poids alors que l'appétit augmente ou reste stable, de la fatigue, une vision trouble ou la mauvaise cicatrisation d'une plaie.

Une meilleure hygiène de vie comme principal traitement

Après un diagnostic de diabète de type 2, le premier objectif est de maîtriser sa glycémie par un changement de mode de vie. Il est essentiel de diminuer les apports énergétiques (sucres et graisses) et de répartir les apports de glucides (la source d’énergie la plus immédiate de l’organisme). Et aussi d’augmenter les dépenses d’énergie, c’est-à-dire l’activité physique. Aujourd’hui, on ne parle plus de régime pour diabétiques, il n’y a pas d’aliments interdits ni d’aliments miracles. Il suffit de respecter quelques principes diététiques simples afin d’équilibrer ses repas en mangeant sain et varié tous les jours, et en se faisant plaisir ! Votre médecin traitant, un nutritionniste et des guides pratiques peuvent vous y aider. Parce qu’elle permet de lutter contre la prise de poids, et accroît l’utilisation de l’énergie apportée par l’alimentation, l’activité physique est indispensable pour lutter contre le diabète. Mieux vaut privilégier des activités douces ou d’endurance comme la marche à pied ou le footing, le vélo, la natation, la gymnastique, la danse… L’objectif est d’essayer de « bouger activement » au moins 30 minutes par jour. En fonction de votre condition physique, votre médecin traitant vous aidera à choisir ce qui vous correspond le mieux. Si vous fumez, il est nécessaire d'arrêter, en vous faisant aider si besoin. Le tabac favorise les complications du diabète, notamment cardiovasculaires. Si ces mesures ne suffisent pas à équilibrer le diabète, il existe différents médicaments pour aider à réguler la glycémie au quotidien.

Les traitements médicamenteux

Parmi les plus récents, « les meilleurs médicaments dont on dispose aujourd'hui sont les analogues du GLP 1 », explique le Professeur Michel Pinget, diabétologue et fondateur du Centre européen d’études sur le diabète (CEED). Le GLP 1 est une des hormones que reçoit le pancréas.
Ces hormones sont envoyées comme des messages par le cerveau mais aussi l'intestin, les muscles, pour lui commander de sécréter de l'insuline. Ces médicaments remplacent ces hormones. Ces antidiabétiques sont autorisés et remboursés depuis 2017 en France et « sont bénéfiques à la fois contre le diabète et pour le cœur », souligne Michel Pinget. Ainsi, une molécule appelée la liraglutide réduit de près de 40 % le risque de mortalité cardiovasculaire chez les malades après cinq ans par rapport aux médicaments classiques. « D’autres molécules de la même famille (semaglutide et dulaglutide) sont autorisées depuis 2019, ajoute-t-il. Comme la liraglutide, elles se présentent sous forme injectable, mais à raison d’une injection par semaine, et non quotidiennement ». Le spécialiste évoque également les glifozines, molécules qui permettent d’éliminer par l’urine le sucre présent en trop grande quantité dans l’organisme. Deux d’entre elles (dapaglifozine et empaglifozine) sont autorisées en France depuis 2020. En cas de production insuffisante d'insuline (insulinopénie) des injections d'insuline peuvent se révéler nécessaires, comme dans le diabète de type 1. Avec du diabète, il est parfois nécessaire de prendre également des traitements pour prévenir le risque de maladies cardiovasculaires, traiter l'hypertension artérielle et corriger un excès de cholestérol.

Des examens réguliers pour les personnes diabétiques

Pour prévenir les complications du diabète et les détecter rapidement, certains examens doivent être pratiqués régulièrement. Leur fréquence, déterminée par le médecin traitant, varie d’un patient à l’autre (état de santé général, âge, traitements, antécédents…).
En général, à chaque consultation, votre médecin surveille votre poids, votre santé et fait le point sur votre situation par rapport aux recommandations d’hygiène de vie. Par ailleurs, tous les trois mois, est réalisé un test sanguin de mesure de ce que l’on appelle l’hémoglobine glyquée (HbA1c). Il reflète le taux moyen de sucre dans le sang sur une longue période. Une fois par an, sur prescription médicale, il faut également effectuer un bilan lipidique (dosage du cholestérol et des triglycérides dans le sang), une évaluation de la fonction rénale et un bilan cardiologique. Enfin, toujours une fois par an, il convient de procéder à un examen approfondi des yeux afin de dépister d’éventuelles atteintes de la rétine. Sans oublier une visite chez le dentiste pour effectuer un bilan et un examen des pieds par un podologue pour traiter ou prévenir le développement de lésions.

Un accompagnement personnalisé pour les diabétiques

Il existe de nombreux programmes d’aide aux malades, comme par exemple le service Sophia de l’Assurance Maladie : un programme d’accompagnement personnalisé, gratuit et sans engagement. Des informations sont délivrées par courrier ou email. Un service téléphonique permet de poser des questions et de discuter avec des infirmiers-conseillers santé. Et un site web dédié rassemble des articles santé, conseils pratiques, témoignages de patients et de professionnels de santé. Il existe aussi de nombreux programmes d’éducation thérapeutique du patient (ETP) mis en place par les hôpitaux, les caisses d’Assurance maladie ou les Agences régionales de santé.

Pour en savoir plus

  • La fédération française des diabétiques est une association au service des patients. Sur son site on trouve de très nombreux renseignements sur la maladie et sa prise en charge, des ressources pratiques (recettes, témoignages, quiz, guides pratiques…), des actualités, des informations sur les recherches en cours.
  • L’Aide aux jeunes diabétiques est une association originale qui allie familles, patients et soignants pour aider les jeunes qui ont un diabète, à vivre une vie épanouissante tout en préservant leur santé. Elle propose notamment des séjours vacances en famille, pour les jeunes et les jeunes adultes.

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