Vrai/faux sur la contraception

Publié le , actualisé le

Par Isabelle Blin (en collaboration avec le Dr Alain Tamborini)

Temps de lecture estimé 7 minute(s)

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© JPC-PROD / Getty

Pilule, stérilet, patch, implant ou méthodes naturelles… Les femmes ont le choix entre différentes méthodes de contraception, qui ont chacune leurs particularités. Et qui suscitent parfois des préjugés.

La pilule rend stérile.

Faux. Si une femme est fertile avant la prise de la pilule, elle le reste quand elle l’arrête pour avoir un enfant. Cependant, à l’arrêt de la pilule, les premiers cycles peuvent être irréguliers, surtout chez les femmes qui étaient mal réglées auparavant. Il peut donc être tout à fait normal de devoir patienter plusieurs mois avant qu’une grossesse ne survienne.

1re, 2e, 3e ou 4e génération, toutes les pilules se valent.

Faux. Les pilules de 1ère génération, apparues dans les années 1960, et fortement dosées en œstrogènes, ne sont quasiment plus vendues en France et donnaient lieu à de nombreux effets secondaires (gonflement des seins, nausées et migraines). Commercialisées dans les années 1970 et 1980, les pilules de 2ème génération, moins dosées en œstrogènes, ont permis d’atténuer ces désagréments. Plus récentes, les pilules de 3e et 4e génération peuvent quant à elles être encore mieux tolérées avec moins de prise de poids et une plus jolie peau, mais elles pourraient augmenter le risque vasculaire de phlébite et d’embolie pulmonaire.

Le patch et l’implant contraceptifs sont aussi efficaces que la pilule.

Vrai. De même composition hormonale qu’une pilule, ces deux moyens de contraception sont aussi efficaces et ont l’avantage de limiter les risques d’oubli.

Le patch contraceptif, un timbre de couleur chair, se change une fois par semaine, pendant 3 semaines. La 4e semaine, on suspend le patch, ce qui provoque l’arrivée des règles, mais l’effet contraceptif persiste pendant ces 7 jours de pause. Un nouveau cycle de patch reprend après la semaine de pause.

L’implant se présente sous la forme d’un petit bâtonnet de 4 centimètres de long et de 2 millimètres de diamètre. Il est posé (sous anesthésie locale) sous la peau, au-dessus du coude. Il agit en bloquant l’ovulation et en augmentant la viscosité de la glaire cervicale que les spermatozoïdes ne peuvent donc plus traverser. L’implant est efficace pendant trois ans.

Un stérilet (DIU : dispositif intra-utérin) ne peut pas être posé chez une femme qui n’a pas eu d’enfant.

Faux. Il existe deux types de stérilet efficaces pendant une durée habituelle de 5 ans :

- le stérilet au cuivre : il inactive les spermatozoïdes et provoque une réaction inflammatoire locale empêchant la nidation d’un éventuel embryon. Son avantage : il respecte le cycle menstruel et ne diffuse aucune hormone.

- le stérilet hormonal : il délivre en continu une hormone progestative dans la cavité utérine. Il diminue le volume des règles et parfois même les supprime, certains gynécologues le prescrivant d’ailleurs aux femmes ayant des règles douloureuses ou trop abondantes.

Tous deux peuvent être envisagés chez une femme sans enfant, même si la pose peut être plus délicate et parfois légèrement douloureuse, surtout si le col de l’utérus est petit et bien fermé. Le stérilet est par contre déconseillé si une femme n’a pas une vie sexuelle stable et s’il existe un risque d’IST (infections sexuellement transmissibles).

Les méthodes naturelles sont peu efficaces.

Vrai. Encore utilisées par 7 % des femmes de 20 à 44 ans ayant recours à la contraception, les méthodes naturelles présentent un taux d’échec de 30 à 40 % (source : INED, enquêtes Fecond 2010 et 2013).

- La méthode Ogino consiste par de savants calculs basés sur la durée des cycles des douze derniers mois, à déterminer une période « interdite » avec une certaine marge de sécurité. Plus les cycles sont irréguliers, plus la période d’abstinence sera longue.

- La méthode des températures permet de déterminer la période d’ovulation en fonction de sa courbe de température. Cette méthode nécessite de prendre sa température chaque matin avant le lever, et toujours à la même heure. Cela ne tient pas compte des autres facteurs pouvant faire monter la température (fièvre, stress…). L’ovulation est marquée, au milieu du cycle, par un décalage thermique au-dessus de 37°. Il convient d’éviter tout rapport sexuel avant le 3° jour de ce décalage thermique.

- La méthode Billings : l’ovulation est repérée par l’observation des modifications de la glaire cervicale (sorte de pertes vaginales visqueuses comme du « blanc d’œuf ») qui devient plus abondante lors de l’ovulation. Inconvénient : ces modifications de la glaire ne sont pas toujours aisées à repérer.

En cas de rapports rares et occasionnels, on peut prendre « la pilule du lendemain » et éviter de prendre une pilule tous les jours.

Faux. « La pilule du lendemain » est une contraception d’urgence. Elle n’est pas une méthode de contraception au long cours et doit rester une méthode d’exception. Son utilisation ponctuelle et répétitive est nettement moins efficace qu’une méthode continue et peut entraîner un dérèglement des cycles. Mieux vaut utiliser des préservatifs.

À lire aussi : La « pilule du lendemain » plus accessible aux jeunes

Depuis 2016, la délivrance de la « pilule du lendemain » est plus simple. Explications.

L’allaitement peut remplacer la contraception.

Faux. Après l’accouchement, l’hypophyse sécrète une hormone, la prolactine, qui permet le maintien de la lactation pendant toute la durée de l’allaitement. Normalement, ce mécanisme bloque l’activité de l’ovaire, et habituellement les femmes qui allaitent n’ont plus de règles. Cependant, à la longue, ce mécanisme de blocage peut s’épuiser et le risque d’ovulation existe. Même s’il reste rare, il est donc prudent de suivre une contraception pendant l’allaitement.

La contraception est gratuite pour les mineures.

Vrai. Afin d’améliorer l’accès à la contraception, les jeunes filles mineures n’ont plus d’avance de frais notamment pour leur première consultation de contraception, pour la prescription de contraceptifs remboursables… Cette mesure s’appliquait depuis 2013 aux jeunes filles de plus de 15 ans. Suite à un décret paru au Journal officiel le 27 août 2020, cette mesure est étendue aux mineures de moins de 15 ans. Et à partir du 1er janvier 2022, la gratuité de la contraception est étendue aux jeunes femmes de moins de 25 ans.

Une IVG peut être pratiquée jusqu’à la fin de la 12e semaine de grossesse.

Vrai. En France, une IVG (interruption volontaire de grossesse) peut être pratiquée jusqu’à la fin de la douzième semaine de grossesse, soit 14 semaines après le 1er jour des dernières règles. Il existe deux méthodes d’IVG : médicamenteuse et chirurgicale. L’IVG médicamenteuse peut se pratiquer jusqu’à la fin de la neuvième semaine de grossesse (même « à domicile » jusqu’à 7 semaines). Au-delà, il faut toujours pratiquer une IVG chirurgicale par aspiration.

À chacune de choisir sa contraception.

Vrai. Avant de choisir une contraception avec un professionnel de santé, il peut être utile de vous poser quelques questions concernant vos envies en matière de contraception, vos expériences en la matière, vos besoins, mais aussi votre mode de vie, votre situation médicale, votre vie affective, familiale…

Les réponses que vous apporterez à ces questions vous aideront à trouver la contraception qui vous conviendra le mieux et qui sera donc la plus efficace pour vous.

POINT DE VUE

« Lors d’une première prescription, nous orientons nos patientes vers une pilule de deuxième génération »

Le point de vue d’Alain Tamborini, gynécologue praticien attaché à l’hôpital européen Georges Pompidou.

Selon les recommandations des autorités de santé, lors d’une première prescription de contraception orale, nous prescrivons en première intention à nos patientes une pilule de deuxième génération qui comporte moins de risques cardiovasculaires que celle des générations suivantes. Les pilules de deuxième génération ont aussi l’avantage d’être les seules prises en charge par l’Assurance maladie. Nous ne passons donc à une pilule de troisième ou quatrième génération qu’en cas d’effets secondaires indésirables (prise de poids, gonflements, acné…).

Dans tous les cas, il convient de consulter régulièrement et d’en parler avec son médecin traitant ou son gynécologue.

Pour en savoir plus :

  • choisirsacontraception.fr répertorie tous les moyens de contraception en expliquant les avantages et les inconvénients de chacun.
  • La rubrique santé du site vosdroits.service-public.fr rappelle les principes de la contraception, les coûts et les lieux d’information…
  • Fil santé jeunes (tous les jours de 9 heures à 23 heures) : une équipe de professionnels répond aux questions santé des jeunes de 12 à 25 ans. Tél. : 0 800 235 236 (anonyme et gratuit) ou sur filsantejeunes.com.
  • www.planning-familial.org (onglet « contraception ») présente les différentes méthodes de contraception hormonale, locale, définitive…

Par Isabelle Blin (en collaboration avec le Dr Alain Tamborini)

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