Accidents du travail : en quoi consiste le nouveau plan de prévention ?

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Par Anaïs Daniel

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Un plan de prévention des accidents du travail graves et mortels a été annoncé par le gouvernement en mars 2022. Il cible principalement les travailleurs vulnérables et se déploiera de manière progressive jusqu’en 2025.

En 2020, environ 540 000 accidents du travail (AT) ont été déclarés. Parmi ceux-ci, environ 550 accidents graves ou mortels ont eu lieu.* Hormis une baisse liée aux confinements, les accidents ne diminuent plus depuis une dizaine d’années**. Afin de renforcer la sécurité au travail, un nouveau plan de prévention des accidents graves et mortels a été annoncé en 2022.

Le risque d’accidents accru dans un nouvel environnement de travail

Le plan envisage de s’adresser aux personnes les plus vulnérables, dont font partie les jeunes et les travailleurs intérimaires. Le manque d’encadrement lors de la prise de poste, couplé à un temps d’adaptation insuffisant, les exposent à plus de risques.

« Les intérimaires et les jeunes ne sont pas toujours accompagnés sur leur poste. On ne leur laisse pas forcément le temps de s’adapter et on les pousse à une cadence très rapide dès le début. Mais ils ont besoin de travailler et ne vont pas se plaindre car ils ont souvent des contrats précaires », explique Thomas Bonnet, médecin du travail de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) de Bretagne.

Le plan prévoit ainsi de mieux former les employeurs et les maîtres de stage via un « parcours d'accueil ». L’objectif affiché est de permettre aux nouveaux embauchés de se familiariser avec les situations dangereuses et de comprendre quelle attitude adopter en cas de difficulté. Ce dispositif sera expérimenté dans certaines entreprises volontaires avant d’être éventuellement déployé à l’ensemble du territoire.

Sensibiliser les jeunes et les travailleurs détachés en priorité

L’un des enjeux du plan national est donc de s’adresser aux jeunes. Pour ce faire, les réseaux sociaux et outils numériques sont mis à contribution, notamment avec la diffusion d’une websérie de prévention (réalisée par l’INRS), la diffusion d’affiches sur les équipements de sécurité et l’organisation d’un concours sur la santé et la sécurité au travail pour sensibiliser les élèves et les apprentis.

Les travailleurs détachés (étrangers issus de l'Union européenne) présentent également des risques élevés d’avoir un accident grave. Le plan prévoit de diffuser des messages de prévention à leur attention et de les traduire dans plusieurs langues. Cette mesure vise à mieux les informer en matière de santé et de sécurité au travail, notamment concernant leur droit de retrait*** lors d’une situation dangereuse. Les secteurs concernés seront principalement le secteur agricole, la construction et la maintenance industrielle.

Accroître la connaissance des risques au travail

Parmi les principaux dangers graves et mortels, on trouve le risque routier, le risque lié à l’utilisation des machines et le risque de chute de hauteur. Ce dernier fera l’objet d’une vigilance particulière, notamment via l’amélioration des moyens de protection sur les chantiers. « C’est très bien d’avoir des outils adaptés, mais il y a d’autres problèmes à considérer. Les échafaudages sont parfois montés à la va-vite, ou pas montés du tout. Le matériel est bon, mais les travailleurs n’ont pas le temps », souligne le Dr Bonnet.

L’un des enjeux du plan est justement de mieux comprendre les causes des accidents et leurs circonstances. Un nouvel outil d’analyse des données**** (encore en développement) devrait permettre un examen approfondi des sinistres.

Proposer des outils aux entreprises

Enfin, le plan envisage de mieux accompagner les TPE et les PME dont la part d’accidents graves et mortels représentent un quart des accidents du travail en général. Les moyens déjà existants seront renforcés ou mis à jour. Les guides listant les dangers les plus fréquents par secteur seront donc réactualisés par l’INRS et l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics.

Le plan souhaite également intensifier la promotion autour du ​Document unique d’évaluation des risques. Cet outil en ligne permet aux entreprises du BTP de moins de dix salariés de sélectionner leurs activités. Il leur propose alors automatiquement des actions de prévention adaptées. Ainsi, une entreprise de maçonnerie peut, par exemple, obtenir des conseils personnalisés sur le risque lié à la chaleur.

Cependant, d’après le Dr Thomas Bonnet, le plan gagnerait à être plus ambitieux. « C’est une erreur de ne s’intéresser qu’aux accidents du travail graves et mortels et de ne pas articuler cela avec les problèmes chroniques comme les maladies professionnelles ».

* Selon le Ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion.

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