Le bien-être au travail gagne du terrain

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Par Nathania Cahen

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Bienveillance, confiance, responsabilité, écoute, partage, esprit d’équipe, management éclairé… sont quelques-unes des valeurs propices à l’épanouissement professionnel. Quel salarié ne rêve pas d’évoluer dans un environnement serein ?

Le bonheur des salariés et leur épanouissement au travail sont devenus un enjeu sociétal et un investissement pour les entreprises. Les chiffres et les sondages en attestent : un collaborateur heureux est plus performant. Réalisée en 2016, une étude IFOP « Les Français et le bonheur au travail » pointe que 75 % des actifs se disent heureux dans leur travail (contre 72 % en 2012). Parmi les raisons invoquées, la liberté et l’autonomie pointent en tête (46 %), puis la passion et l’intérêt pour son métier (45 %) avant les conditions de travail.

Le sondage de la CFDT (« Parlons travail ») va dans le même sens avec 76,4 % de salariés satisfaits, même si la moitié quasiment regrette une charge de travail excessive. Le mal du siècle a pour nom burn-out et, en France, on évalue à quelque trois millions les salariés qui en sont menacés.

Profusion d’outils

Le monde du travail dans son ensemble est concerné, a fortiori quand les tâches sont pénibles. Chez Wisecom par exemple, plateforme d’appels parisienne de 200 salariés, ceux qui traitent les réclamations doivent faire preuve de beaucoup de calme et de sang-froid. Ceux qui prospectent doivent batailler pour obtenir le bon interlocuteur et pouvoir dérouler leurs arguments. S’y greffent la récurrence et la cadence des tâches.

« Nous avons donc réfléchi à une amélioration du quotidien et du bien-être au travail, confie Paola Fabiani, présidente de l’entreprise. Malgré le prix du mètre carré, nous avons beaucoup investi sur l’espace de repos et mis en place des séances hebdomadaires de sophrologie, pour améliorer la gestion du stress et la prise de recul. Côté organisation, nous proposons des plannings aménagés, une journée de télétravail tous les 15 jours pour les salariés de plus d’un an. Et, pour casser la monotonie de la routine, également cause de pénibilité, nous diversifions autant que possible les dossiers confiés à nos salariés. »

Wisecom traque même les causes de stress inutile pour anticiper en amont (par exemple plus de pause entre deux entretiens) ou gérer en aval (le debrief avec un manager après un échange difficile). Le résultat ? « Chaque mesure améliorant le bien-être a un impact positif direct sur les chiffres du turnover, de l’absentéisme et des accidents de travail ! »

Des spécialistes de l’épanouissement

Dans cette quête du mieux-être au travail, un nouveau métier a fleuri, tout droit importé de la Silicon Valley : celui de « chief happiness officer ». Un chef du bonheur chargé d’endiguer le stress, d’assurer la communication et la cohésion internes, le fameux « teambuilding ».

C’est la fonction occupée par un ancien champion de natation, Maxime Bussière, au sein de La compagnie pâtissière, à côté d’Aix-en-Provence. Du temps où il nageait, il avait relevé le rôle capital joué par le préparateur mental. « C’est la même chose. L’objectif est d’identifier les besoins et souffrances des salariés, d’y apporter des réponses ou de les amener à trouver les solutions ».

En préambule, la soixantaine de salariés de l’entreprise s’était vue offrir « Liberté & Cie », le best-seller d’Isaac Getz sur l’entreprise libérée. Aujourd’hui, la démarche va plus loin : « La reconnaissance – du travail, des idées, des différences – est au cœur du processus d’amélioration ». L’entreprise espère décrocher la certification prisée « Entreprise où il fait bon vivre » d’ici à 2020.

À lire aussi : Responsable du bonheur : un métier d’avenir ?

Notre article pour mieux comprendre le rôle du « chief happiness officer ». Un métier qui se développe dans les entreprises afin d’améliorer le bien-être au travail.

Question de confiance

L’autonomie est le nerf de la guerre pour Patrick Légeron, auteur de l’ouvrage Le stress au travail : un enjeu de santé*. Le psychiatre considère qu’il convient de lutter contre la surcharge de travail mais aussi de donner davantage d'autonomie et de pouvoir de décision aux individus, « avec pour résultat de les voir plus productifs, plus motivés et plus satisfaits de leur travail. »

Jean-François Thiriet, coach professionnel à Besançon, vient de publier un ouvrage intitulé J’ai décidé d’être heureux au travail**. Il y enjoint l’individu à ne pas tout miser sur l’entreprise pour son épanouissement, mais à « prendre en main son projet professionnel, à positiver vis-à-vis de soi et des autres. Dans les hôpitaux, il n’est pas rare de croiser des agents d’entretien plus heureux que les médecins ! »

*Le stress au travail : un enjeu de société. Éditions Odile Jacob 2015.
**J’ai décidé d’être heureux au travail. Éditions Gereso 2018.

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