Écrans : avec modération, même au travail

Publié le

Par Pauline Hervé

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

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© scyther 5/ Getty Images

Un ordinateur, un smartphone pour les déplacements, voire une tablette… Les écrans sont omniprésents dans les journées de travail de plus de deux tiers des salariés. Sans prévention, ils peuvent présenter de réels risques physiques et psychiques.

Jusqu’à cinq heures par jour sur un ordinateur. Et une fois à la maison, quelques « vérifications d’emails » jusqu’à parfois très tard le soir. C’est le quotidien de nombreux Français.

Plus de 71% des salariés utilisent pour des besoins professionnels un ordinateur, selon la Dares (2013). C’est sans compter les smartphones et tablettes à usage professionnel, dont sont dotés bon nombre de cadres, difficiles à quantifier. Ces écrans, fixes ou mobiles, grands ou petits, sont des outils de travail incontournables. Or, même au travail il faut savoir en faire un usage raisonné. Car ceux-ci présentent des risques pour la santé.

 

Troubles musculo-squelettiques

Les risques les plus connus, car liés à l’usage de l’ordinateur qui est le premier écran apparu dans les vies professionnelles, sont les TMS (troubles musculo-squelettiques). Une mauvaise position de siège, un écran placé trop haut, le manque de pause dans l’utilisation du clavier et de l’écran peuvent provoquer des problèmes à la nuque, aux épaules, dans le bas du dos, aux poignets et aux mains, comme le syndrome du canal carpien, pathologie la plus répandue dans le travail informatisé. La prévention réside surtout dans une bonne posture : assis dos droit et les pieds à plat, avec si besoin un repose pieds et un repose poignet, et le haut de l’écran à la même hauteur que ses yeux.

 

Fatigue visuelle

Autre conséquence du travail sur écran, la fatigue visuelle, la migraine, les picotements aux yeux. Ces inconvénients sont liés à la sécheresse oculaire : nous clignons des yeux plus de deux fois moins face à un écran que dans la vie réelle. Ceci endommage le film lacrymal. Le phénomène est aggravé avec la proximité des écrans de nos visages.

Autrement dit, c’est pire avec le petit écran d’un smartphone qu’avec un ordinateur 17 pouces. Pour prévenir la fatigue visuelle, faites des pauses toutes les 20 minutes en regardant au loin, par exemple, et sachez que la distance idéale entre les yeux et l’écran est de 50 cm.

 

Dépendance et hyperconnexion

Pratiques, adaptés à un nouveau mode de travail nomades, les smartphones et tablettes ont fait leur apparition il y a dix ans environ dans le monde du travail. Bien que l’on ait, donc, peu de recul sur leurs conséquences, l’un de leurs dangers est déjà clair : celui de l’hyperconnexion. « 80 % des cadres français se connectent sur leur temps de loisirs pour s’assurer qu’il n’y pas de problème en leur absence, 63% pour éviter d’être débordés à leur retour, cite Jean-Claude Delgenes, directeur général du cabinet Technologia, spécialisé dans les risques psychosociaux au travail. Cette connexion permanente crée une vraie porosité entre le travail et la vie privée, qui peut créer sur un stress accru jusqu’à des conséquences dramatiques comme la dépression ou le burn-out. »

En outre, emmener son travail à la maison signifie souvent travailler plus. Une étude publiée par The Lancet a montré que le risque d’accident vasculaire cérébral augmente de façon linéaire si l’on dépasse 35 à 40 heures de travail hebdomadaire (+33% si l’on dépasse 55 heures par semaine). « Travailler plus ne signifie pas travailler mieux, souligne Jean-Claude Delgenes. Si l’on s’épuise, on perd en capacité de concentration, on travaille moins bien, on peut être tenté d’en faire plus pour compenser. Et c’est un cercle vicieux qui s’enclenche. »

 

Droit à la déconnexion

Or, il existe des solutions pour que les nouvelles technologies soient un moyen de mieux adapter son travail plutôt que de s’épuiser. Le droit à la déconnexion est d’ailleurs inscrit depuis 2017 dans la loi. D’un côté, on peut instaurer la fermeture des serveurs informatiques de l’entreprise les soirs et les week-ends, la captation des courriels envoyés le soir qui seront distribués le lendemain matin. De l’autre, « une vraie sensibilisation des employés et des cadres, rappelle Jean-Claude Delgenes, pour convaincre que l’hyperconnexion n’est bonne pour personne. Car elle débouche sur de la fatigue, de l’absentéisme, des départs ».

Sans oublier des règles de bonne conduite comme : supprimer l’option « répondre à tous » des e-mails, instaurer des « journées sans courriel » une à deux fois par semaine, ou encore mettre en place des signatures automatique de type « ce message a été envoyé à une heure tardive mais ne demande pas de réponse immédiate ».

 

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