InterFACE37 : améliorer l’accès à l’emploi des personnes en situation de souffrance psychique

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Par Paola Da Silva

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Créé en 2017, le dispositif interFACE37 est né d’un constat partagé entre psychiatres du secteur sanitaire et acteurs du milieu médico-social. Basé à Tours, il a pour but d’aider les personnes souffrant de troubles psychiques à intégrer le monde du travail.

Ce sont 50 personnes qui ont été accompagnées par interFACE37 depuis 2017. Et 34 le sont actuellement. « Nous nous adressons aux personnes en situation de souffrance psychique en cours de rétablissement », explique Chloé Saulnier, directrice adjointe du pôle handicap psychique de la Mutualité Française Centre Val de Loire (MFCVL). Elle supervise le service interFACE37 en collaboration avec le docteur Jérôme Graux, psychiatre au CHRU de Tours.

« InterFACE37 est né de la collaboration entre le CHRU de Tours et la MFCVL. Nous partagions des axes de réflexion communs. Beaucoup de psychiatres avaient en effet des patients qui évoquaient le souhait d’accéder ou de retourner vers l’emploi. De notre côté, au sein de notre service d’accompagnement médico-social, nous avions des difficultés à soutenir et guider les personnes concernées sur cet aspect. »

Une méthode innovante originaire des Etats Unis

Partant de ce constat, les deux établissements ont souhaité créer ensemble un service qui permet aux personnes d’accéder et/ou se maintenir dans l’emploi. En les accompagnant au plus près, et aussi longtemps que souhaité. « Le retour au travail est une modalité de rétablissement, un pas de plus », explique Chloé Saulnier. « Nos candidats sont des personnes ayant déjà passé certaines étapes, qui vivent en général chez elles, et pour lesquelles le retour à l’emploi est un objectif. »

Afin de proposer cet accompagnement, le personnel d’interFACE37 utilise une méthode innovante venue des États-Unis, nommée IPS (« individual placement and support* »). Elle repose sur un certain nombre de principes fondamentaux. Le candidat doit avoir le souhait de travailler en milieu ordinaire. Les jobcoachs lui permettent rapidement d’être en contact avec les employeurs de leur réseau et il peut être accompagné aussi longtemps que nécessaire. Il doit garder le lien avec son équipe clinique, et obtenir toutes les informations et obligations nécessaires au poste concernant les conséquences du travail sur sa situation administrative et financière. Enfin, aucun projet professionnel n’est exclu. « C’est une méthode qui a fait ses preuves à l’étranger et que connaissait le docteur Graux. Nous devons être aujourd’hui la 4e structure à l’appliquer en France ».

Concrètement, chaque candidat doit solliciter interFACE37 par le biais d’une personne membre de son équipe clinique. Il est ensuite reçu lors d’un premier rendez-vous afin qu’un plan personnalisé d’accompagnement soit co-construit. «Enquête métier, dépôt de candidature pour un stage… Notre objectif est que la personne ait au moins un contact avec le milieu de l’entreprise un mois plus tard. Nous l’accompagnons ensuite au cas par cas en fonction de ses demandes. »

Partir des souhaits du candidat

Spécificité et force du principe IPS, la méthode repose sur le fait de partir des souhaits du candidat pour lui trouver un emploi. « Nous écoutons toutes les demandes sans exception, et sans en rejeter aucune », souligne Chloé Saulnier. « Nous partons de leurs envies et de leurs compétences pour aller vers l’emploi. » Le profil des personnes accompagnées est extrêmement varié, du niveau brevet au doctorat, avec ou sans expérience professionnelle et dans tous types de domaines.

Deux ans après son lancement, interFACE37 affiche un taux d’employabilité des candidats bien meilleur que lorsqu’ils ne sont pas accompagnés. « 50 % des candidats ont trouvé un poste au bout d’un an », raconte Chloé Saulnier. « C’est positif. Ce sont dans l’ensemble plutôt des CDD. »

De bons résultats obtenus grâce au travail très intense de prospection des entreprises mené par l’équipe d’interFACE37. « Même si le plus souvent tout se passe très bien, nous pouvons être reçus de manière diverse par les employeurs. C’est un de nos axes de développement pour le futur : permettre aux entreprises de lever les représentations sur la souffrance psychique, et faire évoluer les mentalités ».

*Accompagnement à l’emploi

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