Médecin du travail, à quoi sert-il ?

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Par Cécile Fratellini

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© Sturti / Istock

Contrairement aux idées reçues, le médecin du travail n’est pas là que pour la visite obligatoire. Il a un vrai rôle de prévention et de conseil auprès des salariés et des entreprises.

1 – Le médecin du travail réalise uniquement les examens d’embauche et de suivi.

FAUX. La surveillance médicale des salariés (visite d’embauche, de reprise…) est bien souvent le seul volet connu par le grand public. Pourtant son rôle ne se résume pas à cela, le médecin du travail est également en contact avec les employeurs et les partenaires sociaux. C’est le spécialiste du lien entre santé et travail, il prend en compte la personne mais également les exigences de son poste de travail. Il a une position neutre d’expert. Il conseille par exemple l’employeur sur les conditions de travail : dans un garage, tel solvant est-il plus toxique qu’un autre ? Dans une pâtisserie, le processus mis en place pour l’approvisionnement en matières premières préserve-t-il la santé des salariés ? Le médecin du travail mène des actions collectives de prévention au sein des entreprises : études de poste, mesures d’ambiance, aide à l’évaluation des risques professionnels…

 

2 – Il exerce au sein de l’entreprise.

VRAI et FAUX. Dans le secteur privé, le médecin du travail peut exercer au sein même des entreprises si elles emploient plus de 500 personnes. Il est alors, lui aussi, salarié de l’entreprise. Mais dans la grande majorité des cas (environ 90 %), le service de santé au travail est un service externe et commun à plusieurs entreprises. Dans la fonction publique, on parle de médecins de prévention. En 2015, on comptait 5 264 médecins du travail (France et DOM-TOM)*.

* Source : Atlas national de la démographie médicale – 2015.

 

3 – Les visites médicales ont lieu tous les deux ans.

VRAI et FAUX. Aujourd’hui, la visite périodique doit se faire tous les deux ans sauf pour les salariés bénéficiant d’une surveillance médicale renforcée (femmes enceintes, travailleurs handicapés, salariés occupant des postes à risque…). La loi Rebsamen, votée en août dernier, introduit le principe d’un suivi de santé (visites médicales ou entretiens infirmiers) ciblés sur les besoins de santé pour les personnes vulnérables, les postes de sécurité (y compris pour les tiers c’est-à-dire les collègues, les clients, les usagers…) et les postes à risque (cancérogènes par exemple).

 

4 – Un salarié en souffrance peut contacter directement un médecin du travail.

VRAI. Tout salarié peut bénéficier d’une consultation à sa demande, pendant le temps de travail (en informant son employeur) ou en dehors. À la suite de la visite, le médecin du travail peut, s’il le juge nécessaire, proposer des mesures individuelles comme une mutation ou une transformation de poste. Il peut également prescrire des examens complémentaires (bilan sanguin, radiographies, consultations spécialisées de pathologies professionnelles…).

 

5 – Le médecin du travail peut s’appuyer sur d’autres professionnels de santé.

VRAI. Le médecin du travail a longtemps travaillé seul. Ce n’est plus le cas depuis 2004. Les services de santé au travail peuvent être composés de médecins, d’assistantes médicales, d’infirmiers, de psychologues, d’ergonomes… C’est une équipe pluridisciplinaire coordonnée et animée par le médecin du travail. Aujourd’hui, l’approche collective est un aspect essentiel du rôle du médecin du travail. Par exemple, l’ergonome accompagne les entreprises dans leurs projets d’amélioration des conditions de travail. Il analyse les postes de travail, l’environnement, l’organisation… Le toxicologue, lui, évalue et contrôle les risques liés aux substances chimiques, toujours bien évidemment en accord avec le médecin du travail.

 

Point de vue

Pr Sophie Fantoni-Quinton, praticien hospitalier en médecine du travail et professeur en médecine à l’Université de Lille*

« À la fin de la 6e année de médecine, la médecine du travail est le dernier choix des étudiants. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle souffre d’une mauvaise image et qu’elle est peu ou mal connue. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : on estime que les effectifs de médecins du travail vont diminuer de 62 % entre 2006 et 2030**. Pourtant, contrairement à ce que l’on pense, notre activité est constamment renouvelée et d’une grande richesse grâce notamment à la diversité des entreprises. On est bien loin de l’image d’un métier routinier. Et il faut le faire savoir. Car si aujourd’hui on manque de médecins du travail, cela ne sert à rien d’augmenter le numerus clausus puisque le nombre de postes ouverts n’est pas pourvu. Il faut mieux faire connaître l’intérêt de ce métier et valoriser la médecine de prévention. »

* Coauteur du rapport « Aptitude et médecine du travail » – mai 2015.
** Source : DREES – février 2009.

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