Monde de demain : quelle place pour les femmes ?

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Par Natacha Czerwinski

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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À l’occasion de l’événement « Women for future », organisé le 2 juin 2022 par La Tribune en partenariat avec Harmonie Mutuelle, une table ronde s’est penchée sur la façon dont les femmes peuvent faire la différence dans la société post-Covid.

Associer sport et entreprise pour faire bouger les lignes sur la question de la place des femmes dans l’économie et la société : tel était le parti pris de l’édition 2022 de l’événement « Women for future », organisé le 2 juin par La Tribune en partenariat avec de nombreux acteurs, dont Harmonie Mutuelle (Groupe VYV). Et c’est au cœur du stade du Parc des Princes, à Paris, que sportifs, experts, chercheurs, chefs d’entreprise mais aussi personnalités culturelles se sont succédé pour partager leurs expériences et lancer des pistes de réflexion.

La table ronde intitulée « Impact : les femmes championnes du (nouveau) monde ? » a ainsi réuni Coralie Balmy, championne olympique de natation et fondatrice de l’association de sensibilisation à l’environnement Coco an dlo, Adéa Guillot, directrice de la communication de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Nathalie Pilhes, haute fonctionnaire et présidente du réseau 2GAP et Catherine Touvrey, directrice générale d’Harmonie Mutuelle.

Le débat était animé par Audrey Tcherkoff, présidente exécutive de l’Institut de l’économie positive.

« Mieux partager le pouvoir » dans toute la société

Comment ces femmes engagées et déterminées rêvent-elles donc ce « nouveau » monde ? « Plus harmonieux, plus équilibré, plus respectueux de la nature et de l’environnement. Et je pense que si l’homme arrive à se respecter lui-même, il respectera tout le reste », a répondu Coralie Balmy.

Adéa Guillot, elle, l’espère « juste, équitable, avec des batailles – climatiques, démocratiques – à mener en urgence ».

Pour Nathalie Pilhes, qui est également déléguée ministérielle pour la mise en œuvre du plan de l’ONU Femmes, Paix et Sécurité, l’urgence est de « changer le processus de décision ». « En matière d’égalité femmes/hommes, il y a beaucoup d’avancées mais il y a toujours un angle mort qui est le partage du pouvoir et ce, quelle que soit l’organisation (entreprise, administration, fédération sportive…), analyse l’ancienne maire-adjointe du XIIIe arrondissement de Paris chargée des droits des femmes. Or, de nombreuses études montrent que le partage de la décision entre les femmes et les hommes crée de la performance en entreprise. La décision publique est également de meilleure qualité quand elle est partagée. »

L’experte, auteure de l’ouvrage Femmes-hommes : enfin l’égalité ? (Eyrolles), croit beaucoup au rassemblement des réseaux professionnels féminins, qu’elle contribue à fédérer via le collectif 2GAP (Gender&Gouvernance Action Plateform). « Il faut organiser ces forces qui existent déjà et qui constituent une ressource inexploitée ! s’exclame-t-elle. Toutes ces femmes sont en capacité de faire des propositions pour que le monde de demain soit différent et construire des sociétés à partir de référentiels qui ne sont pas exclusivement anciens et masculins. »

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Les participantes à la table ronde « Impact : les femmes championnes du (nouveau) monde ? » organisée dans le cadre de l'événement « Women for future ». Crédit photo : DR.

« Les employeurs ont de nouvelles obligations »

Pour aller vers davantage d’inclusion et de prise en considération des défis de demain, la clé est aussi dans la complémentarité de tous les acteurs (décideurs politiques, entreprises, associations), ont rappelé les intervenantes. « Les secteurs public et privé ne peuvent pas travailler de façon isolée », martèle Nathalie Pilhes. Ils doivent « s’associer sur des objectifs communs », renchérit Catherine Touvrey, qui indique que, chez Harmonie Mutuelle, « 91 % des hommes prennent leur congé paternité  ».

« Une des nouveautés des dernières années, c’est la prise de conscience que les entreprises peuvent avoir un impact majeur sur la vie des gens en général et de leurs salariés en particulier, fait remarquer la dirigeante de l’entreprise mutualiste à mission. Avec la crise du Covid, les questions de qualité de vie au travail et d’équilibre vie professionnelle/vie personnelle sont des sujets qui sont venus sur le haut de la pile. Les employeurs ont de nouvelles obligations : ils doivent s’adapter aux situations individuelles de leurs salariés, sachant que la question de la santé et de l’engagement de leurs employés est leur problème quasi-numéro un aujourd’hui. »

« Agir est le meilleur moyen d’espérer »

Au-delà de l’analyse des enjeux sociétaux, les quatre invitées ont aussi témoigné, à travers leur parcours, d’une façon commune de vivre leurs convictions. Leurs maîtres-mots ? Sens du collectif, cohérence de valeurs et investissement. « Comme une sportive de haut niveau, j’ai besoin de mobiliser le corps, le cœur et le cerveau pour donner de l’énergie à tous les salariés et à tous les clients qui nous font confiance, confie la directrice générale d’Harmonie Mutuelle. Quand on accepte l’idée qu’on est une seule et même personne – autrement dit qu’il n’y a pas une femme et une mère d’un côté et un dirigeant d’entreprise de l’autre – cela fait aussi déclic. »

« Notre unité nous donne de la force pour porter un projet », estime Adéa Guillot, qui pense également que « l’instinct » est un bon guide.

D’ailleurs, aux jeunes femmes qui aimeraient participer à la création d’un nouveau monde mais qui se sentiraient un peu démunies face à l’ampleur de la tâche, les participantes conseillent, avant tout, de foncer et de croire au changement.

« Continuez à avoir la foi, même si le chemin est semé d’embûches. Et essayez de vous référer à une personne inspirante », dit Coralie Balmy qui déplore que, dans le milieu très masculin du sport de haut niveau, « on évolue un peu seule en tant que femme. »

« Engagez-vous et croyez en ce que vous faites, ajoute Nathalie Pilhes. Nous avons aussi une responsabilité qui est de nous tourner vers les autres femmes, de leur tendre la main. Sans compter la nécessité de convaincre les hommes de la justesse de notre cause. »

« Ne vous posez pas de questions et appuyez-vous sur les réseaux, quels qu’ils soient », souligne Catherine Touvrey. En guise de recommandation, Adéa Guillot a, quant à elle, repris le beau slogan qui marquera les célébrations des 100 ans de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), en octobre 2022 : « Agir est le meilleur moyen d’espérer. »

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