Open space : comment bien protéger son audition ?

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Par Estelle Hersaint

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La cadence d’une photocopieuse, le brouhaha de ses collègues, les sonneries répétées d’un téléphone : il existe une multitude de bruits gênants entendu depuis son bureau. Mais alors, comment s’en protéger ? Dans le cadre de la semaine de la santé auditive au travail, le professeur Puel, président de l’association Journée nationale de l'audition (JNA), donne quelques conseils.

Ils peuvent être diffus, constant, violent mais surtout gênants : selon une étude Ifop (2019), 59% des actifs déclarent être gênés par le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail.

Dans sa 5e campagne de la Semaine de la santé auditive au travail, l’association Journée nationale de l'audition (JNA) tente ainsi de sensibiliser les actifs aux dangers de la pollution sonore. Une nouvelle écologie qu’il faut prendre en compte selon le Pr Jean-Luc Puel, président de l’association et directeur de recherche à l’Inserm à Montpellier, « un écosystème qu’il faut changer dans nos bureaux et ailleurs. »

Si pour certains le bruit est synonyme de dynamisme et donne l’impression de travailler, il faut garder à l’esprit qu’il peut être la source de bien des maux. « Même si le son ambiant n’est pas assez fort pour provoquer une surdité, il est très difficile de travailler dans le bruit car vous avez du mal à vous concentrer et vous risquez de rentrer chez vous avec de la fatigue, du stress ou des maux de tête », explique le Pr Jean-Luc Puel. Ces tapages altèrent temporairement ou durablement l’oreille, mais aussi la santé en règle générale. Ils modifient l’humeur, perturbent le sommeil, la qualité des relations sociales et par extension la vie professionnelle et personnelle.

Quelles astuces adopter au travail ?

Dans les bureaux, les niveaux sonores ne présentent pas de risque pour l’audition mais n’en demeurent pas moins dérangeants. Certains bruits peuvent constituer une nuisance importante : conversations, sonneries, imprimantes, ventilation… Ces sons non désirés perturbent les salariés, particulièrement lors des tâches nécessitant de la concentration ou une attention particulière. Ils provoquent une perte de compréhension, notamment en open space. Devenu la norme en entreprise, le décloisonnement des bureaux laisse surtout les bruits se propager, au détriment de la santé auditive et du travail des salariés.

Au fil de la journée, les cellules auditives saturent, provoquant fatigue et agacement. Selon le Pr Puel, « des protections classiques comme des bouchons en mousse, cire ou silicone peuvent suffire » à protéger son audition. Il est aussi indispensable « de s’isoler, de faire des pauses », pendant lesquelles les oreilles seront parfaitement au repos. En somme, « il faut organiser, planifier son travail, alterner les tâches, organiser ses réunions de manière à ne pas être interrompu à tout moment », conseille Jean-Luc Puel. De cette manière, l’organisme pourra récupérer, afin de demeurer performant et attentif sur le lieu de travail.

Il faut aussi apprendre à travailler ensemble. Des règles de savoir-vivre sont à respecter et conditionnent le bien-être de tous. Faire attention au niveau de sa voix, ne pas rire trop fort dans les couloirs ou mettre son portable en silencieux peuvent être des conseils à appliquer afin de concilier santé et performance.

« Repenser tout l’espace de travail »

Le bruit au travail est codifié selon la réglementation régie par le code de la santé publique et le code du travail. Aussi l’employeur doit-il veiller « à supprimer ou à réduire au minimum les risques résultant de l'exposition au bruit ».

Bien que la législation pour encadrer le bruit au travail puisse être considérée comme suffisante, elle ne s’applique qu’aux univers les plus bruyants, comme le BTP ou les usines. « La loi protège les travailleurs les plus exposés mais ne prévient pas toutes les autres gênes comme la fatigue ou le stress. Il faudrait prendre en compte l’impact des bruits environnants sur la santé auditive au travail », affirme Jean-Luc Puel.

D’après lui, « il faudrait repenser tout l’espace de travail ». Les open spaces sont supposés faciliter les échanges entre les individus or, « comment rester attentif ou à l’écoute de ses collègues si on porte des bouchons d’oreille » ? La solution la plus logique serait de revoir l’aménagement et la conception de tous ces espaces en privilégiant la santé et le confort auditif. « Installer des cloisons isophoniques, réaménager les salles de réunions, créer des bureaux isolés pour travailler individuellement, mettre de la moquette au sol, des systèmes antiréverbération au plafond sont des solutions qui déjà peuvent réduire les bruits dans les open spaces et en faire des lieux plus respectueux de notre audition.

 

 

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