Risquez-vous un burn-out ?

Publié le

Par Isabelle Blin

Temps de lecture estimé 3 minute(s)

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Trop souvent confondu avec une dépression, le burn-out est un épuisement dû au travail qui touche toutes les catégories socio-professionnelles.

Fatigué, déçu, déprimé, désespéré, sentiment d’être impuissant, inutile, sans valeur… Toutes ces sensations, Hugues les a bien connues. « J’avais honte, je pensais que j’étais le seul responsable de cet état, pas suffisamment compétent, incapable de m’adapter. » Jusqu’au matin où Hugues s’est réveillé « vidé, sans aucune énergie », incapable de sortir de son lit pour affronter une nouvelle journée de travail. Sur les conseils de son médecin, il consulte un psychologue qui diagnostique un burn-out, mot anglais qui signifie littéralement « se consumer, s'éteindre ». « C’est la phase ultime d'une période de stress prolongée qui se traduit par un épuisement à la fois physique et psychologique », explique le Pr Michel Debout, psychiatre au CHU de Saint-Étienne et spécialiste des risques psychosociaux.

 

Les causes du burn-out

Absence de reconnaissance du travail effectué, manque de contrôle et d’autonomie, surcharge de travail, insécurité professionnelle… Les sources de stress en entreprise sont nombreuses. Mais, pour qu’il y ait un burn-out, « il faut une convergence de deux facteurs : un stress généré par des exigences professionnelles démesurées d’une part et une personnalité très investie dans son travail d’autre part », observe le Pr Debout.

Plus on demande de performance, de productivité, de réactivité permanente et de disponibilité y compris en dehors des heures de travail, plus cette pression constante confronte les personnes à une surcharge mentale et émotionnelle. Progressivement la personne ne parvient plus à faire face à ces exigences inatteignables, elle se laisse envahir et perd pied. « On se consume de l’intérieur, un peu comme un immeuble qui aurait brûlé de l’intérieur en laissant la façade intacte », résume le Pr Debout. Tout le problème est là : longtemps, rien ne transparaît à l’extérieur et personne ne tire la sonnette d’alarme, pas plus le travailleur concerné que ses collègues ou sa hiérarchie.

 

De la fatigue au suicide

La personne n’a plus confiance en elle, ne parvient plus à se concentrer, à mémoriser, à prendre des décisions. Elle culpabilise et devient irritable, tendue, ce qui rejaillit sur ses relations avec les autres. Elle sent qu’elle commence à « pédaler dans le vide », alors elle s’accroche et travaille deux fois plus en espérant redevenir performant.

Ainsi, s’installe un cercle vicieux : « plus je suis fatigué, plus je travaille pour rester productif et plus je fournis d’efforts, plus je m’épuise et je me culpabilise ». Apparaissent alors des troubles du sommeil, digestifs, cardiaques (jusqu’à l’infarctus), un émoussement émotionnel (indifférence jusqu’au cynisme), voire des idées suicidaires.

 

Déconnecter du travail

Pour mieux faire face au stress, il faut commencer par adopter une vie saine avec une alimentation équilibrée, une activité physique régulière (si possible 2 à 3 fois par semaine) sans oublier un nombre d’heures de sommeil suffisant. Ensuite, identifier les sources de stress permet certains rééquilibrages : par exemple, consacrer au moins deux heures chaque soir à sa vie familiale ou sociale, hiérarchiser les tâches à réaliser en accord avec son supérieur, refuser d’être sollicité par sa hiérarchie en dehors des heures de travail...

Pour ne pas se laisser envahir, l’important est de savoir déconnecter, vivre des moments de plaisir et de convivialité en préparant un dîner pour des amis, en assistant à un concert, en jouant une partie de tennis, etc. Autant d’occasion de recharger les batteries, de prendre du recul et de faire retomber la pression.

 

Chiffres clés

  • 12 % de la population active française, soit 3,2 millions de travailleurs, présente un risque élevé de faire un burn-out (étude déclarative, cabinet Technologia 2015).
  • 40 % des personnes qui déclarent avoir souffert de burn-out ou être à risque de faire un burn-out, affirment avoir pensé sérieusement à se suicider (« Les Français et le suicide », Fondation Jean Jaurès/Ifop).

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