Santé au travail : quelle égalité entre hommes et femmes ?

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Par Cécile Fratellini

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Pénibilité, accidents du travail, troubles musculo-squelettiques… Hommes et femmes sont-ils sur un pied d’égalité en matière de santé au travail ? Réponses.

Difficile de parler d’égalité quand on parle de santé au travail. Si l’on prend les dix critères de pénibilité de la loi de 2010, ils correspondent plus à des secteurs professionnels masculins avec notamment le port de charges lourdes. « Il y a toujours une sous-évaluation de la pénibilité du travail des femmes, que ce soit la pénibilité physique ou psychique. Un exemple : le fait de porter des petites charges pas forcément très lourdes mais de manière répétée n’est pas encore reconnue », précise Florence Chappert, responsable du projet « Genre, égalité, santé et conditions de travail » à l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail).

L’Anact, établissement public qui dépend du ministère du Travail, est intervenue dans une imprimerie qui cherchait à comprendre pourquoi les femmes étaient plus touchées par les troubles musculo-squelettiques (TMS) que les hommes. L’intervenant en conditions de travail a mis notamment en évidence qu’hommes et femmes n’avaient pas les mêmes tâches, que les hommes évoluaient dans l’entreprise et ne restaient pas au même poste, contrairement aux femmes. Le port de petites charges (jusqu’à 11 tonnes par jour) avec des gestes répétitifs pour les femmes a été mis en avant. L’entreprise a pris conscience de ces différences et a repensé le parcours des femmes au sein de son établissement.

« Pour les métiers physiques, il est important de prendre en compte la différence de morphologie entre les hommes et les femmes. À noter que souvent quand on arrive à améliorer les choses pour les femmes, la situation des hommes s’améliore également (organisation du travail, parcours…) », explique Florence Chappert.

Augmentation des accidents du travail chez les femmes

Quant aux troubles musculo-squelettiques (TMS), les femmes encourent plus de risques que les hommes avec un taux de fréquence bien plus important. « Cela s’explique notamment par le caractère répétitif des emplois qu’elles occupent avec des cadences importantes et des équipements pas suffisamment adaptés », ajoute Florence Chappert.

Depuis 2001, sur une période de 15 ans, les accidents du travail augmentent pour les femmes (+30,5 %) et diminuent pour les hommes (-29 %)*. « Dans les secteurs où travaillent les hommes, les politiques de prévention les protègent des risques d’accident. En revanche, ces politiques ne sont pas assez développées dans les secteurs à prédominance féminine (grande distribution agroalimentaire, santé, services…). Car il y a une invisibilité des pénibilités auxquelles sont exposées les femmes dans leurs emplois », regrette Florence Chappert. En 2013, parmi les femmes salariées 8,4 % n’ont jamais eu de visite avec un médecin du travail ou de prévention contre 3,9 %* chez les hommes.

Une pénibilité psychique

À la pénibilité physique, s’ajoute la pénibilité psychique, non reconnue également. « On peut parler aussi de pénibilité organisationnelle : la question des horaires, les contraintes liées aux responsabilités familiales et domestiques… Concernant le travail de nuit, souvent les femmes ont une dette de sommeil plus importante que les hommes car en arrivant du travail, elles ne se couchent pas mais s’occupent des enfants et de la maison.

Point positif quand même : les configurations familiales changent avec de plus en plus de jeunes parents qui se partagent les charges familiales. La société évolue. La campagne #metoo commence à se diffuser en entreprise. Il y a de moins en moins de tolérance envers le sexisme au travail. Mais sur ce point l’entreprise est plus en retard que la société, elle bouge mais le chemin est encore long », conclut Florence Chappert.

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*Contraintes physiques, prévention des risques et accidents du travail, DARES, 2015.

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