Sécurité au travail : quels sont les risques chimiques professionnels ?

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Par Yann Cabaret

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Dans tous les secteurs d’activité, le risque chimique professionnel constitue un des principaux dangers pour la santé mais il est encore souvent, sous-estimé. Pour renforcer la prévention des risques et la sécurité au travail, une meilleure connaissance et une évaluation systématique sont indispensables.

Qu’est-ce qu’un produit chimique ?

Les produits chimiques sont généralement associés à certaines substances de synthèse industrielle et aux émanations de certains procédés (combustion, dégradation…) mais ils peuvent également être d’origine naturelle. Le bois, la silice ou encore la farine sont des agents chimiques potentiellement dangereux s’ils pénètrent dans l’organisme sous forme de poussières.

Où trouve-t-on les produits chimiques dans le monde du travail ?

On les trouve partout. Ils ne sont pas l’apanage des entreprises de l’industrie chimique et un grand nombre de salariés y sont quotidiennement exposés. Selon la dernière enquête SUMER 2017 (publiée fin 2019), un salarié sur trois est ainsi exposé à au moins un produit chimique et près de 1,8 millions de salariés (soit 10 % de la population active) déclarent être exposés dans leur travail à au moins un agent chimique cancérogène.

Quel est le danger ?

Ce sont des produits actifs. C’est ce qui les rend utiles voire indispensables dans de nombreuses activités mais aussi dangereux pour la santé. Les produits chimiques qui entrent en contact avec le corps humain (par les voies respiratoires, la peau ou la bouche) peuvent perturber le fonctionnement de l’organisme. Le risque chimique est à l’origine de nombreuses pathologies professionnelles qui représentent la 2e cause de maladies professionnelles en France.

Quels peuvent être les impacts pour la santé ?

Le risque chimique est responsable d’allergies, d’asphyxies, d’intoxications chroniques ou aiguës avec des effets plus ou moins graves. Une exposition pendant des années, même à faible dose, peut causer des pathologies longtemps après l’exposition. Les agents dits CMR (Cancérogène, Mutagène et Reprotoxique) désignent ainsi des substances chimiques à effets différés : cancers, mutations génétiques, stérilités…

Comment prévenir ce risque ?

Les entreprises doivent mettre en place des mesures pour éviter les expositions de leurs salariés à ces risques ou au moins les réduire à leur niveau le plus bas possible. « L’évaluation des risques est le préalable de toute démarche de prévention des risques chimiques. Bien menée, elle doit permettre de construire un plan d'actions de prévention. Elle doit être renouvelée régulièrement et, notamment, à chaque modification importante des processus de travail », explique Michèle Guimon, responsable du pôle risques chimiques à l'INRS.

En mars 2021, l’Assurance Maladie - Risques professionnels a relancé le programme Risques Chimiques Pros pour aider les entreprises à évaluer leurs risques et à planifier et suivre leurs actions engagées. L’objectif au terme du parcours accessible depuis un espace privé sur www.ameli.risqueschimiquespros.fr, est d’intégrer la prévention des risques chimiques dans l’organisation de l’entreprise. Pour mettre en place cette démarche de prévention, les PME (de moins de 50 salariés) peuvent en outre percevoir deux nouvelles subventions : « Risques Chimiques Pros Équipements » et « Risques Chimiques Pros Peinture en Menuiserie ».

« Comme toute démarche permettant d’améliorer les conditions de travail des salariés, la prévention des risques chimiques professionnels est collective, explique Mickaël Guihéneuf, ingénieur conseil au département prévention de l’Assurance Maladie - Risques professionnels. C’est à l’employeur de l’initier mais les salariés et les représentants du personnel ont un rôle primordial dans sa mise en œuvre parce qu’ils sont au plus près de la réalisation du travail. Ils doivent être consultés et être force de proposition pour mettre en place des mesures de prévention réduisant leur exposition à des produits chimiques dangereux sans entraver la bonne exécution de leur travail. Des solutions existent, nous sommes là pour aider les entreprises à les mettre en œuvre. »

Comment évalue-t-on le risque ?

Le risque chimique est évalué en 4 étapes :

  • Repérer les produits et répertorier leurs dangers dans un inventaire
  • Analyser leur mise en œuvre pour évaluer les conditions d’exposition
  • Hiérarchiser les risques par priorités d’action
  • Élaborer un plan d’action

Comment doit-on agir ?

Par ordre de priorité, il faut :

  • Éviter le risque
  • Supprimer le danger quand c’est possible
  • Substituer aux produits dangereux pour la santé d’autres qui le sont moins
  • Réduire les quantités de produits chimiques utilisés
  • Réduire le nombre de salariés exposés ou encore la durée des expositions par des mesures organisationnelles ou techniques (encoffrement, captage à la source des émissions, ventilation…) de protection collective
  • Prendre des mesures de protection individuelle (gants, masques, lunettes, combinaisons…)
  • Informer et former les salariés sur les risques et leur prévention

Les symboles de danger à connaître 

Risque d’explosion au contact d’une flamme, d’une étincelle, d’électricité statique, sous l’effet de la chaleur, d’un choc ou de frottements…

 

 

Risque d’inflammation au contact d’une flamme, d’une étincelle, d’électricité statique, sous l’effet de la chaleur, d’un choc ou de frottements…

 

 

Risque de provoquer ou d’aggraver un incendie s’il est en contact avec un produit inflammable.

 

 

Risque d’explosion d’un gaz sous pression sous l’effet de la chaleur.

 

 

Risque de corrosion de la peau ou des yeux et des matériaux en cas de projection.

 

 

Risque d’empoisonnement rapide même à faible dose en cas d’ingestion, d’inhalation ou de contact avec la peau.

 

 

Risque (à forte dose) d’irritation (peau, yeux, voies respiratoires), somnolences ou vertiges, allergies cutanées. Risque pour la couche d’ozone.

 

 

Risque important pour la santé : cancers, difficultés et allergies respiratoires, modification de l’ADN, dysfonctionnement de certains organes, problèmes de fertilité ou de développement du fœtus.

 

 

Risque d’effets néfastes pour les organismes des milieux aquatiques.

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