Près de 385 000 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués en 2018 selon Santé publique France. « Or, contrairement aux a priori, le cancer ne touche pas que les personnes d’un certain âge, explique Karine Chossinand, coach et intervenante à la Maison des patients et des proches de l’Institut Curie* (92). La majorité des patients que j’accompagne ont entre 35 et 45 ans, et il y a même des jeunes de moins de 30 ans, qui sont à la fin de leurs études ou à la recherche de leur premier job ».
Souvent, l’annonce d’un cancer provoque incompréhension, colère, tristesse, sentiment d’injustice… ce qui entraîne une multitude de questions. « On se demande combien de temps on pourra continuer à travailler et dans quelles conditions, mais il n’y a pas une seule réponse. Si le corps médical débute le traitement le plus vite possible, la durée de l’arrêt varie en fonction de la pathologie. Elle varie aussi en fonction de la fatigue qui n’est pas la même que l’on subisse une chirurgie exclusive ou bien de la chimiothérapie associée à de la radiothérapie », précise-t-elle.
La bonne nouvelle, en revanche, c’est que grâce aux progrès de la médecine, les traitements ont amélioré l’espérance et la qualité de vie des malades. « C’est une donnée nouvelle sur laquelle il faut insister : aujourd’hui on meurt moins du cancer ! Et d’après l’Institut national du cancer, plus de 80 % des malades reprennent une activité dans les deux ans qui suivent le diagnostic », constate Nathalie Vallet-Renart, cofondatrice et directrice générale de l’association Entreprise et cancer, dont la mission est de favoriser le maintien et le retour au travail des personnes touchées par un cancer.
Les patients peuvent donc envisager, sous quelques mois, de reprendre une activité professionnelle. Mais on ne reprend pas le travail comme si de rien était. Si dès l’arrêt du traitement, les malades perçoivent le retour au travail comme une évidence, il leur est souvent difficile de reprendre leur vie comme avant. « Après un cancer, on n’est plus capable de travailler autant et au même rythme qu’auparavant », poursuit Nathalie Vallet-Renart. Fatigue, difficultés à se concentrer… d’après l’Institut national du cancer, deux tiers des malades souffrent de séquelles dues au cancer ou aux traitements, dans les cinq ans qui suivent le diagnostic.
Pour réussir le retour au travail sans s’épuiser physiquement et moralement, la reprise doit être progressive. Elle peut passer par un temps partiel thérapeutique ou bien un aménagement de poste par exemple. Se faire accompagner est une nécessité. Alors, à qui s’adresser ?
Le statut de travailleur handicapé est protecteur. La plupart des salariés n’osent pas en faire la demande à leur retour dans l’entreprise suite à un cancer. Et c’est souvent par méconnaissance ou par volonté de ne pas apparaître comme porteurs d’un handicap. Or ce dispositif, qui peut être temporaire et durer seulement le temps que le salarié soit complètement remis (un an, deux ans, cinq ans…), permet d’adapter ses conditions de travail à son état de santé. Ce statut peut par exemple permettre de bénéficier d’un fauteuil adapté au travail, ou encore d’un poste aménagé.
*L’institut Curie est une fondation reconnue d’utilité publique depuis 1921, qui travaille autour de la recherche, des soins, de la conservation et de la transmission des savoirs dans le domaine du cancer.